Bonjour, bon dimanche, et merci, jejomau.

Il me semble vraiment qu'il est à la fois "erroné" et "orienté" de mettre l'esprit du peuple, l'esprit que l'on attribue au peuple, ou l'esprit que l'on constate dans le peuple, ou encore l'esprit que l'on espère pour le peuple, en lieu et place de la Parole de Dieu, au sein de la religion chrétienne.

Le peuple de Dieu, la population qui est à la périphérie du peuple de Dieu, sont très souvent sous influence, et un responsable religieux catholique n'a pas à s'auto-proclamer avant tout ou seulement porte-parole des revendications émises par le peuple ou attribuées au peuple (mais au terme de quelle analyse, et en vue de quelle pastorale ?), au point de tirer parti de ses fonctions pour satisfaire les aspirations, valoriser les inspirations, légitimer les évolutions et les orientations qui lui plaisent et discréditer ou disqualifier celles qui lui déplaisent.

A ce compte-là, les "pélagiens", les "pharisiens", les "docteurs de la loi qui ont perdu la foi", ne feront jamais partie du peuple, puisqu'ils ont TORT "sur la ligne de départ" de leur mode de pensée, de prière et d'action...

Par ailleurs, tout peuple est caractérisé par une certaine diversité, c'est particulièrement vrai à l'échelle de l'Eglise catholique, donc la prise en compte des aspirations, inspirations, évolutions, orientations, qui semblent émaner du peuple, ou de la population qui se trouve à sa périphérie, est condamnée à être partielle ou fragmentaire et partiale ou partisane, ou à être hétérodoxe ou hétérogène.

C'est exactement comme si on avait dit, au Concile, et d'ailleurs certains l'ont dit, l'ont fait dire par d'autres, et ont fait taire ceux qui disaient le contraire : "Ce qui doit désormais avoir le plus d'autorité, dans l'Eglise catholique, ce n'est pas avant tout ce dont on parle dans Dei verbum, c'est seulement ce dont on parle dans la deuxième partie de Gaudium et Spes"...

A ma connaissance, il n'existe pas d'identité organique, ni même de proximité fonctionnelle, pure et parfaite ou sûre et certaine, entre telle aspiration, attitude, évolution ou orientation, même quantitativement importante, présente au sein de la culture, de l'histoire ou de la société de tel ou tel peuple, et la Parole de Dieu, l'Ecriture, la Tradition.

Je veux bien croire que dans tel contexte national, comme dans le contexte de l'Argentine, l'articulation, pour ainsi dire, entre la mise en avant de l'inspiration du peuple, par la Parole de Dieu, et la mise en valeur des aspirations du peuple, en ce qu'elles ont de légitime, de non contraire à la doctrine morale et à la doctrine sociale de l'Eglise, est caractérisée par une grande spécificité.

Mais est-ce une raison pour tenter d'imposer à toute l'Eglise la vision des choses qui découle de la prise en compte de cette spécificité, ou est-ce une raison pour ringardiser ou stigmatiser une autre vision des choses, moins contextualisée, et bien plus explicitement et objectivement porteuse de ce que l'on trouve dans l'Ancien Testament, dans le Nouveau Testament, chez les Pères de l'Eglise, ou chez les Docteurs de l'Eglise ?

Assistons-nous à une tentative de "déseuropéanisation" ou à une tentative de "déshomogénéisation" du christianisme catholique ?

En d'autres termes, trop brefs pour ne pas être excessivement lapidaires : qu'est-ce qui est le plus authentiquement évangélique, pour l'Eglise catholique : la confiance et la fidélité dans l'orthodoxie, ou la conformité à une certaine forme, à un certain type, d'ochlocratie, même très altruiste et bien intentionnée ?

Bon dimanche.

Scrutator.

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