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Disparition programmée de la chrétienté catholique française
par Jean Kinzler 2018-12-06 20:53:34
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Raphaël Delpard -Disparition programmée de la chrétienté catholique française

Avec la réécriture de la loi de 1905, instituant la séparation des Églises et de l’État, nous allons assister à la dernière bataille menée par les Jacobins depuis 1791 et, cette fois, il y a fort à parier que la victoire finale sera dans leur camp.
Contrairement aux idées reçues et véhiculées depuis trois siècles, la Révolution française n’est pas née à cause de gens qui mourraient de faim. Elle fut le résultat d’une opération magnifiquement menée par un groupe de bourgeois, nommé « le Club des Jacobins ». Il tire son appellation du fait que les conspirateurs se réunissaient au couvent des Jacobins de la rue Saint Honoré à Paris. Une salle leur était louée. C’est dans ce lieu qu’est né et que s’est fortifié le projet d’effacer les catholiques en France qui, selon eux, avaient trop de pouvoir. Ceci est dit d’une façon simpliste, mais reflète brièvement la réalité.
Ce qui fait que, depuis trois siècles, deux France se livrent un combat souterrain, lequel fut parfois empreint d’une telle violence qu’il a fallu trouver un terrain d’entente, dont la loi de 1905 en est le consensus. Disons au passage que les catholiques ont vu leurs biens volés par les Révolutionnaires, et que le concordat de 1801 n’a pas compensé les sacrifices qu’ils ont consentis durant des siècles et dont les revenus assuraient les dépenses du fonctionnement de l’Église : éducation et actions de solidarité en direction des plus démunis, etc.

Or, disais-je, nous avons deux pays, l’un en face de l’autre. La France charnelle qui tire ses racines de la celtitude dont l’expression religieuse majoritaire est le catholicisme, et dont la culture, comme le clamait Charles de Gaulle, est grecque et latine. En face, une France jacobine qui, mettant ses pas dans la Révolution anglaise de 1688-1689, et nourrie de la philosophie du Grand Orient, décide que l’État est tout, que les religions doivent être invisibles dans l’espace public, et que la République est la France. Depuis trois siècles, les Français ignorent qu’ils ne vivent pas en France, mais en République. Là encore ceci est une simplification.

Emmanuel Macron décide de modifier une poignée d’articles de la loi de 1905. Le prétexte avancé est de permettre de rendre l’islam crédible et de l’inscrire dans le paysage national. Nul n’est dupe des intentions du président français. Il s’agit de faire accepter définitivement l’islam aux Français comme allant de soi. Que celui-ci ne soit ni étonné ni agacé de voir s’élever des mosquées avec des minarets dépassant le clocher des églises, de croiser dans la rue des femmes avec le visage dissimulé sous un voile.

Sans entrer dans le détail des articles qui seront réécrits, faisons malgré tout deux observations. La première est le bricolage habituel du politique français qui privilégie le cadre au détriment du fond. Il est question d’une meilleure visibilité du fonctionnement des mosquées, mais pas un mot sur le fait que les prêches continueront d’être dits en arabe, et que les sourates appelant à la mort des juifs, des chrétiens, et de tout ce qui n’est pas musulman, ne seront pas modifiées. La deuxième observation est de constater que les catholiques vont se trouver marginalisés et jusqu’à leur effacement de l’espace public. Le gommage va se poursuivre avec intensité. Vont reprendre les bagarres avec les crèches et les expressions relevant du calendrier chrétien, etc. C’est l’objectif de Macron et d’Édouard Philippe. Tous deux sont jacobins et pour Macron fortement mondialiste.

Je sillonne la France depuis un an avec mon film documentaire sur la persécution des chrétiens aujourd’hui dans le monde*. Le public qui me fait l’honneur de venir aux séances est majoritairement chrétien et à chaque fois ne manque jamais de s’étonner qu’un non chrétien puisse prendre la défense de ceux des leurs qui sont persécutés en raison de leur foi.
Les débats qui suivent la projection me donnent la mesure du désarroi des catholiques, et je peux dire, hélas, sans beaucoup me tromper, qu’ils ne sont pas prêts à affronter le combat qui les attend. Comme l’écrit Jean-Marie Guénois, dans la livraison de la Revue des Deux Mondes de décembre 2018 et janvier 2019: « Car la crise qui sévit dans l’Église catholique est un ouragan qui la secoue et accumule plusieurs facteurs aggravants, qui en démultiplient la puissance. »

Je classe les catholiques de la façon suivante. Classement qui est le résultat de mes observations donc sujet à caution :
– Ceux qui sont dans la béatitude et l’émerveillement des Évangiles. La réalité ne les atteint pas. Ils sont, disent-ils, dans la main de Dieu. Ce qui signifie que Dieu réglera le problème ; si problème il y a ;

– Ceux qui sentent que quelque chose tangue mais, démunis, désorientés, et en état de sidération, ils ne savent comment s’engager. De quelle façon peuvent-ils combattre? « Comment s’y prendre ? » est la question récurrente qui m’est posée ;
– Ceux qui, comme les précédents, voient les problèmes, notamment la chrétienté catholique que l’on gomme par touches successives du paysage national, mais craignent la hiérarchie, tout en la contestant à mots bas.

Si nous élargissons notre regard, nous ne pouvons pas éviter le Vatican. C’est là que réside une partie importante du problème. Ouverture à la modernité et lutte puissante de la curie contre les velléités des papes qui regarderaient d’une façon insistante en faveur des ouvertures. Benoît XVI en a fait les frais. Il a essayé d’unir les modernes avec les autres. Pour comprendre les jeux mortifères qui se jouent dans l’enclave des 40 hectares du Vatican, il faut se rappeler que la curie est le fonctionnement administratif – les technocrates – de la papauté. Et tous les membres sont italiens. « Cette technocratie en soutane se charge d’assurer la constance de l’institution face à d’éventuelles excentricités papales. Le Vatican est sa chose. » écrit Jean-Marie Guénois.

Nous comprenons donc que tout ce qui pourrait déroger au fonctionnement est combattu avec violence par les membres de la curie. Et nous comprenons aussi que rien ne peut être fait qui permettrait de moderniser cette institution qui apparaît de plus en plus comme habitant un autre temps.

La vague la plus violente et la plus destructrice est sans conteste les révélations de pédophilie à laquelle il convient certainement d’ajouter le silence du pape, des évêques et des cardinaux. Comment les membres de l’Église ont-ils pu garder le silence et camoufler la vérité ? L’effet est délétère. Affaiblissant l’autorité et assourdissant le message à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Église. Si bien que le chrétien, s’il reste ferme dans sa foi, le catholique en lui est pris de doute. Et plus que jamais, la phrase terrible d’Alfred Loisy, qui fut excommunié, frappe le chrétien dans la vision qu’il a de la réalité des hommes, fussent-ils prêtres ou simples observants : « Jésus annonçait le royaume et c’est l’Église qui est venue. »

L’attitude des évêques de France m’entraîne à penser que la hiérarchie ne va pas combattre la réécriture des articles de la loi de 1905 mais chercher des accommodements avec le politique et avec l’islam.
En France, un prêtre, le Père Hamel, a été égorgé en plein jour, et cela pendant un office. Avons-nous vu les rues noircies de catholiques crier à plein poumons: « En France on n’égorge pas un prêtre. » Si cela avait eu lieu, j’aurais ajouté : « En France on n’égorge personne. »

Il y a trois siècles et des poussières, des hommes ont décidé de rendre inaudible les catholiques, parce qu’ils estimaient que leur pouvoir était trop grand. Il me semble qu’aujourd’hui, ils ont les cartes en main pour réussir et enfin assurer la victoire de la France jacobine.

Raphaël Delpard

– Jean-Marie Guénois, spécialiste du Vatican, est rédacteur en chef au Figaro. Dernier ouvrage publié : Jusqu’où ira François ? divorcés, remariés, réforme du Vatican, anticapitalisme… (éditions Lattès 2014)

*On peut acheter le DVD du film : « La persécution des chrétiens aujourd’hui dans le monde ». Il suffit d’envoyer un chèque de 12 € à l’adresse suivante :
Tapis Franc productions
17 bis, rue du Château
80540 Saint Aubin Montenoy
RL

     

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