Je veux bien croire que, d'après cette tribune, Mgr Barbarin n'ait pas couvert d'actes pédophiles. Toutefois, pourquoi a-t-il laissé pendant des années B. Preynat dans une telle impunité ?

En effet, le témoignage reproduit ci-après me fait penser que le traitement charismatico-psychologico-optimiste de l'affaire Preynat, du moins au début, n'a pas été à la hauteur, c'est le moins que l'on puisse dire... Le traitement du "départ" (doux euphémisme) de l'abbé Gréa l'a-t-il été, d'ailleurs ?

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LA DÉPÊCHE, 23 avril 2016

Lyon : Barbarin voulait-il étouffer l'affaire Preynat?


Le cardinal Barbarin mis à mal par les courriers rendus publics par Alexandre Dussot, une victime présumée du père Preynat. /Photo DDM

« Jamais, jamais, jamais je n'ai couvert le moindre acte de pédophilie. Couvrir les péchés, les drames, les crimes d'un prêtre, jamais ». Voilà ce que déclarait, le 15 mars dernier, le cardinal Barbarin, le primat des Gaules, alors que le scandale de pédophilie touchant le père Preynat, un prêtre de son diocèse, était révélé à l'opinion publique.

Pourtant, cette déclaration est mise à mal, au regard des dates de la correspondance qu'il a entretenue avec une victime présumée : Alexandre Dussot, 42 ans, qui aurait été agressé à l'âge de 9 ans par le père Preynat, vient de rendre public cette correspondance.

En juillet 2014, apprenant que le religieux est toujours en vie, Il décide d'adresser un mail à Monseigneur Barbarin pour lui faire part de ce qu'il a subi. « Dans ce courrier, je lui ai fait un témoignage assez détaillé pour lui expliquer ce qu'il en était quant à ce prêtre (Preynat) et que ça pouvait être un danger pour les enfants encore maintenant », relate Alexandre Dussot.

Dès le lendemain, le cardinal lui répond : « Terrible témoignage. Merci de vous êtes adressé à nous avec confiance. Que le Seigneur nous éclaire sur la bonne manière d'agir ».

Le pape intervient

Il dirige Alexandre Dussot vers Régine Maire, une psychologue, membre du conseil épiscopal de Lyon. Cette femme, une proche de Barbarin, lui propose une rencontre avec le père Preynat. Une entrevue dite de « guérison et de pardon ».

Alexandre Dussot accepte et ce rendez-vous a lieu le 14 octobre. « Je lui ai exposé ce qu'il m'avait fait. Il a dit oui, oui, bien sûr, ça s'est passé. Et j'ai compris que je n'étais pas un cas isolé et qu'il avait agressé sexuellement pendant 15 à 20 ans des enfants. Il l'a reconnu devant moi et Régine Maire ».

Deux jours plus tard, Régine Maire lui adresse un mail : « J'espère que cette rencontre a eu pour vous un goût de paix et de guérison d'un passé douloureux qui laissera toujours une cicatrice, certes, mais qui avec la grâce se ferme si… nous ne la grattons pas trop ».

Le diocèse semble donc vouloir clore le dossier. Mais Alexandre ne veut pas en rester là. Malgré plusieurs nouveaux mails au cardinal Barbarin, le père Preynat conserve ses ministères. C'est finalement le courrier qu'il adresse au pape, en avril 2015, qui conduira le primat à réagir, sur demande du Vatican, et à retirer au père Preynat, en août 2015, toute activité comportant des contacts avec des mineurs, jusqu'à ce que Rome statue sur sa situation.

Guillaume Atchouel

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