CHAPITRE III
De l'origine et progrès de la dévotion de l'esclavage de la sainte Mère de Dieu
(...) Il dit de plus, qu'elle fait un nouvel ordre dans tous les ordres de la puissance et sagesse de Dieu, ordre suréminent à tous les ordres de la grâce et de la gloire, ordre tout singulier qui fait et porte un nouvel empire sur les ordres de Dieu, ordre conjoint à l'ordre et à l'état de l'union hypostatique.
Mais c'est tout dire, qu'elle est la digne Mère de son créateur, et l'on ne peut rien avancer de plus grand pour marquer sa souveraineté, que de faire voir que Dieu le souverain de toutes choses lui a été sujet.
Ces grandeurs, qui renferment, selon le Docteur angélique, une dignité presque infinie, méritent les services de toutes les créatures : mais c'est Dieu seul qui en est la source et l'unique cause, et elles se doivent terminer à son honneur et à sa gloire. Le cardinal Pierre Damien, qui ne respirait que l'honneur et l'amour de la Mère de Dieu, assure que le précieux et incomparable coeur de la divine Marie est le lieu des plus chastes et innocents plaisirs du sacré époux ; que c'est dans ce coeur très heureux qu'il a fait comme un amas de tous les plaisirs et délices dont le Saint-Esprit parle avec admiration, qu'il est le lieu de son repos.
Puis il demande si le Très-Haut a trouvé son plaisir dans les anges, et il répond qu'il y a rencontré des défauts. Pensez-vous, poursuit-il, que ce soit parmi les astres, dont les uns seront changés en sang, et les autres tomberont du ciel, ou bien dans l'élément du feu, ou au milieu des airs et des vents ? Non, réplique-t-il, parce qu'il est écrit que le Seigneur n'habite pas dans le bruit et les habitations de ces choses.
Ce n'est pas non plus dans les eaux qui sont sujettes aux tempêtes, ni en une terre qui porte la malédiction d'Adam : il n'y a que le divin coeur de la très chaste Vierge, où Dieu repose sans y trouver la moindre chose qui lui déplaise, parce que ce très pur coeur n'a jamais été ouvert qu'à Dieu seul, et a toujours été fermé à toutes les créatures. Dieu seul, Dieu seul est le fondement unique de toutes ses élévations les plus glorieuses, et de toutes ses grandeurs presque infinies.
CHAPITRE V
De l'excellence de la dévotion du saint esclavage de la sainte Vierge
On ne peut concevoir rien de plus grand en ce monde que la qualité de serviteurs de Dieu : les plus méchants hommes du monde n'ont pas assez d'impiété pour ne pas révérer une qualité si glorieuse : les chaînes, les servitudes, la pauvreté, les tourments, et toutes les choses les plus horribles, quand elles arrivent pour le service de Dieu, ont une image d'honneur et de beauté qui les fait souhaiter, et qui est capable de donner quelque envie aux bienheureux.
Les saints ont toujours pensé que la souveraine gloire est d'être dans l'infamie pour la gloire de Dieu : et il est bien certain que l'honneur du service de Dieu est un honneur extrême, puisqu'il rend illustres et glorieuses les choses les plus honteuses et les plus infâmes qui soient au monde, comme les prisons et les fers. Servir à Dieu, c'est être roi, même c'est être plus que roi : aussi voyons-nous que les rois respectent l'ombre des serviteurs de Dieu, ils honorent leurs cendres, et se tiennent heureux d'avoir la moindre part en leurs prières.
La grâce du service de Dieu est le présent le plus magnifique dont le ciel nous puisse faire part, les couronnes et les empires se donnent souvent à ceux que Dieu déteste, et qui seront damnés, mais cette grâce ne s'accorde qu'à ceux pour qui un Dieu en mourant a eu de plus douces et de plus fortes inclinations d’amour. Tous ces empereurs des Turcs avec toutes leurs grandeurs serviront, pour parler le langage de l'Écriture, d'escabeau aux pieds de ceux qui ont été au service de Dieu, quoiqu'en ce monde ils aient paru comme l'ordure et la balayure de la terre ; et ces gens qui passaient pour des fous et insensés aux yeux des prudents et des sages du siècle, jugeront les nations, commanderont aux peuples, et auront un empire qui ne finira jamais.
Dieu se plaît même quelquefois à faire paraître leur gloire dès cette vie, en leur donnant des pouvoirs sur des choses qui ne reconnaissent en rien l'autorité des puissances du monde, comme les maladies, les éléments. (...)
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde