Méditation avec l'Echelle Sainte de St Jean Climaque : 29 mars
DIX-HUITIÈME DEGRÉ
Du sommeil, de la prière, et du chant public des psaumes.
4. Celui qui, pendant la prière, pensera sérieusement qu'il est en la présence de Dieu, sera comme une colonne immobile, et ne se laissera pas surprendre par ces différentes tentations. Au reste, le lutteur sincère et obéissant, lorsqu'il s'agit de prier, se trouve éclairé d'une lumière, divine et rempli d'une joie céleste; car ce bon moine, semblable à un vaillant soldat, s'est préparé à la prière depuis longtemps, par un fidèle accomplissement de ses devoirs et par une exacte obéissance.
5. Si tous peuvent vaquer à la prière publique, il faut avouer néanmoins qu'il en est à qui il serait plus utile de ne prier qu'avec un autre qui leur serait uni par le même esprit et par les mêmes inclinations. La prière solitaire ne convient qu'à un très petit nombre.
6. En psalmodiant avec plusieurs, il ne vous sera guère facile de vous livrer à la méditation, sans avoir des distractions nombreuses; alors pour enchaîner et pour appliquer votre esprit, pesez et méditez les paroles sacrées qu'on récite, afin que cette méditation soit pour vous comme une prière, pendant que la partie du choeur à laquelle vous n'appartenez pas, prononce son verset.
7. Il ne convint à personne que pendant la prière on s'occupe à quelque autre chose, soit que cette chose soit nécessaire, soit qu'elle ne le soit pas. Saint Antoine nous assure qu'un ange a fortement recommandé d'éviter ce défaut.
8. Le feu éprouve l'or; mais la prière éprouve l'amour et l'attachement que les moines ont pour Dieu. Celui qui se plaît au saint exercice de la prière, s'unit heureusement à Dieu, et met en fuite les démons.
Méditation avec l'Echelle Sainte de St Jean Climaque : 30 mars
DIX-NEUVIÈME DEGRÉ
Des veilles du corps, de la manière dont elles produisent les veilles de l'esprit, et de la manière dont il faut les pratiquer.
1. Parmi les gens qui sont à la suite des rois de la terre, il y en a qui sont sans armes, d'autres qui portent des faisceaux, d'autres des boucliers, et d'autres des épées. Or tout cela n'arrive point par hasard, mais à dessein : car ceux qui ne sont décorés que des marques de leur dignité, sont le plus souvent les parents, les alliés, ou du moins les amis intimes et confidentiels du prince; pour les autres, ce sont ses officiers ou ses domestiques : tel est donc l'ordre que nous remarquons dans la cour du souverain.
2. Voyons à présent quel est le rang que nous occupons dans la maison de Dieu, qui est notre roi suprême, lorsque nous nous présentons devant lui pour vaquer aux exercices de la prière du jour, du soir et de la nuit : car il y en a qui, aux prières du soir et de la nuit, se présentent devant Dieu libres de toute inquiétude pour les objets visibles, et revêtus seulement d'ornements spirituels; d'autres y paraissent avec le chant des psaumes et des cantiques; ceux-ci passent le saint temps de la prière dans la lecture des divines Écritures; ceux-là, plus faibles et moins avancés, travaillent des mains; enfin il en est qui, par la méditation continuelle de la mort, excitent et entretiennent dans leurs coeurs les sentiments de la plus vive et de la plus ardente componction.
Source : Livres-mystiques.com
Méditation avec l'Echelle Sainte de St Jean Climaque : 31 mars
DIX-NEUVIÈME DEGRÉ
Des veilles du corps, de la manière dont elles produisent les veilles de l'esprit, et de la manière dont il faut les pratiquer.
10. Un sommeil trop considérable est un mauvais compagnon que nous nous donnons : il fait perdre aux paresseux la moitié et quelquefois même plus, du temps qu'ils ont à vivre.
11. Le mauvais moine n'est que trop réveillé, quand il est question de se livrer à des entretiens et à des conversations avec ses frères, mais l'heure de prier est-elle arrivée ? le sommeil s'empare aussitôt de lui.
12. Le religieux qui relâché est prompt et actif pour se répandre en vaines paroles, mais engourdi et lâche pour lire les livres sacrés.
13. Comme au son éclatant de la trompette de l'ange, les morts sortiront promptement de la poussière des tombeaux; de même à présent les religieux endormis dans le tombeau de leur paresse, se lèvent avec célérité, lorsqu'on annonce l'heure des récréations.
14. Le sommeil , sous les spécieuses apparences de l'amitié, exerce sur nous une tyrannie bien funeste souvent il se retire de nous lorsque nous sommes bien rassasiés, et d'autres fois, lorsque par nos jeûnes, nous sommes pressés des douleurs de la faim et des ardeurs de la soif, il nous poursuit à toute outrance.
15. Il nous porte à nous occuper de quelque ouvrage des mains, afin que par ce moyen, si les autres ne réussissent pas, il puisse nous troubler et nous faire abandonner notre prière. Pour décourager ceux qui entrent dans la vie religieuse, et pour les empêcher d'y faire d'heureux progrès, il ne cesse de les poursuivre et de les tourmenter.
16. C'est encore ainsi qu'il en agit par rapport à ceux de qui le démon veut ouvrir la porte du coeur à la passion de la luxure.
17. Ainsi jusqu'à ce que nous nous voyous entièrement délivrés des fatigues et des importunités du sommeil, qu'il ne nous soit pas à charge d'être obligés de chanter l'office avec nos frères; car leur compagnie et la crainte d'être couverts de honte et de confusion, nous empêcheront de dormir : en effet si le chien est l'ennemi des lièvres, le démon de la vaine gloire l'est du sommeil.
18. De même que le négociant se rend compte le soir du gain qu'il a fait pendant la journée; ainsi le religieux doit, après la psalmodie, se rendre compte des avantages spirituels qu'il en a retirés.
Source : Livres-mystiques.com