CHAPITRE III
La voie de la croix est le grand chemin royal de la bienheureuse éternité
(...) Ces routes de goût même spirituelles, sont bien dangereuses ; car l'on y prend facilement le change. Quoiqu'on y puisse aller à Dieu, et qu'on y aille, on est souvent tout surpris de voir que, sans y penser, on se trouve dans le chemin de la nature, au lieu de la voie de la grâce.
Les douceurs sensibles provenant de la grâce, les consolations qui arrivent par les satisfactions que l'on a en cette vie, et qui sont innocentes, sont de petits chemins écartés qui peuvent mener au ciel, mais ces petits sentiers vont à travers les terres ; de temps en temps on a de la peine à les découvrir, quelquefois ils manquent, et on ne sait où l'on en est.
On se trouve toujours embarrassé par mille détours qu'ils obligent de faire. Il faut souvent frapper aux portes, et crier pour demander le chemin, et pour savoir si l'on n'est pas égaré ; sans cesse il faut avoir de l'attention, autrement on s'égare.
Mais dans le grand chemin royal de la croix, il ne faut que marcher, il n'y a qu'à suivre ; un aveugle le tiendrait sans s'égarer, y allant au bruit de ceux qui y marchent. C'est une chose inutile que d'y demander des adresses : il n'y a personne de ceux qui en sont instruits qui ne réponde : Vous n'avez que faire de vous mettre en peine, il n'y a qu'à aller tout droit ; vous ne sauriez jamais manquer, à moins que de plein gré vous ne vouliez quitter ce grand chemin de la croix, pour prendre des sentiers de goûts et de consolations.
Au reste il ne faut pas se troubler, si cette voie paraît fâcheuse à la vue ; il est vrai qu'il y a quantité d'eau à passer, mais le fond en est bon, l'on y marche à pied ferme, il n'y a rien à craindre.
Celui qui voudrait s'en détourner pour aller plus à l'aise parmi les prairies couvertes de fleurs où tout est riant, n'irait pas loin sans trouver des fossés qu'il ne pourrait franchir, ou sans enfoncer tout à coup bien avant dans les terres molles, dont il ne se tirerait pas sans grande difficulté.
Le plus assuré est de tenir le grand chemin frayé par tous les saints du paradis. Il n'y a point de péril à aller par la voie du Fils de Dieu et de sa très sainte Mère.
Ô mon Sauveur, je vois vos vestiges empreints dans ce chemin, j'y remarque très clairement vos traces ; tirez-nous après vous, et ne permettez jamais que nous nous égarions dans les voies du siècle.
Nous vous demandons cette grâce et Miséricorde par votre amour et charité excessive, et par le coeur très aimant de votre aimable Mère, par tous vos anges et vos saints. Oh ! Que l'aveuglement du monde, qui ne recherche que des voies aisées, est à déplorer ! Mais que le bonheur est grand de ceux qui portent leur croix à la suite d'un Dieu incarné et de sa virginale Mère. (...)
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
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