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Francis Cabrel fait son coming-out catholique
par Jean Kinzler 2015-04-23 15:18:45
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Francis Cabrel « Je prends le Christ à témoin »

Après un long silence de sept ans et à l’occasion de la sortie de son treizième album, In extremis, Francis Cabrel s’est confié à Pèlerin. Sans fard, le célèbre chanteur et guitariste du Lot-et-Garonne nous parle de sa carrière, de sa paternité et de sa foi.Pèlerin. Sept ans se sont écoulés depuis votre dernier album. Qu’est-ce qui explique ce long silence ?
Francis Cabrel. Je ne suis pas resté les bras croisés pendant tout ce temps. J’ai travaillé sur deux comédies musicales : L’enfant porte et Le soldat rose. En 2012, j’ai sorti un album d’hommage à Bob Dylan. Mais j’avoue que si ce nouveau disque a pris plus de temps que les autres, c’est parce qu’à mon âge, j’ai moins d’idées qu’il y a vingt-cinq ans.

Vous avez 61 ans. Devenir sexagénaire a-t-il changé quelque chose pour vous ?
F.C. J’ai désormais besoin de sept ans pour écrire douze chansons (rires). Plus sérieusement, je pense maintenant que le temps est compté. C’est pour cela que j’ai appelé mon album In extremis. Dorénavant, tout ce que je veux dire, je dois l’exprimer de façon claire. Ce tournant m’a poussé à faire un bilan d’étape. Pour écrire cet album, j’ai pris le temps de la réflexion. J’ai peiné.

► Teaser. " Partis Pour Rester ". Extrait du nouvel album de Francis Cabrel IN EXTREMIS à paraître le 27 Avril.



Sur le plan rythmique, vous êtes pourtant resté dans les tonalités anglo-saxonnes qu’on vous connaît !
F.C. Difficile de faire autrement, car c’est en écoutant les Jimmy Hendrix, Bob Dylan, Eric Clapton, Leonard Cohen ou les Rolling Stones que, adolescent, j’ai eu envie de jouer de la guitare et d’écrire des chansons. En revanche, comme je suis contre l’hégémonie de la langue anglaise, je compose essentiellement en français.

►Teaser. "A chaque amour que nous ferons". Extrait du nouvel album de Francis Cabrel IN EXTREMIS à paraître le 27 Avril.



Cela fait de vous l’un des chanteurs français les plus écoutés, et vos textes sont enseignés dans les écoles du monde entier !
F.C. Comme je ne voyage pas beaucoup, je n’ai pas tout à fait l’idée de ce que ça représente. J’ai quelques échos sur des personnes qui font du Cabrel en Afrique, dans le Pacifique, dans les Antilles, au Canada. Je suis assez content de l’idée que mes chansons voyagent et que moi je reste à la maison.


Ça me flatte et ça m’intéresse de savoir que je suis un ambassadeur, parmi d’autres, qui font vivre notre magnifique langue française.
Si les chansons d’amour ont fait votre succès, vous êtes aussi un chanteur engagé. Quelques chansons de votre nouvel album laissent penser que vous êtes désabusé par l’actualité…
F.C. Ceux qui nous gouvernent me désespèrent. Ils forment une caste surprotégée et tellement éloignée du peuple qu’il leur est leur difficile de répondre aux aspirations des gens. Dans mes chansons, il n’y a rien de bien révolutionnaire. Je me contente de me moquer gentiment de la classe politique, en donnant mon modeste avis sur la façon dont les choses auraient dû être.

Dans Le pays d’à côté, vous fustigez le repli sur soi de certains Français.
F.C. Cette chanson a été écrite avant les attentats de janvier. À l’époque déjà, une certaine France aspirait à une société cloisonnée, remettant en question les valeurs de solidarité et d’entraide qui ont fondé notre vivre ensemble. Ma chanson plaide pour plus d’humanité. Plutôt que de penser qu’à côté ça va plus mal, il faut déjà faire tout pour que les choses aillent mieux ici.

Cette humanité s’exprime à travers une chanson qui rend hommage à Mandela.
F.C. Émotionnellement, " Madiba " est le personnage le plus fort du XXe siècle. Sa vie en deux parties, de l’ombre à la lumière, est un exemple pour tous. Après avoir subi des humiliations parfaitement injustes pendant tant d’années, il est arrivé au sommet du pouvoir et ne s’en est pas servi pour se venger. Cette attitude a quelque chose de flamboyant que j’ai voulu saluer.

Vous faites un parallèle troublant entre Mandela et une de vos filles.
F.C. Lorsque ma première fille a eu 27 ans, j’ai regardé tout le chemin qu’elle a parcouru de sa naissance jusqu’à cet âge-là. J’ai pensé aux vingt-sept ans de séjour en prison de Mandela. J’ai réalisé que, pendant qu’il était au bagne, la terre a continué de tourner. Des fillettes sont devenues des femmes.





Dans un registre plus intime, vous chantez les tourments d’un père au moment où ses filles quittent le domicile familial.
F.C. J’ai été papa relativement tard. À 33 ans. À ce moment-là, j’ai choisi d’être davantage père de famille qu’artiste. J’ai bâti un cocon familial avec ma femme et mes trois filles. Quand, il y a quelques mois, les deux aînées ont décidé de partir, je l’ai très mal vécu. Je me suis senti abandonné. On avait vécu pendant vingt ans en symbiose, puis la maison s’est vidée. Ça m’a fait un choc. J’avais pourtant conscience qu’il fallait qu’elles partent pour pouvoir vivre leur vie. C’est cette mélancolie que j’exprime dans Les tours gratuits. J’imagine que tous les parents dans la même situation ressentent la même chose.

Est-ce ce vertige qui vous a poussé à évoquer votre foi catholique à travers Dans chaque cœur ?
F.C. Ce n’est ni un aveu, ni une déclaration publique, car je n’ai jamais fait mystère de ma foi.

Je suis catholique de fait et de conviction.
Mes grands-parents, d’origine italienne, étaient très pratiquants. Mes parents m’ont inculqué les valeurs du catholicisme. Quand j’évoque « le crucifié du Golgotha », son sacrifice résonne parfaitement en moi.

Le Christ vous accompagne-t-il au quotidien ?
F.C. Je le prends à témoin et je le remercie régulièrement. C’est un personnage qui fait partie du rêve, de la pureté et du don de soi. J’adhère totalement aux fondements de son message qui est d’une grande clarté et qui parle d’amour du prochain. Mais ce que je n’aime pas, c’est ce que certains ont fait de sa parole.

C’est ce que vous avez décrié dans Les cardinaux en costume, un titre de votre album précédent ?
F.C. Oui. Pour moi, les cardinaux en costume, ce sont toutes les personnes, dans l’Église ou dans d’autres domaines, qui profitent d’une fonction ou d’un pouvoir pour leurs intérêts égoïstes.

Pensez-vous que les réformes engagées par le pape François pour réformer l’Église aillent dans le bon sens ?
F.C. Plus proche des gens, plus vrai, un peu moins écrasé par le costume, ce pape donne l’impression d’être un homme libre. Courageux, il n’a pas peur de bousculer et de faire réfléchir les catholiques pour les ramener à l’essentiel du message du Christ. Il dit des choses fortes, prend position sur des questions importantes comme le sort des migrants ou des chrétiens d’Orient. Reste à savoir comment ces déclarations peuvent devenir des actions concrètes.

Vous doutez de ses chances de réussite ?
F.C. J’ai espoir en la jeunesse. On prétend souvent que les valeurs chrétiennes sont menacées ou en recul. Mais des événements comme les Journées mondiales de la jeunesse, qui rassemblent des centaines de milliers de jeunes, donnent le sentiment qu’il y a un regain de spiritualité. Je suis admiratif de cette ferveur qui dépoussière l’image des catholiques, qu’on assimile trop souvent à des personnes âgées et conservatrices. La jeunesse catholique me semble prête à suivre le pape François dans ses réformes.

La religion peut-elle sortir l’humanité des conflits auxquels elle est confrontée ?
F.C. Je pense qu’à la base, toutes les religions prônent bonté, amour et paix. Une poignée de personnes essaient de détourner ces valeurs à leur avantage et insufflent le mal. Si toutes les religions travaillent de concert, on peut espérer un avenir radieux pour tous.

Vous avez toujours été une star discrète. Comment réussissez-vous à échapper au tumulte médiatique ?
F.C. En préservant ma vie privée. Je n’ai jamais voulu montrer ni ma famille ni ma maison. J’ai toujours pensé que mes chansons étaient plus importantes que celui qui les chante. Je ne cherche donc pas spécialement à ce que l’on parle de moi.Pelerin

     

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