Hier en rendant visite à des fidèles près du Père Lachaise suis-je descendu dans la station de métro Gambetta et la vue de l’affiche publicitaire pour le concert organisé au bénéfice des chrétiens d’orient vandalisé par de gens à qui cela a incommodé m’incita à la réflexion.
On pouvait lire une forme d’injonction bien connotée : « halte au communautarisme chrétien », et en conséquence les mots chrétiens d’orient étaient barrés. Il y avait aussi une interrogation : « qui a envahi l’Irak ? ». Ce qu’est révélateur de l’origine des vandales.
Voilà en plein Paris une drôle d’injonction de la part de gens qui de plus en plus se signalent par leur communautarisme et leurs revendications identitaires rendues sensibles par leurs ténues vestimentaires. Les tensions entre musulmans et les chrétiens s’éveillent avec acuité aussi en occident.
A vrai dire cela n’est pas nouveau, il se trouve qu'en lisant un dossier sur l’immigration publié par la revue jésuite Christus (vieux de presque un quart de siècle, puisque publié en Avril 1991) j’ai pu constater que le conflit irakien a été et demeure révélateur de la confrontation entre Islam et christianisme.
La lecture d’un extrait d’un article publié dans ce dossier pourra l’illustrer :
« Au moment où cet article est écrit, la crise du golfe bat son plein. Après avoir combattu dans une guerre longue et sanglante l’Iran de Khomeiny qui s’était présenté comme le modèle d’une société musulmane, Saddam Hussein, à son tour, lève la bannière de l’Islam. Ainsi cette crise entretient l’image que beaucoup de chrétiens, et beaucoup d’occidentaux en général, se font de l’Islam : religion de la « guerre sainte », du fanatisme et de la violence.
D’autre part, nombre de musulmans verront dans la présence occidentale dans le golfe la persistance de l’esprit des Croisades, de la volonté de l’Occident – considéré comme chrétien – et de s’imposer par la force au monde musulman et d’en empêcher l’indépendance et l’épanouissement.
Et nous voilà en plein dans l’imaginaire d’une confrontation entre Islam et Christianisme, bien entretenu par certains médias.
Par ailleurs, en Europe occidentale, cet imaginaire de confrontation ne touche plus seulement le domaine de relations internationales, mais se répercute désormais à l’intérieur de la société par la présence importante et stable de l’Islam, grâce surtout aux immigrés maghrébins et turcs.
Les conflits sociaux et raciaux dans lesquels ces immigrés (et leurs enfants) sont impliqués, se colorent souvent eux aussi de la confrontation religieuse.
La peur (réciproque) de l’autre fait voir en lui une menace pour l’identité et les valeurs propres – en plus d’un concurrent sur le plan économique et social.
Dans nombre de sociétés européennes l’Islam a fini par représenter l’autre par excellence, celui qui ne se laisse pas réduire aux schémas habituels.
C’est notamment au plan collectif que ce sentiment de confrontation est le plus fort. Sur le plan individuel il y a heureusement beaucoup de rapports positifs entre musulmans et chrétiens, aussi bien en Occident que dans les pays à majorité musulmane. Mais ces rapports positifs entre individus risquent toujours de céder le pas aux phantasmes collectifs, surtout quand ceux-ci sont le fruit de la peur inconsciente de l’autre et de tout un legs de l’histoire. » (1)
L’idée subjacente à cette analyse est qu’il faut dépasser la confrontation par le dialogue. Mais il est évident qu’une telle réponse est insuffisante et malgré le fait que la situation se soit aggravée considérablement depuis, beaucoup insistent encore dans le choix de cette option :
« Déployer les forces nécessaires pour que l’Islam, aujourd’hui en éruption violente, ne se sente coincé, défié ou peu respecté et n’entre en confrontation avec l’Europe et l’Occident. Les chrétiens d’Orient et particulièrement ceux du Liban sont des collaborateurs essentiels pour cette mission si importante pour le monde. »(2)
Peut-on lire dans les propositions faites par le Patriarche des maronites devant l’’UNESCO. Mais la confrontation est déjà là ! Et, elle risque de s’amplifier et ne plus épargner les européens à l’intérieur de leurs propres pays. On peut lire par exemple l’avertissement lancé par Thierry Baudet récemment, à propos du problème qui posse la marée humaine des immigrants sur les côtes italiennes :
« En raison de l'immigration de masse et des aspirations politiques naturelles des musulmans devenus très nombreux, nous prenons le risque d'un retour à l'état de guerre civile paneuropéenne. C'est une raison supplémentaire pour ne pas permettre l'arrivée de ces réfugiés sur nos côtes. » (3)
Affaire à suivre…
(1) Christian Van Nispen Tot Sevenaer S.I.– Chrétiens et musulmans, De la confrontation à la rencontre – Christus n° 150 Avril 1991 – pp. 181-182.
(2) Extrait du discours à l'UNESCO prononcé par le Patriarche maronite le cardinal Béchara Boutros Raï.
(3) Thierry Baudet : «Le risque de guerre civile paneuropéenne est réel» - figaro vox)
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