Saint Jean-Baptiste, par Jacopo del Casentino (El Paso, Museum of Art)
TROISIÈME DIMANCHE DE L’AVENT
I. BRÉVIAIRE ROMAIN (en vigueur jusqu’en 1960)
A MATINES
Hymne
Verbe suprême qui sortez
du sein éternel du Père,
et qui, né dans le temps,
venez au secours de l’univers.
Illuminez en ce moment nos cœurs;
embrasez-les de votre amour;
pour que, détachés des biens périssables,
ils soient remplis d’une joie céleste;
Afin, qu’au jour où le Juge,
du haut de son tribunal,
condamnera les coupables aux flammes;
et, d’une voix amie, conviera les bons au ciel,
Nous ne soyons pas du nombre de ceux qui,
voués à des feux éternels, seront lancés dans un noir tourbillon;
mais que, favorisés de la vue de Dieu,
nous goûtions les délices du Paradis.
Au Père, au Fils
et à vous, Esprit-Saint,
soient à jamais dans tous les siècles,
comme il fut toujours, gloire et honneur.
Ainsi soit-il.
Au premier nocturne
Antiennes: 1. Voici que viendra le Roi, le Très-Haut, avec une grande puissance, pour sauver les nations, alléluia.
2. (Is 35, 3) Fortifiez les mains languissantes, prenez courage et dites: Voici que notre Dieu viendra et il nous sauvera, alléluia.
3. (Is 35, 4) Réjouissez-vous tous et livrez-vous tous à la joie, car voici que le Seigneur de la vengeance viendra, il amènera la rétribution, il viendra lui-même et il nous sauvera.
V/. (Ps 49, 2) C’est de Sion que vient l’éclat de sa splendeur.
R/. Notre Dieu viendra manifestement.
Du livre d’Isaïe, le Prophète (ch. 26)
Leçon i
(vv. 1-6) Ce jour-là, on chantera ce cantique sur la terre de Juda: «Nous avons une ville forte, il a mis pour nous protéger rempart et avant-mur. Ouvrez les portes! Qu’elle entre la nation juste, celle qui observe la fidélité, dont le caractère est ferme, qui conserve la paix, car elle se confie en toi. Confiez-vous dans le Seigneur à jamais, car le Seigneur est le Rocher éternel, car il a abaissé ceux qui habitaient les hauteurs, la citadelle escarpée, il les renverse, renverse à terre, les jette à bas dans la poussière: les pieds des humbles et les pas des pauvres la piétinent.
Leçon ii
(vv. 7-10) La route du juste est droite, tu aplanis le droit chemin du juste. Oui, dans le chemin de tes jugements nous t’espérions, Seigneur; ton nom et ta mémoire sont le désir de l’âme. Mon âme te désire la nuit et mon esprit te cherche au dedans de moi; lorsque tes jugements paraissent sur terre, les habitants de l’univers apprennent la justice. Si l’on fait grâce au méchant, il n’apprend pas la justice. Sur la terre du bien, il fait le mal, il ne voit pas la majesté du Seigneur.
Leçon iii
(vv. 11-14) Seigneur, ta main est levée, ils ne la voient pas. Qu’ils voient ton zèle pour ce peuple, et rougissent, le feu préparé pour tes ennemis les dévorera. Seigneur, tu nous donnes la paix, puisque tu nous traites comme nos actions le méritent. Seigneur, notre Dieu; d’autres seigneurs que toi ont dominé sur nous, mais nous n’en connaissons d’autres que toi, nous ne connaissons que ton nom. Les morts ne revivront pas, les ombres ne ressusciteront pas, car tu les as châtiés et anéantis et tu en as détruit le souvenir!»
Au deuxième nocturne
Antiennes: 4. (Zacharie 9, 9) Réjouis-toi et livre-toi à la joie, fille de Jérusalem; voici que ton Roi vient il toi; Sion, ne crains pas, car ton salut viendra bientôt.
5. Notre Roi, le Christ, viendra, lui que Jean a prédit être l’Agneau qui doit venir.
6. (Ap 22, 12) Voici que je viens bientôt, et ma récompense est avec moi, dit le Seigneur; c’est de donner il chacun selon ses œuvres.
V/. (Is 16, 1) Envoyez, Seigneur, l’Agneau dominateur de la terre.
R/. De la pierre du désert, à la montagne de la fille de Sion.
Sermon de saint Léon, pape
(Sermon 13, 2° sur jeûne du 10° mois.
Texte latin et autre trad.: SC 200, 160-163)
Leçon iv
Pressé par le temps où nous sommes et l’habitude de notre dévotion, nous nous adressons à vous, frères très chers, avec une sollicitude toute pastorale: il faut célébrer le jeûne de décembre; par lui, de la manière la plus digne un sacrifice d’abstinence est offert pour l’achèvement de toute la récolte, à Dieu qui en a si généreusement donné les fruits. En effet, que peut-il y avoir de plus efficace que le jeûne? Par son observance, nous approchons de Dieu et, résistant au diable, nous triomphons de la séduction des vices.
Leçon v
De tout temps, le jeûne fut un aliment pour la vertu. De l’abstinence enfin procèdent les pensées chastes, les décisions raisonnables, les conseils salutaires, et, grâce à ces mortifications volontaires, la chair meurt à ses convoitises, l’esprit est renouvelé par la pratique des vertus. Mais, parce que le jeûne n’obtient pas seul le salut de nos âmes, complétons-le par des actes de miséricorde à l’égard des pauvres. Consacrons à la vertu ce que nous retirons au plaisir. Que devienne nourriture du pauvre l’abstinence de celui qui jeûne.
Leçon vi
Appliquons-nous à défendre les veuves, à secourir les orphelins, à consoler les affligés, à rendre la paix aux adversaires. Qu’on accueille l’étranger, qu’on aide l’opprimé, qu’on habille l’homme sans vêtement, qu’on soigne le malade. Alors tous ceux d’entre nous qui, par ces bonnes oeuvres, auront offert le sacrifice de cette miséricorde à Dieu, l’auteur de tous les biens, mériteront de recevoir de lui la récompense du Royaume céleste. Nous jeûnerons donc mercredi et vendredi; samedi, nous célébrerons également les vigiles auprès du tombeau de l’apôtre saint Pierre. Aidés par ses suffrages, puissions-nous obtenir l’objet de nos demandes par notre Seigneur Jésus Christ, qui vit et règne avec le père et l’Esprit-Saint dans les siècles des siècles. Amen.
Au troisième nocturne
Antiennes: 7. (Lc 1, 28) L’Ange Gabriel parla à Marie, disant: Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes.
8. Marie dit: Quelle pensez-vous que soit cette salutation? Parce que mon âme a été troublée, et que je dois enfanter un Roi qui ne violera pas la clôture de ma virginité.
9. (Ap 22, 12) En l’avènement du souverain Roi, que les cœurs des hommes soient purifiés afin que nous marchions à sa rencontre d’une manière digne: car voici qu’Il vient et Il ne tardera pas.
V/. (Is 26, 1) Le Seigneur sortira de son lieu saint.
R/. Il viendra pour sauver son peuple.
Lecture du saint Évangile selon saint Jean
(ch. I, 19-28)
Leçon vii
En ce temps-là, les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites vers Jean pour lui poser cette question: «Qui êtes-vous?» Et Jean confessa la vérité et ne la nia pas: il confessa qu’il n’était pas le Christ. «Qui êtes-vous donc, insistèrent-ils. Êtes-vous Élie?» Et il dit: «Non, je ne le suis pas.» «Êtes-vous le Prophète?» Et il répondit: «Non.» Ils lui dirent alors: «Qui êtes-vous enfin, pour que nous puissions rapporter une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dites-vous de vous-même?» «Moi, dit-il, je suis la voix de Celui qui crie dans le désert: Redressez la voie du Seigneur, comme l’a recommandé le prophète Isaïe.» Or ceux qui lui avaient été députés appartenaient à la secte des Pharisiens. Poursuivant leurs interrogations, ils lui dirent: «Pourquoi donc baptisez-vous si vous n’êtes ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète?» Et Jean leur répondit: «Pour moi, je baptise dans l’eau; mais au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas; c’est lui qui va venir après moi et qui a été fait avant moi, qui ne suis pas digne de délier le cordon de sa chaussure.» Ces faits se passaient au lieu où Jean baptisait à Béthanie au-delà du Jourdain.
Homélie de saint Grégoire, pape
(Homélie 7 sur les Évangiles, n. 1.
Texte latin et autre trad.: SC 485, 196.198)
Très chers frères, c’est l’humilité de Jean qui nous est proposée par les paroles de cette lecture; lui qui était d’une telle vertu qu’on eût pu le prendre pour le Christ, a choisi de se maintenir fermement en lui-même de peur d’être exalté vainement au-dessus de lui-même par l’opinion des hommes. Car «il reconnut, il ne nia pas, il reconnut: Je ne suis pas le Messie.» De fait, celui qui a dit: «Je ne suis pas» a nié clairement ce qu’il n’était pas, mais il n’a pas nié ce qu’il était; ceci pour que, disant la vérité, il devienne membre de celui dont il n’a pas prétendu assumer faussement le nom. Alors donc qu’il n’a pas voulu convoiter le nom du Christ, il est devenu membre du Christ. Il a mérité de parvenir dans la vérité à sa grandeur parce qu’il se souciait de reconnaître humblement sa propre faiblesse. Mais une parole de notre Rédempteur, dans une autre lecture, vient à l’esprit, et soulève pour nous à propos du texte de ce passage une question très complexe.
Leçon viii
Dans un autre endroit, n’est-ce pas, le Seigneur interrogé par les disciples au sujet de l’avènement d’Élie, répond: «Élie est déjà venu, et ils ne l’ont pas reconnu, mais ils l’ont traité à leur guise.» «Et si vous voulez le savoir, c’est Jean qui est Élie.» Interpellé, Jean dit: «Je ne suis pas Élie.» Qu’est-ce que cela signifie, frères très chers, que le prophète de la vérité nie cela même qu’affirme la Vérité? Car il y a une grande différence entre: «C’est lui» et «Je ne suis pas». Comment est-il prophète de la vérité s’il n’est pas d’accord avec les paroles de cette même Vérité?
Leçon ix
Mais si l’on analyse avec finesse la réalité même, on trouvera comment il se fait que dissonance ne soit pas contradiction. Car l’ange dit à Zacharie à propos de Jean: «Lui-même marchera le premier devant lui avec l’esprit et la puissance d’Élie.» Il viendra donc avec l’esprit et la puissance d’Élie parce que, comme Élie devancera le second avènement du Seigneur, ainsi Jean devance-t-il le premier. Comme celui-là viendra en précurseur du Juge, ainsi celui-ci est devenu précurseur du Rédempteur. Jean, donc, était Élie en esprit; il n’était pas Élie en personne. Ainsi ce que le Seigneur affirme de l’esprit, Jean le nie de la personne.