Le Panthéon représente une sacralité, mais plus au sens catholique du terme, parce qu'en politique, il y a quand même un besoin de références et de symboles. Surtout à une époque où l'intelligence est en crise, où les autorités sont en bernes parce qu'elles ne peuvent, ni ne veulent dire quoi que ce soit (le cas de l'Église catholique, mais pas seulement).

Ne nous étonnons pas que le Panthéon devienne l'incarnation de cette envie de cultiver des symboles quand ceux-ci ont été suffisamment déconstruits.

Et puis la figure de Simone Veil est quand même assez contrastée. Ce n'est pas la pire. Même son témoignage est assez émouvant. Elle ne s'est jamais revendiquée du catholicisme, ne serait-ce que parce qu'elle ne l'était pas et qu'elle n'a jamais cherché à le faire croire. Elle a eu son parcours, c'est tout, certes aidé par des circonstances et certaines démarches qui étaient atypiques dans la société d'alors. On a pas besoin de se revendiquer d'elle parce que, au fond, elle ne s'est jamais revendiquée de "nous".

Dans le personnel politique, on ne peut trouver des gens avec autant de "marques" (sa déportation, son rôle de magistrat, son activité de ministre). Son combat pour la libéralisation de l'avortement est aussi le fruit d'une société en crise, où l'Église avait déjà joué le "jeu" mortifère, bien avant Mai 68 en laissant tout partir à volo. On avait déjà détruit la foi et la liturgie, on ne voyait pas comment, dans ce climat de relativisme généralisé, on pouvait défendre la morale. En 1975, la France est déjà en décomposition. Je ne vois pas comment on peut lutter contre l'avortement quand sur beaucoup de points qui vont de la liturgie à la doctrine on a beaucoup lâché et trop attiédi. Je ne pense pas que les réflexions bergogliennes ou kaspériennes, assez sirupeuses et pompeuses, soient capables de réveiller certaines âmes endormies. La morale est un boulet quand elle n'est pas nourrie par tout un ensemble.

Cela n'aurait pas été Simone Veil, cela aurait été quelqu'un d'autre. Après tout, on aurait pu faire voter l'avortement par le biais des ordonnances que l'on aurait vite ratifiées. Au fond, c'est un peu comme l'abandon de l'Algérie française ou la mise en place de la Constitution de 1958: une autre personnalité que de Gaulle aurait procédé à ces démarches. Malgré le manque de personnes qualifiées, il n'y a jamais de vide non plus dans toute société politique, même dans la nôtre.

Merci pour ces réflexions, Minger.

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