Bienheureux Innocent XI

Pape (240ème) de 1676 à 1689 (✝ 1689)
Ce fut sans aucun doute l'un des papes les plus remarquables d'une époque difficile. Il affronte Louis XIV qui n'a pas hésité à s'allier aux Turcs pour abaisser la Maison d'Autriche et qui les incite à marcher sur Vienne. La Pologne et Venise contrecarrent les projets du roi de France grâce à l'action du Pape qui veut arrêter la progression de l'Islam. Innocent XI n'hésite pas à déclarer nulle la "Déclaration des droits de l'Église gallicane" que Louis XIV avait fait voter, grâce à Bossuet, par une assemblée d'évêques trop soumis au roi.
En janvier 1688, le Pape notifia secrètement à Louis XIV que lui et ses ministres étaient excommuniés. Un schisme ouvert ne fut évité que grâce à l'intervention de Fénelon (1651-1715), plus tard Archevêque de Cambrai.
Mais ce défenseur de l'Église est aussi un homme modeste, austère et très charitable comme on put le voir lorsqu'il se porta personnellement au secours des victimes de la peste ou d'autres épidémies. Il veille avec attention à la formation du clergé.
Innocent XI mourut le 12 août 1689. Tout le peuple de la ville de Rome pleura longuement "ce pape des Pauvres", sauf, évidemment, les membres de la noblesse et du clergé français.
Il a été béatifié par Pie XII en 1956.

Les récentes interventions sur ce forum m'ont poussée à en lire davantage. Livre
Grâce à ce livre, des points importants sont éclaircis, clairs et nets.

1. En bref, oui, à cause de la Sorbonne, fut un temps où le livre de la Vénérable Maria de Jésus de Agreda a été mis à l'index (et jamais cela n'a été le cas en Espagne).
Ce livre n'est plus à l'index depuis 1681...

2. Impossible d'étudier la cause d'une personne en vue de sa béatification avant de lire ses écrits (que théologiquement, que vis à vis de la foi, rien ne cloche) !

Conclusion : si une personne est reconnue vénérable ou bienheureuse, ses écrits peuvent être lus !
Pour les curieux, lire ci-dessous les quelques extraits :

Page 407 (p. 417 du PDF)

- Décret d'Innocent XI retirant de l’Index le livre de la CITÉ MYSTIQUE 09 novembre 1681
- Décret de la sacrée Congrégation du Saint-Office obligeant l'évêque de Cénédo à retirer la défense qu'il avait faite de lire la CITÉ MYSTIQUE. 19 septembre 1713

Page 408 (p. 418 du PDF)

- Décret de Benoit XIII autorisant la lecture de la CITÉ MYSTIQUE 21 mars 1729

Page 399 (p. 409 du PDF)

Le mobile principal de la répulsion profonde de la Sorbonne pour l'œuvre de Marie d'Agréda, il est aisé de le reconnaître dans l'esprit janséniste, dans une malheureuse tendance au naturalisme qui avait saisi à cette époque une partie notable du clergé français. Le mysticisme effrayait ces hommes d'élite, chargés d'entretenir le feu sacré ; ils dissimulaient les miracles, retranchaient de la vie des saints tout ce qui tenait à l'extraordinaire, au surnaturel, au mystique, et travaillaient ainsi à rationaliser la religion : témoin les biographies de Launoy, de Baillet, de Goujet, de Mesenguy, etc

Page 400 (p. 410 du PDF)

Qu'y a-t il d'étonnant après cela que la Sorbonne, fidèle servante du roi, et la plus haute personnification scientifique des malheureuses tendances jansénistes et rationalistes du pays, intervint au nom de l'esprit national, et censurât mesquinement la Cité mystique !
(…) en censura quelques propositions, le 2 mai 1696.

Page 404 (414)

Lorsque le cardinal d'Aguirre repoussa la censure de la Sorbonne, il crut cependant devoir reconnaître la légitimité de cette censure comme pouvant tomber sur la traduction du P. Croset, qu'il accuse d'être peu versé dans la langue espagnole

Il semble donc que la personne ayant traduit une partie de cet écrit (de l'espagnol en français) n'était pas parfaitement bilingue, d'où des erreurs... d'où la condamnation.

Page 433 (443)

Or, avant d'en venir à proposer un premier doute sur les vertus, puis un second sur les miracles, opérations desquelles dépend surtout l'achèvement désiré de la béatification, il faut (...) d'après les lois anciennes et générales de la Congrégation des sacrés Rites, que tous les ouvrages écrits par la servante de Dieu actuellement existants soient soumis à un examen [1ère condition avant toutes les autres] ; que l'on fasse un procès apostolique sur la renommée des vertus et des miracles en général ; ensuite que l'on fasse un autre procès apostolique sur les vertus en particulier et les miracles, et que l'on porte un jugement tant sur la validité du procès de l'Ordinaire que sur celle des autres procès apostoliques.
Or, le jugement sur le livre de la Cité mystique de Dieu étant pendant, on ne peut accomplir aucune de ces procédures préliminaires : les décrets d'Urbain VII s'y opposent. Le texte cité plus haut porte qu'il n'en faut point venir à un acte d'enquête avant que de tels livres aient été soigneusement examinés dans la sacrée Congrégation.

     

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