On le sait bien, la laïcité «à la française» n'est pas la laïcité «à la nordique»: rien ne l'illustre mieux que les comportements respectifs d'Adenauer et de de Gaulle lors de la messe du 7 juillet 1962, à Reims:
[…] après avoir signé avec Konrad Adenauer le traité de réconciliation franco-allemand, il invita le chancelier à la messe dans la cathédrale afin de prier pour la paix ? Or, bien que ce geste apportât une touche de sacré à l’événement et que le Général ait placé son existence intime sous le regard de Dieu, ce dont il ne faisait pas mystère, il ne communia pas cette fois-là. Il considérait en effet que le chef d’un Etat laïque ne pouvait se permettre en public un acte de dévotion.
Voir
ici.
Macron ne fait donc ici que s'inscrire dans la tradition bien établie de la laïcité française et, à mon sens, son réflexe de prendre le goupillon l'honore – nos habitudes ne dévoilent-t-elles pas notre “seconde nature”? – tout comme l'honore sa réaction de revenir aussitôt aux usages qu'impose sa fonction – un chef d'état ne doit-il pas privilégier la paix civile? Lire en son geste de l'anti-christianisme me paraît quelque peu exagéré. Par ailleurs et en passant, je serais bien curieux de savoir si le protocole officiel élyséen proscrit explicitement tout signe religieux ou non. Si quelqu'un a la réponse…
On peut déplorer la raideur, la rigidité cassante de la laïcité «à la française» – ce qui, évidemment, est le cas d'un Helvète où l'exercice des plus hautes fonctions n'interdit nullement l'expression de sa foi lors de cérémonies officielles (grâces en soient rendues aux Suisses alémaniques) – et préférer les formules fortes, engagées et courageuses du discours de Latran de Sarkozy, il n'est reste pas moins que le président de la république française est président de la république… française!
Pour le magnifique discours de Sarkozy (N.B.: je ne fais pas partie des admirateurs de Sarkozy, mais là, chapeau!), voir
ici.
En revanche, Mme Macron, elle, a bel et bien pris le goupillon et a signé la dépouille du défunt: ne serait-ce pas ce geste de la “première dame” – tout sans statut qu'elle est – qu'il conviendrait de mettre en évidence et de saluer?
Pacem tuam da nobis, Domine.
P.-S.: En me référant à de Gaulle et à Adenauer, je ne souhaite nullement relancer un précédent marronnier et je remercie ses contributeurs «de ne pas entrer en tentation»… ;–)