Chez les Frères-prêcheurs et dans les diocèses du Midi devrait être célébrée le 29 mai la fête des bienheureux martyrs d'Avignonet en Lauragais. Dans la nuit de la vigile de l'Ascension, le 29 mai 1242, onze inquisiteurs (c.a.d. enquêteurs) de la foi se trouvaient dans le castrum d'Avignonet, dépendant du comte de Toulouse, sous la protection du châtelain, Raymond d'Alfar. Celui-ci, par traitrise, prévint de la présence des inquisiteurs les chefs de la secte et du parti albigeois qui occupaient le castrum de Montségur et laissa entrer de nuit une troupe d'hommes d'armes qui surprirent les inquisiteurs dans leur sommeil et les massacrèrent sauvagement.
Une expédition de police de grande envergure fut décidée contre Montségur pour venir à bout des brigandages et des meurtres. Le 14 mars 1244 seulement le château de Montségur fut pris et les représailles -cruelles, il est vrai, mais usuelles au XIIIe s- furent exercées contre la survivance violente du parti albigeois. De cet épisode qui impressionna autant que le meurtre du légat Pierre de Castelnau en 1209, date le déclin définitif de l'hérésie albigeoise et la fin progressive des opérations militaires, laissant place à la pacification du futur Languedoc par Blanche de Castille et s. Louis.
Les inquisiteurs massacrés étaient Guillaume Arnaud et Bernard de Roquefort, prêcheurs, Etienne de Narbonne et Raymond de Carbonières, mineurs, et plusieurs autres dont un laïc, Pierre, qui était notaire ou tabellion des Inquisiteurs.
L'interprétation et la compréhension de ces faits a été et reste encore faussée par l'historiographie romantique de la fin du XIXe siècle. L'anticléricalisme primaire en a fait jadis une machine de guerre idéologique contre l'Eglise. Il en reste encore de nos jours une espèce de "doxa" rémanente, non dépourvue d'une mystique simpliste et souvent ridicule.

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