SIXIEME DEGRE
De la pensée de la Mort
(...) 3. Ce fut la désobéissance de l'homme, qui donna naissance à la crainte de la mort, et c'est pour cette raison que la crainte de la mort nous est devenue, en quelque sorte, naturelle.
Mais savez-vous ce que nous démontre cette crainte ? C'est que notre âme n'est pas parfaitement lavée ni purifiée par les larmes et les austérités de la pénitence.
4. Le Christ, pour nous apprendre qu'il est Dieu et homme tout ensemble, et pour nous enseigner que les attributs de la nature divine et de la nature humaine sont son partage, s'est effrayé à la vue de la mort; mais ce divin Sauveur ne l'a pas redoutée.
5. Or, comme de tous les aliments dont nous nourrissons nos corps, c'est le pain qui nous est le plus nécessaire; de même, de toutes les choses qui doivent nourrir et faire vivre notre âme, rien ne lui est plus nécessaire que le souvenir et la pensée de la mort.
6. C'est la pensée de la mort qui a fait embrasser aux moines qui vivent en communauté, tous les travaux et toutes les austérités de la pénitence; c'est elle qui leur fait aimer avec délices les mépris et les humiliations.
C'est encore la pensée de la mort qui fait que les solitaires qui vivent dans les déserts et loin de tout tumulte, ont généreusement renoncée à tout soin pour les choses présentes, afin de se consacrer uniquement aux saints exercices de la prière et de la méditation, et de veiller assidûment sur leur esprit et sur leur coeur. Or ces vertus sont également filles et mères de la pensée de la mort.
7. Mais observons ici que, bien que l'étain ait beaucoup de ressemblance avec l'argent, on le distingue néanmoins facilement, si on le rapproche de ce dernier métal; de même ceux qui ont quelque expérience dans les choses qui regardent le salut, savent bien mettre une différence essentielle entre la crainte de la mort produite par un sentiment et un mouvement de la nature, et la crainte de la mort causée par l'impression de la grâce.
8. La preuve certaine et indubitable que nous craignons la mort par un mouvement de la grâce, c'est lorsque cette crainte nous porte à nous dépouiller de toute affection pour les choses créées, et nous fait renoncer parfaitement à notre propre volonté.
9. Il est louable de penser tous les jours à la mort, comme si chaque jour elle devait nous frapper; mais c'est une marque de sainteté, de la désirer et de l'attendre.
Source : Livres-mystiques.com
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