Bonjour jejomau,

Je vous prie de bien vouloir m'excuser pour cette réponse tardive à votre message, mais j'ai été très occupé.

La peur de déplaire aux non catholiques n'est pas la seule raison pour laquelle il y aujourd'hui une telle autocensure, depuis l'intérieur de l'Eglise catholique.

Il y a des catholiques qui considèrent aujourd'hui qu'il est "dangereux" d'avoir un regard et de tenir un discours catholiques en plénitude, donc nécessairement courageux et potentiellement dissensuels, en présence de certaines conceptions, convictions, réflexions ou traditions porteuses d'erreurs ou propices à l'erreur, dans le domaine de la foi ou dans celui des moeurs.

Mais d'autres catholiques, ou les mêmes catholiques, considèrent aujourd'hui qu'il est "dépassé" d'avoir un tel regard et de tenir un tel discours, pleinement catholiques, en présence de ces conceptions, de ces convictions, etc.

Oui, vraiment, pour bon nombre de catholiques, il est considéré comme "dépassé", par "l'évolution des mentalités", d'avoir des conceptions et des convictions catholiques non seulement orthodoxes et réalistes, mais aussi à contre-courant, face à la mentalité qui légitime presque toutes les conceptions, presque toutes les convictions, sauf les conceptions et les convictions catholiques qui sont à la fois orthodoxes, réalistes, et à contre-courant.

Et d'autres catholiques, ou les mêmes catholiques, considèrent aujourd'hui

- qu'il est "authentiquement évangélique", ou "profondément chrétien", d'avoir de bonnes relations avec les conceptions de presque tout le monde, ou d'être en bons termes avec les convictions de presque tout le monde,

- que tout catholique un tant soit peu vigilant et résistant, face à telles erreurs, sur Dieu, sur l'Eglise, sur l'homme, sur le monde, est à la fois intransigeant et intolérant.

La peur de déplaire ou de déranger n'explique donc pas tout, dans la mesure où cette peur est combinée avec une adhésion globale à la vision d'après laquelle il n'est pas inspiré par Jésus-Christ de dire à la fois "oui, bien sûr", à Jésus-Christ, ET "non, bien sûr", aux erreurs sur Dieu et à l'esprit du monde.

En fait, sans autocensure iréniste, depuis l'intérieur de l'Eglise, il ne peut y avoir d'unanimisme, vers l'extérieur de l'Eglise, or nous sommes en présence de catholiques qui considèrent assez souvent que l'oecuménisme unanimiste auquel ils adhèrent est prescrit par Dieu, ou est voulu par Lui, donc l'autocensure iréniste apparaît fréquemment comme "le prix à payer", pour que cet oecuménisme unanimiste puisse se manifester dans les relations avec les confessions non catholiques, avec les religions non chrétiennes, etc.

Bonne journée.

Scrutator.

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