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Un ardent et anxieux désir de l'Honneur de Dieu et du Salut des âmes
par BK 2018-01-11 17:46:15
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S'élevant,
une âme anxieuse d'un grand désir de l'honneur de Dieu et du salut des âmes,
s'exerçant pendant quelque espace de temps à la vertu,
est habituée à habiter la cellule de la connaissance de soi pour mieux connaître la bonté de Dieu en elle-même​,
car la connaissance suit l'amour,
et en aimant elle cherche à suivre et à revêtir en elle la Vérité



La première phrase du <em>Dialogue</em> de Sainte Catherine de Sienne, Mantellata, est toute en élans et repos.


On y trouve :
un élan, s'élever
un ample et profond mouvement d'âme, un grand et anxieux désir de l'Honneur de Dieu et du Salut des âmes,
une discipline, habiter pleinement la cellule de la connaissance de soi
un moyen, connaître la bonté de Dieu en elle-même
un but, qui est celui de l'élan et du désir aimants, suivre et revêtir la Vérité


Paradoxalement, l'âme s'élève en descendant en elle-même.


On retrouve toute la dynamique de l'âme augustinienne :
je Te cherchais au-dehors, car j'étais au-dehors de moi-même,
or Tu étais en moi,
Dieu plus intime à moi-même que moi-même, et plus élevé que mes cimes-mêmes
(<em>Tu es interior intimo meo et superior summo meo</em>)


C'est en admirant les splendeurs de la Miséricorde divine en elle-même que l'âme s'unit à Dieu.


Sainte Marie Elisabeth de la Trinité, o.c.d., très marquée par les écrits de Sainte Catherine,
ira jusqu'à tout unir en un raccourci d'une audace stupéfiante : "j'ai trouvé mon Ciel sur la terre puisque le Ciel c'est Dieu, et Dieu c'est mon âme ".



Tout à fait remarquable, est ​"​l'anxieux désir de l'Honneur de Dieu et du Salut des âmes​"​.

L'Honneur de Dieu n'est pas encore coloré de la touche gentilhommière qu'auront gagnés au XVIe siècle les écrits de Ste Thérèse d'Avila, o.c.d.

Il renvoie directement à la Sainteté et à la Gloire de Dieu, mais avec une coloration spécifique.

Là où la Gloire appelle l'humilité, et la Sainteté la Sainteté - la Pureté transparente à la Sainteté de Dieu,
la mention de l'Honneur de Dieu appelle la Magnanimité, et suppose une vraie liberté.


Agir avec Grandeur d'âme, agir avec Magnanimité, avoir une âme qui sanctifie le Nom du Seigneur, qui exalte le Seigneur, qui magnifie le Seigneur.

Le cri d'armes d'une âme ainsi angoissée est <em>Magnificat</em>, ou plutôt <em>Magnificet anima mea Dominum !</em>

Seul l'hommage libre et altier peut magnifier le Nom du Seigneur.

On entend bien sûr en écho le chant de Guy de Larigaudie :

On ne donne sa pleine mesure qu'au service d'un Seigneur, et il n'est pas plus haut Seigneur que mon Dieu.
Nous sommes de race royale, et le monde est notre empire.
Ils étaient de la race des Rois, et ils se complaisent dans l'esclavage.



En effet, pour servir Dieu comme Il le mérite et Le veut - et c'est notre Salut -, encore faut-il avoir une grande Vision de Dieu, de soi, des âmes.

Pour citer encore Larigaudie :

Pétri, non de cette bonne terre malléable où se tracent les bons sillons égaux,
mais de ce grain dur des grèves ou des hautes montagnes où se déchiquettent les vents du large,
il n'est qu'une alternative : saint ou forban.
Mais il est consolant que, même du simple point de vue humain,
l'aventure soit plus passionnante d'être saint que d'être forban.




Le désir anxieux 'du salut des âmes' rappelle enfin la vocation et l'ardeur apostoliques de Sainte Catherine.

Le choix d'un pluriel - salut des âmes - qui ne distingue pas entre son propre salut et celui de ses frères, montre la perfection de la charité.

Sainte Catherine se percevait en effet comme personnellement responsable de l'endurcissement des âmes, par le manque d'ardeur de sa Charité, et elle demandait donc logiquement et en toute justice à Dieu de la punir elle, et non les autres (ce qui est en définitive le fond sublime et scandaleux du Mystère de la Croix).

Connaissant la Gloire perçant à travers sa Misère, la rachetant, la purifiant et l'élevant, Sainte Catherine conclut sa première phrase par un triple nœud qui la resserre :

s'élevant, par amour de Dieu et des âmes, elle descend contempler Dieu en elle,
et se retrouve enflammée d'amour, d'un amour qui lui fait vouloir suivre et revêtir la Vérité,
c'est-à-dire connaître encore davantage les Merveilles que Dieu fait - s'enfoncer encore plus profondément en Dieu en elle -
et comme suivre, c'est témoigner,
œuvrer au Salut des âmes.


Saint Augustin avait tout dit d'un mot :
dilige, et quod vis fac

Aime, et ce que tu veux, fais-le
Aime, et ce que ton amour veut, fais-le
Aime, et tout le reste suivra par surcroît

Sainte Marie Faustine, quant à elle, reprenant une antique tradition, écrira que la seule question que le Christ nous posera quand dans la mort nous nous présenterons à Lui est

M'aimes-tu ?



La question est au présent, de ce présent éternel de l'Amour qui seul demeure, éternellement présent.

Et le Fils de l'homme étant venu non pour être servi mais pour servir,
laissons-nous le Seigneur nous servir comme Il le désire,
de cet anxieux et ardent Désir de l'Honneur de Dieu et du Salut des âmes qui fut l'Essence d'une Douceur teintée d'amertume de Sa Passion ?


Si quelqu'un M'aime, il gardera Ma Parole,
Mon Père l'aimera,
Nous viendrons vers lui,
et Nous ferons en lui faire Notre Demeure

     

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