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Pauvre François
par Abbé Néri 2014-11-30 22:27:13
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« Poverello » C’est ainsi qu’on appelle saint François en italien, « le pauvre » ; mais on veut exprimer par-là son amour de la pauvreté. Ce n’est pas ainsi que je l’entends ici, mais plutôt dans le sens de compassion ; «pauvre homme accablé ».

En fait il lui arrive quelque chose de semblable qu’a son divin Maître réalisant à la lettre ses paroles :

« Le disciple n’est pas plus que le maître, ni le serviteur plus que son seigneur. » (Matthieu 10.24)

Le Seigneur Jésus met en effet en garde ses disciples contre les difficultés qui les attendent :

« En raison du lien qui nous unit, vous devez vous attendre à être traités de la même manière qu’on me traite. Si on me persécute, vous serez persécutés aussi. Si je fais l’objet de médisances, préparez-vous à recevoir le même traitement. »

Benoît XVI évoque cette similitude dans une de ses catéchèses :

« En fait, certains historiens du XIXe siècle, et même du siècle dernier, ont cherché à créer, derrière le François de la tradition, un soi-disant François historique, comme on cherche à créer derrière le Jésus des Evangiles, un soi-disant Jésus historique. Ce François historique n'aurait pas été un homme d'Église, mais un homme lié uniquement au Christ, un homme qui voulait créer un renouveau du peuple de Dieu, sans formes canoniques et sans hiérarchie.... »
(Catéchèse du 27 janvier 2010)

Mais, il n y a pas que des historiens qui agissent de la sorte, même parmi des disciples du saint on en trouve qui contribuent à le défigurer. Le Père Ignacio Larrañaga, frère capucin, avait mis en garde contre ceux qui réduisent saint François à «une marionnette sans Dieu» :

«Nous continuons à plier Saint François aux modes de de la culture moderne, voilà pourquoi il est présenté comme un contestataire, un hippie, un écologiste… et comme frères Franciscains, nous ne sommes pas exempts de cette dérive ».

- Ecologiste, pacifiste, contestataire ... Combien de masques ont été collés à Saint-François, au fil des années !

« Malheureusement – dit le même père - la culture moderne continue à présenter sa figure selon les modes du moment: c'est pourquoi on le retrouve comme hippie, contestataire, écologiste ... C'est une tendance qui, de façon subliminale, circule aujourd'hui, même parmi les frères franciscains. Beaucoup de livres, d'ailleurs, continuent d'offrir aux hommes d'aujourd'hui un François sans Dieu ou avec un Dieu dans une tonalité mineure ».

On peut le constater aussi dans d’autres supports que les livres, les films par exemple. Pour ne pas remonter trop loin, prenons le film de Roberto Rossellini :

« Rossellini choisit assez peu dans les textes des Fioretti ceux racontant la vie de saint François. Il choisit pas mal de textes à côté racontant la vie de Ginapro. C'est un simple, inventif, un peu fou, un fantaisiste qui n'a pas de responsabilité. Du coup, Rossellini décentre le film car il n'a pas envie de faire un film pieux qui exalterait la vie de saint François mais plutôt un film sur la fantaisie et l'innocence. » (Onze fioretti de François d'Assise – Roberto Rossellini -1950)

Les journalistes recueillent facilement le message, ainsi en 2010 Yann Moix affirme :

« Rossellini et saint François une approche assez identique de la mystique : retour à la nature, aux éléments naturels, mais ils s’érigent contre les dogmes, contre l’Eglise dogmatique, pour développer une conception « hors-piste » de la foi. »

• (La cinémathèque idéale du magazine « Transfuge ». A l’occasion de la projection de “11 fioretti de saint François d’Assise” de Roberto Rossellini au cinéma Saint-Germain, Yann Moix donne un avant-goût du débat qu’il animera ce mardi 18 janvier.)


Poursuivons, avec un film américain sur la vie du saint en 1961, dont voici la synopsis :

« Le début du XIIIe siècle fut une époque agitée. L’Empereur était en conflit avec le Pape, le Prince avec le Roi et le bourgeois avec le noble. C’est alors qu’apparut un homme qui apportait un message d’amour et de paix et qui survit encore aujourd’hui dans le cœur des croyants. » (Un film de Michael Curtiz – 1961)

Et revenons en Italie peu après avec Pier Paolo Pasolini en 1966 dans son « Uccellacci e uccellini ». Dont Anthony Sitruk dans « Film de Culte » offre de manière synthétique ce qui a retenu l’attention du cinéaste marxiste :

« Petit essai théorique, Des Oiseaux petits et grands est également un délice cinématographique, dans lequel le moindre détail a son importance (le nom des rues, les panneaux d'indication), scindé en son milieu par une petite fable politique dans laquelle deux moines tentent de parler aux oiseaux et de les initier à l'amour de Dieu. Las, ils se rendent compte que certaines espèces attaquent les autres, persuadées que leur foi les rend supérieurs. Saint-François d'Assise conclut: "Cette inégalité entre classes, entre nations, n'est-elle pas la plus grave des menaces contre la paix?"

Passons à « François ou le Chemin du soleil » de Franco Zeffirelli sorti en salle en 1972. C'est un beau portrait «périphérique» de François. Voici ce qui en dit le père Larrañaga, cité plus haut :

« Il ne donne aucune explication sur le mystère de son âme. Tout nous apparaît comme un monde magique dans lequel seul un masochiste chimiquement pur peut accomplir ce que François répète dans ces scènes: se soumettre à une vie errante en offrant un visage heureux à d'aigres visages, utiliser la douceur dans l'amertume, trouver la joie dans la pauvreté ... Tout cela nécessite un long chemin dans la douleur et dans l'espérance, en pratique, le passage transformant de Dieu dans la vie d'un homme. Et cela, le film ne le montre pas. »

Jean-Paul II a parlé de ce film – sans réserves - en rappelant que :

«Les hommes admirent et aiment ce saint parce qu'ils voient se réaliser en lui, et de façon extraordinaire, ce qu'ils désirent pour eux-mêmes par-dessus tout, sans pouvoir y atteindre au cours de leur vie, à savoir: la joie, la liberté, la paix, la concorde et la réconciliation entre les hommes et même entre les états»

Cependant ils ne parviennent pas à voir quel est le secret d'un homme qui est allé à la mort en chantant.

Le bonheur de Saint-François dérivait du fait que son cœur débordait de la présence vibrante et aimante Dieu. Il croyait vraiment que la mort ne ferme pas les portes de la vie, mais nous ouvre au contraire celles de la vie éternelle.

Alors que le plus grand problème de l'homme d'aujourd'hui est le manque de foi en la vie éternelle.

     

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