Croire et savoir 1 par Abbé Néri 2015-05-28 19:18:49 |
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Sont deux opérations de l'intelligence qu'il importe de bien distinguer parce qu'une confusion dans leurs notions respectives entraine des conséquences considérables. Saint Augustin dit au livre sur la Prédestination des saints que « croire, c’est réfléchir avec assentiment » Et, dans les questions disputées saint Thomas* offre une fin analyse de cette définition, que je ne vous donnerai pas ici dans son intégrité, mais dont je vous livre quelques éléments.
Celui qui sait est distinct de celui qui croit
"La description que fait saint Augustin de l’acte de croire est adéquate, puisque par une telle définition son être est montré, ainsi que sa distinction de tous les autres actes de l’intelligence."
"Notre intelligence, suivant le Philosophe au livre sur l’Âme, a deux opérations:
- L’une par laquelle elle forme les simples quiddités des réalités, comme ce qu’est l’homme, ou ce qu’est l’animal ; et dans cette opération, tout comme dans les expressions incomplexes, ne se rencontrent pas le vrai par soi, ni le faux.
- L’autre opération de l’intelligence est celle par laquelle elle compose et divise, en affirmant et en niant : et c’est en elle que l’on trouve le vrai et le faux, tout comme dans l’expression complexe, qui est son signe.
Or l’acte de croire ne se trouve pas dans la première opération, mais seulement dans la seconde : en effet, nous croyons au vrai et nous refusons de croire le faux."
"Or, puisque l’intellect possible, pour sa part :
- est en puissance relativement à toutes les formes intelligibles, comme aussi la matière prime l’est relativement à toutes les formes sensibles,
- il n’est pas non plus déterminé, pour sa part, à adhérer à la composition plutôt qu’à la division, ou vice versa.
Or tout ce qui est indéterminé par rapport à deux choses, n’est déterminé à l’une d’elles que par quelque chose qui le meut. Or l’intellect possible n’est mû que par deux choses :
- l’objet propre, qui est la forme intelligible, c’est-à-dire la quiddité, comme il est dit au troisième livre sur l’Âme.
- et la volonté, qui meut toutes les autres puissances, comme dit Anselme."
"Ainsi donc, notre intellect possible se rapporte diversement aux propositions contradictoires.
I. - Parfois, en effet, elle {l'intelligence} n’est pas inclinée à l’une plutôt qu’à l’autre:
- soit à cause du défaut des moteurs, comme dans les problèmes au sujet desquels nous n’avons pas d’argumentation.
- soit à cause de l’apparente égalité des choses qui meuvent à l’une et l’autre partie.
Et telle est la disposition de celui qui doute : il fluctue entre les deux propositions contradictoires."
"II.- Quelquefois, par contre, l’intelligence est inclinée à l’une plutôt qu’à l’autre, cependant cette chose qui incline ne meut pas suffisamment l’intelligence pour la déterminer totalement à l’une des parties ; par conséquent, elle accepte certes une partie, mais doute toujours de l’opposée. Et telle est la disposition de celui qui a une opinion : il accepte une proposition contradictoire avec la crainte de l’autre."
"III.- Mais parfois, l’intellect possible est déterminé à adhérer totalement à une seule partie. Or, il l’est :
- tantôt par l’intelligible,
- tantôt par la volonté.
Par l’intelligible:
- soit médiatement,
- soit immédiatement."
"Immédiatement, lorsque par les intelligibles eux-mêmes la vérité des propositions apparaît immédiatement et infailliblement à l’intelligence.
Et telle est la disposition de celui qui a l’intelligence des principes, qui sont immédiatement connus dès que les termes le sont, comme dit le Philosophe.
Et ainsi, par la quiddité elle-même, l’intelligence est immédiatement déterminée à ce genre de propositions."
"Médiatement, lorsqu’une fois connues les définitions des termes, l’intelligence est déterminée à l’une des propositions contradictoires en vertu des premiers principes."
"Mais parfois, l’intelligence ne peut être déterminée à l’une des propositions contradictoires :
- ni immédiatement par les définitions mêmes des termes, comme c’était le cas des principes,
- ni non plus par la force des principes, comme c’était le cas des conclusions de démonstration.
Mais elle est déterminée par la volonté, qui choisit d’assentir à une seule partie de façon déterminée et exclusive, à cause d’une chose qui est capable de mouvoir la volonté, mais non de mouvoir l’intelligence, par exemple parce qu’il semble bon ou convenable d’assentir à cette partie.
Et telle est la disposition du croyant, comme lorsque quelqu’un croit aux paroles d’un homme parce que cela lui paraît convenable ou utile."
"Et ainsi encore, nous sommes mus à croire aux paroles de Dieu parce qu’une récompense de vie éternelle nous est promise si nous avons cru : et par cette récompense la volonté est mue à assentir aux choses qui sont dites, quoique l’intelligence ne soit pas mue par une chose comprise."
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