DIX-NEUVIÈME DEGRÉ
Des veilles du corps, de la manière dont elles produisent les veilles de l'esprit, et de la manière dont il faut les pratiquer.
19. Veillez attentivement sur vous après la prière, et vous verrez avec étonnement que des démons nombreux, irrités de n'avoir pu nous vaincre pendant que nous prions, font ensuite tous leurs efforts pour nous faire tomber dans de mauvaises pensées. Assieds-toi, sois attentif, et tu verras ceux qui ont lÕhabitude de ravir les prémices de l'âme.
20. Il arrive quelquefois que par l'habitude que nous avons de réciter les psaumes, il nous en revient quelque souvenir, et que les divins oracles deviennent la matière même et le sujet de nos pensées pendant le sommeil; mais il arrive aussi que les démons, nos ennemis, font toutes ces choses en nous, afin de nous inspirer des sentiments d'orgueil. Il est encore une autre chose que je croyais devoir passer sous silence, mais qu'une personne m'ordonne de publier.
La voici : une âme qui, tous les jours, se nourrit de la parole de Dieu par une méditation continuelle et approfondie, a coutume pendant le sommeil de se rappeler les saintes pensées qui l'ont occupée pendant le jour, et c'est là vraiment une récompense précieuse que Dieu nous accorde; car nous sommes par ce moyen délivrés des illusions des démons. Quiconque est monté sur ce dix-neuvième degré, a reçu dans son coeur le trésor d'une lumière céleste.
VINGTIÈME DEGRÉ
De la timidité puérile.
1. Ceux qui, dans les monastères ou dans les communautés, s'appliquent à acquérir la perfection, ne sont pas ordinairement fort exposés à cette crainte; mais pour vous qui avez embrassé la vie érémitique et qui demeurez dans le fond des déserts, vous devez combattre cette passion de toutes vos forces et ne vous en laisser jamais dominer, car c'est la fille de la vaine gloire et de l'infidélité.
2. La timidité est une passion puérile qui est assez souvent le partage de la vieillesse ou d'une âme esclave de la vanité. C'est un manquement de foi et de confiance en Dieu; elle est produite en nous par des malheurs que nous croyons prévoir comme nous devant surprendre inopinément.
3. Cette crainte consiste donc dans la prévoyance de quelques dangers imaginaires; c'est une affliction pénible d'un coeur troublé et agité par l'idée d'accidents incertains. En un mot disons que cette appréhension est l'absence de toute confiance.
4. Aussi voyons-nous qu'une âme orgueilleuse et qui compte trop sur ses propres forces, craint et tremble à la vue même de son ombre.
Source : Livres-mystiques.com
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