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Le "docteur commun"
par Abbé Néri 2015-01-05 16:14:49
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Il y a quelques jours un jeune s’approche de moi dans le wagon du métro pour me saluer et me dit qu’il est séminariste. Au cours de la conversation il m’apprend qu’il vient de commencer sa théologie - et alors je le demande - comment elle est enseignée aujourd’hui dans son séminaire ? Et il me répond qu’ils ne suivent pas un manuel mais que leurs cours sont guidés par les textes du concile Vatican II et le catéchisme de l’Eglise. Je lui ai dit qu’en mon cas le texte de base était la somme théologique de saint Thomas qu’il avoue ne pas connaître.

Dans un fils récent parlant de saint Thomas Scrutator disait :

« Non seulement le néo-thomisme a décliné, sinon disparu, mais en outre il n'a pas été remplacé, en tant que courant de pensée ecclésial officiel ; en gros, depuis le milieu des années 1940, en ce qui concerne la théologie, depuis le milieu des années 1960, en ce qui concerne le Magistère, l'Eglise catholique ne dispose plus d'UN instrument de pensée, d'UN système de pensée, immédiatement identifiable, par ses partisans ou par ses détracteurs. »

Si on retient ce que je viens de signaler dans l’anecdote avec le jeune séminariste ce n’est pas seulement le néo-thomisme qui a décliné je ne dis pas disparu mais l’enseignement de saint Thomas tout court.

Dans le même échange après avoir dit à mon jeune interlocuteur qu’une partie de l’enseignement que nous recevions était fait en latin, il me dit textuellement : au risque de vous choquer nous n’étudions pas le latin ! – Je lui répondis que cela ne me choqué pas, mais cela m’attristais puisque cela les prive d’un patrimoine considérable.

Il y a quelque chose de semblable en ce qui concerne la doctrine de saint Thomas dont l’Eglise lui a donné le titre bien mérité de « docteur commun ».

Il est vraiment le Docteur des docteurs de l'Eglise.

"Un an passé à l'étude de saint Thomas peut apporter plus que toute une vie dans n'importe quel autre auteur" (Jean XXII, bulle de canonisation)

En France l’Institut docteur angélique en parlant de l’esprit de saint Thomas d’Aquin dit avec raison :

« Et ceux qui ont pris ce défi au sérieux savent que c'est vrai : il développe de manière UNIQUE l'amour de la vérité, l'humilité devant le réel, la simplicité de l'expression, la fidélité à la foi catholique, la perfection de sa compréhension, etc. Il forme des théologiens inimitables. »

Voilà pourquoi il me semble très dommageable qu’il ne soit plus en usage dans les séminaires.

Cependant cela ne signifie pas pour autant qu'un tel enseignement suffise à rétablir un ordre juste. Le déclin du néo-thomisme en donne une éclatante illustration.

Dans le même texte de l’Institut on trouve cet avertissement plein de lucidité :

Ce qui peut être dangereux dans l'usage de sa pensée

« Au cours des siècles, les écrits de saint Thomas ont formé des générations de théologiens de haute qualité... quand ils vivaient par et pour l'amour de Dieu et du prochain. Dans le cas contraire, l'expérience montre que la passion intellectuelle qu'il suscite peut générer trois types de corruption de l'intelligence :

- Les rationnels desséchés, qui se laissent excessivement séduire par la précision des raisonnements, comme si la réalité toute entière était maîtrisable par la raison. Ceux-là quittent le jugement sur la réalité en philosophie, sur l'amour de Dieu en théologie.

- Ceux qui se laissent enfermer dans l'esprit de système, à cause de l'universalité et de la cohérence de sa théologie. Ces personnes se reconnaissent à un certain mépris qu'elles ressentent pour les autres auteurs.

- Les répétiteurs qui, comme incapables de rendre vivante la théologie par leur propre énergie intellectuelle, répètent la pensée de saint Thomas, la clonent.

Un autre danger, affectif celui-là, peut venir de l'orgueil et rendre insupportable un authentique disciple de saint Thomas. »

Pour y remédier, on trouve ses propositions :

Pour éviter ces risques, deux remèdes sont ESSENTIELS:

Distinguer l’esprit de saint Thomas d’Aquin qui fait de lui le docteur commun.

- Dans les domaines de la philosophie, il faut maintenir que le seul vrai maître n'est pas saint Thomas, mais le réel. Il faut donc suivre ces trois règles: Humilité devant le réel, Expérience, Expérimentation.

- En théologie, le lien avec les trois canaux de la Révélation : Tradition apostolique et des saints, Ecriture, Magistère.

Pour la sainteté : il est plus qu'utile d'avoir une vivante et active fréquentation de la Vierge Marie par la prière. Sa simplicité féminine, est, à coup sûr, une véritable protection contre le rationalisme desséchant. »







     

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 Le "docteur commun" par Abbé Néri  (2015-01-05 16:14:49)
      Merci M l'abbé par Aigle  (2015-01-05 21:14:51)


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