VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
Du Discernement dans les pensées, les vices et les vertus.
138. (...) Or, s'il est des personnes capables de passer des exercices de la vie active aux vertus et au saint repos de la vie contemplative; s'il est des curs sur lesquels agisse la charité, et que le Seigneur, selon la pensée du prophète-roi, garde votre entrée, qui est la crainte de ses jugements, et votre sortie qui est votre amour pour sa bonté n'est-il pas évident que cet amour de Dieu est sans bornes et sans fin, puisque nous pouvons toujours y faire de nouveaux progrès, soit en ce monde, soit dans l'autre où nos lumières recevront sans cesse des accroissements ?
Et bien que ce que je vais dire, paraisse un paradoxe à plusieurs, je n'hésiterai pas, mon bienheureux père, de tirer cette conséquence de tout ce que je viens de dire, je prononce donc que les esprits célestes ne demeurent pas, dans le même état et que leur gloire et leurs connaissances croissent toujours.
139. Ne soyez point étonné si les démons nous inspirent d'abord quelques bonnes pensées, et qu'ensuite ils les combattent en nous d'une certaine manière; car ils veulent par là nous faire entendre qu'ils connaissent parfaitement ce qu'il y a de plus caché dans notre cur.
140. Soyez prudent et discret dans les censures et les jugements que vous ferez sur les personnes qui donnent aux autres de nombreuses, belles et sublimes leçons, et qui les mettent elles-mêmes fort peu en pratique; car il pourra se faire que les avantages qu'elles procureront à leurs frères, remplacent les bonnes uvres qu'elles ne font pas. Ce n'est point, en effet, au même degré ni de la même manière que nous acquérons et que nous possédons les biens de l'âme, puisqu'il y en a qui excellent plus dans la parole que dans l'action, et que dans d'autres, c'est le contraire.
141. Dieu n'est ni l'auteur, ni le créateur du mal; ils se trompent, ceux qui prétendent que certaines passions sont naturelles à l'âme, ignorant que nous avons changé en passions les qualités constitutives de notre nature. Par exemple, la nature nous donne le sperme pour la procréation; mais nous l'avons perverti l'employant à la luxure.
La nature a mis en nous la colère contre le serpent, mais nous nous en servons contre notre prochain. La nature nous anime de zèle pour l'émulation dans la vertu, mais c'est pour le mal que nous en usons. Il y a dans l'âme, du fait de la nature, le désir de la gloire, mais de celle d'en-haut. Il nous est naturel d'être arrogant, mais contre les démons.
La joie aussi nous est naturelle, mais à cause du Seigneur et du bien qui arrive à notre prochain. La nature nous a aussi donné le ressentiment, mais contre les ennemis de l'âme. Nous avons reçu le désir d'une nourriture agréable, mais non des excès de table.
142. Une âme généreuse excite les démons contre elle. Mais quand les combats augmentent, les couronnes se multiplient. Celui qui n'a jamais été frappé par l'ennemi ne sera certainement jamais couronné. Au contraire, celui qui ne se laisse pas abattre malgré les chutes qui lui adviennent, sera glorifié par les anges comme bon combattant.
143. Celui qui est demeuré trois jours dans le tombeau, est ressuscité pour ne plus mourir : c'est pourquoi celui qui, en trois heures différentes, aura vaincu les tentations, ne sera point exposé à mourir.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde