Encore une fixette me dira-t-on !

J'ai assisté en février 2016, un lundi soir frisquet, dans l'église St-Patern d'Orléans, à une soirée organisée par l'Aide à l'Eglise en Détresse. L'église où l'abbé Fumery a été baptisé et dans laquelle il a reçu ses funérailles, était pleine.

Ont témoigné Mgr Jean-Clément Jeanbart, archevêque d'Alep, et le président de la conférence des évêques du Pakistan. Mrg Jeanbart a dit qu'il devait toute son éducation à des prêtres français, au Liban je crois. Les deux s'exprimaient dans un merveilleux français. J'ai alors appris que 10 % des Pakistanais sont catholiques (les Pakis du Loiret sont en revanche bien à 100 % d'une autre religion et les flux fonctionnent assez bien... ; j'aurais bien voulu que Mgr B. invite un Pakistanais d'Orléans pour dire ce qu'il pense de la soirée... mais comme écrit Luc Perrin au sujet des affaires américaines : chut-chut).
Mgr Jeanbart nous a parlé d'un ami archéologue, je crois musulman, spécialiste de Palmyre (mais je peux me tromper), qui, octogénaire, a été pris et égorgé.
Si j'avais pu embrasser les mains de ces évêques et me faire bénir par eux...

Leurs paroles furent lancées dans un silence infiniment respectueux. Nous étions, je crois, honteux de notre propre indifférence (entendez ce que je veux dire) pour nos frères d'Orient.
L'évêque pakistanais nous objurguait de réveiller notre président et nos élus. Il appelait à l'aide, comme un désespéré peut appeler. Il nous a bien expliqué qu'une simple accusation pouvait menacer de mort une famille catholique dans un village ou un quartier. Il lui fallait déménager en quelques heures.
Le tweet - quelle horreur ! - de soutien de Mme Schiapp* a dû aller droit au coeur de Mme Asia Bibi...

Quel rapport avec Mgr B. ?

Mgr était d'abord présent, ce qui est normal quand deux évêques sont dans sa cité, pardon, dans la préfecture du Loiret.
Je puis témoigner de la gêne de l'évêque, qui murmura et bredouilla. Si nos frères musulmans français ou étrangers en France avaient entendu les deux évêques, que vont-ils penser ? Si la presse est là, que va-t-elle penser de ma tolérance ? Les gens vont croire que je monte les communautés les unes contre les autres, etc.
Je n'avais alors strictement rien à reprocher à mon évêque, mais absolument rien.
Or cette gêne était plus que palpable.

Ma fille qui n'avait pas neuf ans et moi étions stupéfaits par le contraste entre deux évêques qui donnaient de la voix avec des paroles surnaturelles, et un troisième qui y allait "mollo" (j'ai cherché une expression en-deça de ce que je voudrais écrire...).

J'imagine assez bien le café embarrassé qui put suivre le lendemain à l'évêché : "vous savez, ici en France, c'est plus compliqué que chez vous... vous savez, nos frères mus*** vivent avec nous, à nos côtés, nous dialoguons, ça va, ça va".

J'avais honte de la France ce soir-là (nos gouvernants, et nous aussi quelque part) et mes yeux étaient mouillés.
Et puis une heure après, je suis reparti dans le train-train quotidien, toute honte bue.

Le cardinal Barbarin est allé en Orient, lui. Je crois même qu'il a promis de réciter le Pater dans je ne sais quelle langue en signe de communion.

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