Depuis quelques heures, le ciel s’est chargé de nuages noirs ; je pressens que la neige va bientôt tomber, ce qui n’a rien d’exceptionnel en cette saison. Je l’attends même, avec cette excitation caractéristique qui secoue les enfants. A quelques jours de Noël, en revenant de Rome, j’ai osé emprunter la Via Francigena. Je suis encore tout ébloui du spectacle de la Ville éternelle, malgré la densité de circulation, le bruit des klaxons, les déchets qui jonchent les rues…

On dit de celui qui va à Rome qu’il y trouve la foi ou qu’il la perd. Je ne sais ce qu’il en est vraiment pour moi. Et même si j’ai commis la folie de vouloir faire le chemin du retour au même rythme que l’aller, dans l’hiver naissant, je m’aperçois que j’ai le cœur léger. Je ne rentre pas chez moi comme j’en suis parti. Ce temps que je passe avec moi-même, par monts et par vaux, ce temps que je passe aussi avec Dieu, dans la contemplation de la nature, m’invite à prendre du temps pour autrui. Après tout, je viens de prendre ma retraite, il me faut l’occuper intelligemment. Derrière une fenêtre, une petite fille me regarde et me fait un signe de la main. Elle me fait penser à l’enfant Jésus de la crèche, qui rejoindra bientôt les autres santons sur la cheminée du salon. Et si c’était là l’appel de Dieu ? Un coup de pouce aux enfants malades, et ma vie sera comblée, en comblant la leur.

C’est Noël chaque fois qu’on essuie une larme dans les yeux d’un enfant,

C’est Noël chaque fois qu’on dépose les armes, chaque fois qu’on s’entend,

C’est Noël chaque fois qu’on arrête une guerre et qu’on ouvre les mains,

C’est Noël chaque fois qu’on force la misère à reculer plus loin…

C’est Noël, sur la terre, chaque jour,

Car Noël, ô mon frère, c’est l’amour !

+ Joseph de Metz-Noblat,
évêque de Langres
Président de Spiritualitas in Francigenam

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