La composition de l'office de de la messe du IIe dimanche de Carême a parfois suivi un autre usage. Guillaume Durand note dans le "Rational des Divins Offices" (XIIIe siècle) que certaines Eglises (diocèses) lisent l'évangile "Assumpsit Jesus" (la Transfiguration), tandis que d'autres lisent l'évangile "Egressus Jesus" (s. Matthieu XV, 21-28). Une canéenne ou syro-phénicienne supplie Jésus, fils de David, de guérir sa fille malade. Jésus lui répond qu'il est venu pour les brebis égarées de la Maison d'Israël, et qu'on ne doit pas jeter le pain des enfants aux chiens. Mais elle rétorque : "les petits chiens se nourrissent des miettes tombant de la table de leurs maitres". Alors Jésus lui adresse un bel éloge : "O femme, votre foi est grande, qu'il soit fait selon votre demande". Cet évangile a été placé dans l'organisation définitive au jeudi de la première semaine.
Cette péricope répond aux pièces suppliantes du propre de la messe (introit "Reminiscere", offertoire "Meditabor in mandatis tuis", communion "Intellige clamorem" et à la collecte, qui demande la sauvegarde intérieure et extérieure et la préservation des adversités du corps et des mauvaises pensées.
Cet usage tardo-antique et médiéval, largement suivi dans les diocèses et les ordres monastiques avant le Concile de Trente avait été conservé jusqu'à nous dans la liturgie des Carmes, issue, selon ces religieux, de la liturgie diocésaine (latine) de Jérusalem. Un usage romano-franc apporté en Orient par les Croisés au XIIe siècle.
Le graduel de la messe carme pour le IIe dimanche de Carème est tiré du psaume 24 "De necessitatibus meis eripe me", le trait reprend l'évangile et le récit du dialogue de Jésus et de la femme. A l'office, les antiennes du Benedictus, des petites heures et du Magnificat sont tirées de l'évangile de la Cananéenne, et l'homélie des matines du Livre II des Commentaires sur s. Matthieu par s. Jérôme.
La liturgie véritablement traditionnelle n'est peut-être pas pas celle d'une caserne, mais d'une Maison dans laquelle les demeures sont multiples...On regrettera ainsi la disparition des usages particuliers, parfaitement légitimes, qui donnaient à la Tradition une variété et une richesse disparues.

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