Examinons attentivement cette énième lourde propagande.
Soucieuse de donner une position claire sur cette question qui alimente encore les débats dans le pays, la conférence des évêques catholiques apporte "un éclairage en raison des amalgames" pour "lever toutes les équivoques et les ambiguïtés".
"un éclairage en raison des
amalgames" pour "lever toutes les
équivoques et les
ambiguïtés".
Oui, en effet, il serait grand temps.
Rappelons que L’Église a toujours condamné la franc-maçonnerie plus spécialement avec les Bulles pontificales In eminenti apostolatus du 28 avril 1738 de Clément XII et Providas du 18 mai 1751 de Benoît XIV.
Donc "toujours" commence manifestement en 1738…
Nous reviendrons sur les "bulles", notamment la première…
- Pour Mgr Planet, les francs-maçons sont des "hommes de bonne volonté" - L'Express n° 3010 du 12 au 18 mars 2009
- Des franc-maçons au Vatican ?, Par Arnaud de Lassus - Janvier-février 2011
- La Grande Loge d'Espagne salue le courage de "l'honorable frère Gianfranco", par ailleurs cardinal de la Sainte Église - Mars 2016
Ce n’est pas probant.
Mais… LA TRADITION veille. En effet…
De son côté, la Tradition, a toujours mené haut le combat contre la secte franc-maçonne :
- Assise, fruit de l'emprise de la Franc-maçonnerie - Conférences de Mgr Lefebvre à Barcelone et Madrid - Octobre 1986
Bien sûr...
- L’Église et la franc-maçonnerie - Fideliter 156 de novembre-décembre 2003
Proses ressassées, profondes, bien documentées et garanties. Brevetées SGDG.
- L’épiscopat français et la franc-maçonnerie, par l'abbé régis de Cacqueray - 13 mai 2010
Forcément passionnant.
- Le Vatican : mystères et certitudes, par l'abbé P. Toulza - Janvier-février 2011
Forcément magnifique.
- L'Association réparatrice Anti-Maçonnique (Morgon - France)
Absolument superbe.
Et par conséquent :
Bravo donc aux évêques ivoiriens qui rappellent sans ambages qu'on ne peut en aucune manière altérer la vérité, celle que des dizaines d'encycliques et de lettres apostoliques ont affirmée depuis 1738.
Je lis :
"qu'on ne peut en aucune manière altérer la vérité".
Vraiment ? Encore faut-il la connaitre.
Et pour finir la totale :
celle que des dizaines d'encycliques et de lettres apostoliques ont affirmée depuis 1738.
Cela se veut très intimidant. C'est fait pour ça. Pensez, des dizaines d'encycliques et de lettres apostoliques, bulles, depuis plus de deux siècles.... Bref. J'ai dis bref, pas des Brefs.
Un ouvrage à consulter (entre autres).
JOSE A. FERRER-BENIMELI, Les Archives du Vatican et de la Franc-Maçonnerie, histoire d'une condamnation pontificale. Dervy-Livres, 1989, 907p.
G. Brossard a assuré la traduction, souvent fautive hélas, de cet ouvrage capital du P. Ferrer-Benimeli S.J., professeur à l'Université de Saragosse, édité en 1977 par l'Université catholique "Andres Bello" de Caracas. Il est le fruit d'une enquête remarquable menée à travers les archives vaticanes, les archives D’État de toute l'Europe en liaison avec les bibliothèques et les centres de recherches, ecclésiastiques ou maçonniques spécialisés. Une réserve étant faite, peut-être, pour certains documents d'Inquisition encore inconnus, on peut considérer cette mise au point sur les condamnations de Clément XII en 1738 et de Benoît XV en 1751 comme définitive.
La mise à plat des correspondances et des dossiers de procédure ouverts montre l'importance capitale des situations politiques et des pratiques sociales, en matière de vie intellectuelle et religieuse, du XVIIIe siècle ; loin de la dramatisation diabolique et de toutes les théorisations du XIXe.
La situation politique de Florence, avec la succession du dernier Médicis par François de Lorraine et la position particulière de l'autorité religieuse, de l'Inquisition notamment, motivèrent le procès mené contre le franc-maçon local Tommaso Crudeli, de 1739 à 1741. Le cardinal florentin Corsini, neveu du pape Clément XII, malade et impotent, conçut la bulle "ln eminenti", comme une arme susceptible d'aider sa politique dans la ville.
Aucun des prélats qui participèrent à la condamnation n'était théologien et leur ignorance de la nature et des buts de la maçonnerie semblait totale (les Constitutions d'Anderson ne furent jamais mises à l'Index par le Saint Office et l'évocation, bien connue, parmi les motifs de condamnation, des "autres causes justes et raisonnables connues par nous", est une formule avant tout protocolaire).
Et ajouterai-je, qui permet magnifiquement de botter en touche.
En Italie, en Espagne ou au Portugal, il fallut attendre très longtemps pour avoir notification de la bulle et une enquête menée peu de temps après à Lisbonne, parmi les bons catholiques fréquentant la loge, révéla la présence de plusieurs Irlandais qui avaient trouvé accueil dans cette institution "multiconfessionnelle" en Angleterre, à l'intérieur d'une société qui les persécutait pour leur religion. En France, le cardinal Fleury ne répondit pas, il cessa même d'inquiéter les franc-maçons afin de ne pas paraître ultramontain.
Le Parlement de Paris, quant à lui, ne procéda jamais à l'enregistrement qui donnait, seul, valeur légale.
La constitution apostolique "Providas" de Benoît XV montre, au contraire, l'intérêt du pape pour la question dans la mesure où, dans ce domaine, les risques d'empiètement des juridictions d’État sur les juridictions ecclésiastiques étaient les plus grands.
Le prétexte religieux, en effet, s'effaça presque complètement dans l'affaire des procès de Naples où le roi Ferdinand IV reconnut, en 1777, l'incapacité à prouver quoi que ce soit à propos des agissements coupables des "Liberi Muratori".
Partout les difficultés soulevées par la croissance rapide de cette société et la présence en son sein de très nombreux religieux, notamment en France, furent traitées dans le cadre général des conflits entre la société nouvelle qui s'annonçait, les traditions locales et les pouvoirs de Rome, d'une part, à la recherche d'un langage commun pour restaurer une autorité contestée et ceux des souverains du temps des Lumières, de l'autre.
L'Empereur Joseph II (l'Empire est qualifié peu heureusement d'austrohongrois en 1785-1786), par exemple, le régla dans le cadre de ses réformes générales des couvents, des confréries, de l’Édit de Tolérance, etc.
L'absence d'une argumentation théologique sérieuse est le fait dominant ; la falsification historique ultérieure a consisté à reporter en arrière les idéologies mises en place aux XIXe et XXe siècles ; pour ultime preuve, et non sans humour, l'auteur donne, pour terminer, un répertoire général des membres du clergé ayant appartenu à la maçonnerie au XVIIIe siècle.
Il refuse également mais à juste titre semble-t-il, de rentrer dans le débat sur les origines de la Révolution française. Mgr de Ségur doit se retourner dans sa tombe.
L’Église romaine occidentale se décidera bien un jour à mettre enfin un terme à ce carnaval dont la source est une fausse bulle promulguée par des petits intrigants magouilleurs. Honnêteté historique oblige.
Il est plus facile d'insulter et de répéter bêtement que de se renseigner honnêtement et sérieusement.
Cordialement
Origenius