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Le Denier des Evangiles et les Trente Deniers de Judas
par Ewondo 2018-08-06 18:40:12
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Ce 6 aout est proclamé l’Evangile de la Transfiguration. Matthieu 17,1-9 est suivi du Retour d’Elie, Matthieu 17,10-13, de la Délivrance d’un Jeune épileptique, Matthieu 17,14-21, de la Deuxième Annonce de la Passion, Matthieu 17,22-23, Du Didrachme, Matthieu 17,24-27 qui nous intéresse ici :

« Quand ils furent arrivés à Capharnaüm, ceux qui perçoivent les didrachmes s’adressèrent à Pierre en disant : « Est-ce que votre maître ne verse pas les didrachmes ? Si » dit-il. Quand il rentra à la maison, Jésus le devança et dit : « Qu’en penses-tu, Simon ? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils les taxes ou le tribut ? De leurs sujets ou des étrangers » ? Quand il eut dit : « Des étrangers », Jésus lui dit : « Par conséquent, les sujets en sont exempts. Cependant, pour ne pas les heurter, va à la mer jeter l’hameçon et le premier poisson qui montera, saisis-le et ouvre-lui la bouche : tu y trouvera un statère. Prends-le et donne-le leur pour moi et pour toi ».




Le Saint-Pierre, avec son denier caractéristique sur les flancs, est une variété de tilapia du Proche Orient.



On en sert pendant les pèlerinages en Terre Sainte sur les bords du Lac de Tibériade. Etant très amateur de poisson (les baptisés Pierre ...), je dois vous avouer qu’à mon goût, ce n’est guère fameux, cousin d'eau saumâtre du tilapia nilotica d’Afrique que nous allions pêcher avec des bonnes sœurs dans des étangs camerounais dans les années 60. Les arrêtes restent en travers de la gorge, un peu comme lorsque l'on s'acquitte de ses impôts.



De quoi s’agit-il de ces didrachmes ou statères qui en fait n’étaient pas des monnaies de l’époque, mais d’anciennes monnaies devenues des unités de compte, un peu comme mes aînés dans ma jeunesse parlaient encore de sous, cent sous était usuellement dit pour cinq francs. C’était alors des appellations courantes pour les deniers d’argent que Rome exigeait pour payer l’impôt.

Voyons ce qu’en dit Wikipédia : « Le statère (ou stater) est un terme générique désignant des monnaies antiques :
? une monnaie d'argent de la Grèce antique valant 2 ou 4 drachmes selon les régions. Elle est émise en de très nombreux types par les différentes cités grecques ;
? un étalon de la monnaie d'or valant 20 à 28 drachmes ;
? le statère était également le nom donné à des monnaies d'or de valeur analogue (ex : les dariques de Perse, les alexandres de Macédoine).
Les statères d’or ou d’électrum gaulois dérivent presque tous du même prototype : le statère d'or de Philippe II de Macédoine, rapporté en Gaule par des mercenaires gaulois, combattant pour Philippe II.
Les premières tribus à en avoir fait des imitations assez fidèles semblent être les Arvernes (Auvergne) et les Helvètes (Suisse). Au fil des années, et des imitations, les types monétaires gaulois dévièrent de plus en plus du prototype. La tête d'Apollon, présente à l'avers, devenant de plus en plus abstraite, et le bige du revers, se transformant progressivement en un seul cheval entouré de divers éléments de décomposition du reste du type : l'aurige semble voler au-dessus des chevaux, la roue se trouve entre les jambes du cheval.



Voici la pièce de Tibère : le Denier des Évangile

C’est tout à fait fortuitement que, désœuvré pendant une longue hospitalisation, j’ai trouvé lors d’une vente aux enchères se déroulant à Hong Kong, une pièce de monnaie avec l’intitulé : « The Tribute Penny of the Bible ». Intrigué, j’ai lâché un vase chinois de bronze qui m’intéressait pour cette pièce qui m’a finalement été attribuée. Il n’était pas besoin d’aller la pêcher sur les rives de la Rivières de Perles voisine du Port de Parfums, ville que j’ai beaucoup mais c’était une opération de e-commerce tout à fait virtuelle, car elle fut frappée à Lugdunum, alors capitale des Gaules :



AVERS :

Titulature avers : TI CAESAR DIVI - AVG F AVGVSTVS.
Description avers : Tête laurée de Tibère à droite (O*).
Traduction avers : “Tiberius Cæsar Divi Augusti Filius Augustus”, (Tibère César fils du divin Auguste, auguste).

REVERS :

Titulature revers : PONTIF - MAXIM.
Description revers : Pax (la Paix) ou Livie assise à droite sur un siège décoré, le pied reposant sur un tabouret, tenant une branche d'olivier de la main gauche et de la main droite, un sceptre.
Traduction revers : “Pontifex Maximus”, (Grand pontife).

COMMENTAIRE

Rubans de type 3. Comme pour le denier d'Auguste, cette pièce appartient à l'atelier impérial de Lyon et ce type de denier a circulé pendant pratiquement un siècle. Il se rencontre très souvent avec des monnaies gauloises de la phase terminale dans les fouilles archéologiques.
C’est la monnaie romaine la plus courante en Gaule pour les Julio-Claudiens. La quatrième émission se caractérise par un socle représenté par une ligne et les pieds du siège sont ornementés au revers ; au droit, les rubans de la couronne sont parallèles.


HISTORIQUE

TIBÈRE
(19/08/14-16/03/37) Tiberius Claudius Nero Auguste (14-37)


Tibère, le fils de Tiberius Claudius Nero et de Livie, est né le 16 novembre 42 avant J.-C. Son père, lieutenant de César lors de la guerre d'Alexandrie (48-47 avant J.-C.), se rallia ensuite à Antoine. Octave a enlevé Livie, la mère de Tibère, et l'épouse en 38 avant J.-C. alors qu'elle est enceinte de Néron Drusus. Pour compliquer ultérieurement l'arbre généalogique des Julio-Claudiens, Tibère dut divorcer de Vipsania pour épouser Julie, la fille d'Auguste, veuve d'Agrippa (12 avant J.-C.). Après l'avoir choisi comme héritier, Auguste lui préfère ses petits-fils et Tibère s'exile alors à Rhodes. Après une tentative de complot de Julie, Tibère divorce d'avec elle et ne la reverra jamais. En 4, Auguste adopte Tibère qui lui succède en 14. Son règne va durer 23 ans. Germanicus, qu'il n'aimait pas, meurt en 19. Il perd en 23 son fils Drusus, assassiné par sa femme, Livilla, avec l'aide du préfet du Prétoire, Séjan, son amant, qui conserve son pouvoir jusqu'en 31. Dénoncé pour ses crimes par sa belle-sœur, Antonia, Séjan est exécuté. Tibère retiré à Capri depuis l'an 27, meurt, peut-être assassiné, en 37 et son petit-neveu Caligula, arrière petit-fils d'Auguste, lui succède.

Le denier, du latin denarius (pluriel : denarii), était l'une des monnaies de base du système monétaire romain. Le mot denarius signifie aussi dizaine en latin, sa valeur initiale valant dix as (aes, aeris en latin). Il s'agissait d'une pièce d'argent, d'un poids d'environ 3 à 4 g selon les époques. Le terme de denier a survécu à la chute de l'Empire romain et a continué à être utilisé de l'époque médiévale à la Révolution française dans le cadre du système monétaire livre-sou-denier usité sous l'Ancien Régime. Le denarius est aussi la monnaie à l'origine du dinar, encore utilisé aujourd'hui en Europe en Serbie, voir Dinar serbe depuis 1214, ce qui en fait la plus vieille monnaie d'Europe, avec la Livre anglaise et dans de nombreux pays du Maghreb et du Moyen-Orient (le Dinar avait été proposé aux pays non alignés par le maréchal Tito de Yougoslavie).

Notez pour la monnaie anglaise, avant sa décimalisation en 1971, la livre, pound, notée « £ » correspond à la libra romaine, valait 20 shillings, notés « s » comme solidus (qui a donné notre sou mais aussi les mots solde et soldat), un shilling valait 12 pence (pluriel de « penny ») notés « d » comme denier. C’est ainsi que la pièce d’un denier à l’effigie de Tibère est nommée « the tribute penny of the Bible ». Il existe également en Grande-Bretagne la guinée. La guinée (en anglais guinea) est une pièce de monnaie, d'abord anglaise puis britannique, en or frappée de 1663 à 1813, puis est simplement restée (jusqu'en 1971) comme unité traditionnelle de compte valant 21 shillings, soit une livre et un shilling d'avant la décimalisation.

Il s'agit de la première pièce d'or frappée mécaniquement[1]. Originellement, sa valeur était à parité avec la livre sterling. Par la suite, son cours a varié en fonction du cours de l'or, valant jusqu'à 30 shillings, avant de se fixer à 21 shillings. Son nom provenait de la Guinée, une importante source de l'or britannique à l'époque.

Bien que ne correspondant plus à une monnaie existante, la guinée a continué d'être utilisée couramment pour exprimer certains montants, en particulier les honoraires de certaines professions libérales, les prix dans certains magasins d'articles de luxe ou dans la vente de chevaux de courses. Les prix des tableaux anciens étaient exprimés en guinées. De 1813 à 1971, elle valait une livre et un shilling, soit l'équivalent de 21 shillings ou de 252 anciens pence. Depuis 1971, année où le système monétaire britannique est passé au système décimal, elle vaut 105 (nouveaux) pence.

En France nous avions avant la Révolution de 1789 la livre, le sou et le denier. A la fin du XXème siècle, beaucoup de personnes âgées disaient encore cinq sous pour un franc ou cent sous pour la pièce de cinq francs.

LES 30 DENIERS DE JUDAS



Judas l’Iscariote est passé dans l’Histoire pour avoir livré Jésus contre monnaies sonnantes et trébuchantes. Sa réputation a été éternellement ternie pour du métal brillant. Pour quelle somme mirifique, ce damné de l’Eglise a-t-il vendu son âme au diable ? Ces 30 deniers étaient-ils l’équivalent de nos pièces de 20 Francs Or communément appelés des Napoléons ? Le cas échéant, on pourrait savoir que Jésus avait été mis à prix à près de 3900 euros, en admettant une petite prime sur le poids en or de ces pièces sous le règne de Ponce Pilate dans les années 30.
Alors que les oracles économiques nous promettent les sept plaies d’Egypte et notamment Sept années de vaches maigres, quand l’or et l’argent semblent redevenir des valeurs sûres pour préserver notre pouvoir d’achat, cette question des 30 deniers de Judas et de la valeur attribuée à la capture du Christ m’a semblé intéressante.
La réponse est des plus étonnantes et dévalorise encore ce compagnon de Jésus, le premier trésorier de la Chrétienté. En effet, Judas, l’apôtre représenté traditionnellement avec une bourse, était en charge des finances de Jésus et de ses disciples. Le denier n’est pas une pièce d’or. Quelle surprise !
Du latin, denarius, le denier était l’une des monnaies de base de l’Empire romain. Il avait cours dans la majeure partie de l’Europe, la totalité de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient et s’est perpétué jusqu’au Moyen-âge dans les Royaumes d’occident et dans de nombreux états arabes sous le nom de dinar. Cette pièce d’argent a été créée en 212 av J.-C. pour financer la deuxième guerre punique qui opposa Rome et Carthage. Dans le système monétaire bimétallique mis en place à cette époque, le denier qui titre 950 ‰ d’argent côtoyait le monnayage en bronze plus classique. A sa création, il pesait 4,51 grammes mais l’inflation monétaire aidant, il fut dévalué vers 140 avant J-C et ne pesait plus alors que 3,96 grammes d’argent.

A l’aune de cette information, Judas l’Iscariote aurait livré le Christ pour 118,8 grammes d’argent, soit près de 3,82 onces. Au cours du Comex en ce premier dimanche de l’Avent, la valorisation de cette trahison semble assez dérisoire, puisque l’once de métal blanc vaut aujourd’hui 8,03 euros.
Est-ce à dire que la tête de Jésus aurait été mise à prix 30 euros et 67 centimes. Non, je vous rassure.

Les cours actuels de l’argent sont exceptionnellement bas. Sous l’Empire romain le ratio Or/argent était de 12, contre 75 en ce moment. Au cours de l’or aujourd’hui, avec un ratio de 12, l’once d’argent vaudrait 53 euros donc le denier coterait 6,82 euros en admettant qu’il n’y ait aucune prime à l’achat de cette pièce. Cela hisse le prix de la trahison à 204 euros et 60 centimes.

Mais cette évaluation n’est pas non plus réaliste. Les soldats de l’Empire romain avaient un salaire considéré comme confortable, qui s’élevait à 500 deniers par an, sans compter les primes de campagne, d’expatriation, la cantine, les réductions sur le vin, etc… Ces 30 deniers équivalaient donc en pouvoir d’achat à l’équivalent d’un mois de salaire de base d’aujourd’hui, soit environ 1300 euros.
Vous pourriez en conclure deux choses :

- La première, c’est qu’à l’aune de cette récompense, l’amitié d’un Judas ne valait pas grand’ chose …

- La deuxième, c’est que l’argent est totalement sous-évalué en ce moment. Pour donner le même pouvoir d’achat que du temps d’Hérode, l’once d’argent devrait valoir 340 euros ou 440 dollars. Tout investisseur serait bien avisé d’acheter l’argent aux cours très faibles actuels.

Auteur : Max de Talent

Source

Aujourd’hui, seule la finesse des bas et collants féminins est exprimée en deniers. Dans son sens de monnaie, le mot « denier » désigne dans l’Eglise catholique la participation du croyant aux frais financiers de son Eglise, c’est le « Denier du Culte ».



En espérant ne pas vous avoir trop ennuyés, c'était juste pour vous proposer une petite distraction de vacances.

Pierre (collectionneur de pièces de monnaie).

     

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