L’œcuménisme en Révolution (2) : La polémique antiprotestante aux origines de l’argumentaire réfractaire par Peregrinus 2018-11-25 14:45:16 |
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L’œcuménisme en Révolution (1) : Introduction
<b>L’œcuménisme en Révolution (2) : La polémique antiprotestante aux origines de l’argumentaire réfractaire</b>
Dès les débats du printemps 1790 à l’Assemblée Nationale Constituante sur le projet de décret portant Constitution civile du clergé de France, les écrits des adversaires de la réforme ecclésiastique empruntent largement à la controverse antiprotestante. Ces emprunts n’ont rien d’étonnant. En effet, la lutte contre les doctrines protestantes occupe une place essentielle dans l’œuvre des écrivains ecclésiastiques qui font autorité dans l’Église gallicane, à commencer par Bossuet (1) ; elle est le principal front de l’apologétique catholique jusqu’à la réorientation imposée dans les années 1770 par les attaques antireligieuses des Lumières (2). De plus, les innovations du décret du 12 juillet 1790 affectent principalement l’ecclésiologie, devenue à l’époque de la Réforme catholique une partie de l’apologétique destinée à identifier grâce à ses notes, contre les erreurs protestantes, la véritable Église du Christ (3).
C’est essentiellement sur les argumentaires antérieures à l’adoption de la Constitution civile le 12 juillet 1790 que portera cet épisode : en effet, les raisonnements exposés à cette époque sont constamment repris par la suite et constituent le fondement des futures positions réfractaires. Si le grand discours fort modéré de Mgr de Boisgelin, archevêque d’Aix, fait peu de place à la controverse antiprotestante, il n’en est pas de même de celui l’abbé Goulard, curé de Roanne et député du Forez. Goulard récuse l’ambition affirmée par Martineau, rapporteur du projet de loi, de ramener l’Église à sa pureté primitive, qui revient en réalité à opérer un tri arbitraire dans la discipline des premiers temps.
C’est en partant du même principe que Luther a commencé sa réforme, qu’il a supprimé les messes privées, supprimé les habits sacerdotaux, supprimé les cérémonies publiques de religion, changé les prières de l’église, introduit des rits nouveaux. Il avoit vu des prêtres mariés au commencement de l’église, il n’y avoit point vu de vœux solemnels de religion ; en conséquence, il abolit tous les monastères, il décida que le vœu de chasteté étoit contraire à la loi de Dieu, et il se maria avec une religieuse. Après qu’un ecclésiastique [Sieyès], un grand vicaire, s’est permis d’enseigner publiquement, dans un projet de réforme, que le vœu de chasteté étoit un vœu anti-social, et par conséquent nul, nous devons nous attendre tous les jours à voir parmi nous des imitateurs de cet hérésiarque (4).
Ainsi vit-on l’hérésie de Luther, sous l’apparence de corriger les maux de l’église, la diviser, porter la désolation dans l’Allemagne, se diviser ensuite en une multitude d’autres sectes, renouveller les mêmes horreurs en Angleterre, en France, en Hollande, sans être jamais stable, parce qu’elle n’a plus de centre de gouvernement ; parce qu’elle ne connoît plus d’autorité visible capable de réprimer les innovations de l’esprit humain, ainsi que Bossuet et tous les controversistes l’ont démontré aux protestans (6).
Tant que nous serons catholiques, nous vous dirons, malgré Luther, malgré Calvin, malgré Richer, la puissance civile est nulle, quand il s’agit de jurisdiction spirituelle (7).
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