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Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas More
par ami de la Miséricorde 2017-10-14 01:18:05
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XIX. DE L'EMPRISONNEMENT

(...) VINCENT : Oui, mon oncle, mais tous deux ont la possibilité de circuler, l'un sur ses terres, l'autre sur les terres d'autrui et tous deux sur la grand'route, où ils peuvent marcher jusqu'à épuisement sans que personne les en empêche.

ANTOINE : Mais le roi que vous me citiez en exemple tout à l'heure et qui, prisonnier dans un château, pouvait toutefois y circuler librement peut également marcher jusqu'à épuisement sans que personne y trouve rien à redire. Pourtant, vous dites vous-même qu'il est prisonnier, sans toutefois subir une captivité aussi rigoureuse que celui qui est au cachot.

VINCENT : Mais ils peuvent au moins se rendre où cela leur est nécessaire et commode, aussi ne désirent-ils aller que là où ils peuvent et par conséquent ils peuvent aller où ils veulent.

ANTOINE : Je ne passerai pas mon temps, mon cher neveu, à réfuter point par point votre réponse. Nous passerons sur le fait que, fût-il emmené par son gardien à tous les endroits où il doit se rendre pour sa commodité, un prisonnier n'en reste pas moins un prisonnier, car il ne pourrait circuler pour son plaisir.

Passons aussi sur le fait qu'il serait nécessaire à ce mendiant, commode à ce roi de se rendre en divers endroits, où ni l'un ni l'autre ne peut aller, comme aussi sur le fait qu'aucun des deux n'est si modéré dans ses désirs qu'il soit capable de les limiter à ses possibilités, puisque d'après vous ce qui conditionne la liberté c'est de ne désirer aller que là où on le peut, je veux bien vous l'accorder.

Voyons maintenant nos autres prisonniers, ceux que nous avons enfermés dans un château, et nous verrons que celui des deux qui est le plus étroitement gardé, s'il a la sagesse et la grâce de calmer son esprit et de se contenter de rester où il est, de ne pas s'abandonner à ses « envies » comme une femme enceinte, lui aussi répond à votre définition de la liberté, car il est là où il veut, il est donc libre.

D'ailleurs, même s'il ne désire se rendre que là où il peut, le fait que s'il désirait aller ailleurs on ne le lui permettrait pas suffit à en faire un prisonnier. Votre mendiant, votre prince, dont vous dites qu'ils sont tous deux libres, ont beau être exceptionnellement sages et modérés dans leurs désirs, il me semble à moi que le seul fait de ne pouvoir désirer se rendre ailleurs que là où ils en ont la possibilité leur fait manquer le bénéfice de la liberté.

VINCENT : Mon oncle, si, d'après vos raisons, tout le monde est prisonnier dans une prison au sens large, pourtant, être jeté dans ce qu'on appelle généralement une prison au sens propre est chose que chacun redoute, aussi bien pour les traitements qu'on y subit que pour l'étroitesse des locaux.

Nous ne nous apercevons pas des peines que nous apporte cet emprisonnement au sens large et figuré et nous ne le craignons pas. Aussi chacun éprouve-t-il une vive répugnance pour le premier et aucune pour le second.

Mon oncle, je ne puis trouver d'argument à vous opposer mais je vous avoue franchement que mon esprit n'est pas satisfait ; vous ne me convainquez pas et vos arguments me paraissent des sophismes. Pour moi, quand on ne se trouve pas dans ce qu'on appelle généralement une prison, on ne s'y trouve pas du tout. (...)

Source : livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde

     

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