DIEU SEUL ou LE SAINT ESCLAVAGE DE L'ADMIRABLE MÈRE DE DIEU
CHAPITRE II
Ce que c'est que la dévotion du saint esclavage de la Mère de Dieu
(...) C'est ici que l'on peut remarquer la différence des serviteurs de la Mère de Dieu, et de ses esclaves. Le serviteur a de certains moments où il se repose, où il n'agit pas pour son maître, où il peut travailler pour lui : l'esclave agit en toute sorte de temps et de choses pour son seigneur.
Le serviteur peut changer de condition, l'esclave y demeure toujours engagé. Le serviteur peut acquérir du bien de ses gages ; tout l'argent de l'esclave, tous les intérêts qu'il en peut tirer, tout ce qu'il en peut acheter est à son maître.
Si le serviteur a des enfants, il en peut disposer : les enfants de l'esclave sont au pouvoir du maître, et sa propre vie même.
Ces différences font assez voir qu'il n'y a point de dévotion qui nous engage au service de la Mère de Dieu comme celle de l'esclavage, puisque de toutes les servitudes, il n'y a que l'esclavage qui ôte la liberté ; et elles donnent beaucoup de lumières de la condition des personnes qui sont véritablement esclaves de la reine du ciel, et qui le sont par état et non-seulement par paroles, ou par quelques marques extérieures.
Écoutez donc, dit le Saint-Esprit en l'Ecclésiastique (VI, 24-26), écoutez, mon fils, un sage conseil que je veux vous donner, et ne cessez jamais d'en faire état, mettez-vous ses fers aux pieds et son collier au cou, et n'ayez point de difficulté à porter ses chaînes.
Ce Dieu d'amour désire que nous lui soyons attachés sans réserve ; c'est pourquoi il veut que nous en portions les marques aux principales parties de notre corps, afin qu'il n'y ait rien en nous qui ne soit à son service.
Faisons-lui servir notre tête, l'inclinant dévotement, ou la découvrant à la rencontre de ses images ; les cheveux, en retranchant le soin que la vanité en donne ; les oreilles, les fermant aux entretiens peu honnêtes ; aux paroles équivoques, aux chansons mondaines, aux discours inutiles ; les yeux, en les détournant des objets sensuels ; les lèvres, en baisant avec respect ses saintes images ; la langue et la bouche, en s'abstenant, et mortifiant le goût, et parlant de ses grandeurs ; les bras et les mains, en travaillant pour elle, donnant l'aumône, ornant ses temples et chapelles, ne les souillant par aucune impureté ; les genoux par des révérences et génuflexions ; les pieds, allant visiter les lieux dédiés à Dieu en son honneur.
Il est bien juste que nous servions cette grande reine en toutes les manières possibles, non seulement parce que ses grandeurs l'exigent, mais encore à raison de ses bontés incomparables, qui l'ont obligée amoureusement de nous rendre des services, qui feront l'étonnement de toute l'éternité bienheureuse.
Elle nous a servis de toute son âme par l'abondance de ses grâces, dont ayant été plus que pleine, dit le dévot saint Bernard, elle a regorgé heureusement sur tous les fidèles ; de son corps en ayant donné la matière au Verbe incréé en l'incarnation ; de son coeur précieux par la foi, ce qui a donné le commencement à notre salut ; de sa tête, l'ayant tant de fois inclinée devant la majesté de Dieu pour nous en obtenir les Miséricordes ; de ses cheveux dont elle a blessé le coeur du divin Époux pour l'attirer en notre terre. (...)
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde