Témoignage peut-être un peu naïf mais sympathique et touchant, de la réalité de l'Eglise aujourd'hui dans le monde rural...
Sous la plume de Philippe de Casabianca, dans le Bulletin de l'Eglise de Corse.

Extraits:

Petru Saveriu a quinze ans et partage sa vie entre le lycée à Corte et Petra Serena, paroisse animée par l’Abbé Vincent. C’est un catholique en action, aussi bien sonneur de cloches que distributeur d’enveloppes du Denier de l’Eglise.

-Petru Saverio, récemment on vous a vu du côté de Petra Serena en compagnie de dames chargées d’enveloppes. Expliquez nous…

Eh bien je distribuais les enveloppes du Denier pour aider notre curé. J’étais avec Angèle qui a 63 ans et je ne me suis pas du tout senti ridicule. Je la connais depuis que je suis tout petit. Je connais le Père Vincent aussi et ça m’a paru naturel d’aller l’aider.

J’ai été partant tout de suite. On a fait du porte-à-porte pour convaincre les gens de donner au Denier. Nous avons eu très peu de récalcitrants. Certains se sont laissés convaincre à la sortie de la messe. J’ai trouvé ça très agréable de se rendre ainsi utile. Je crois qu’on a fait une belle récolte.

Mais à 15 ans, j’ai toujours été croyant. J’ai sept ans de catéchisme derrière moi et j’ai toujours pratiqué. Bon, c’est vrai je suis un peu plus impliqué que mes amis. Je dois peut être ça à mes parents et grands parents qui m’ont appris les prières et la Bible.

J’essaie d’aider le curé comme je peux. En ce moment, je sonne les cloches. C’est un petit plaisir et c’est utile. Des personnes se sont moquées de moi en me disant qu’on n’est plus au moyen-âge.

Et puis avant, j’étais enfant de chœur à Corbara, au couvent. J’y dormais souvent d’ailleurs. Maintenant, je ne suis plus enfant de chœur car je trouve que c’est plus vraiment de mon âge.

En fait, je vais à la messe une fois par mois, quand elle a lieu au village. C’est une habitude. C’est rare de voir les jeunes aller à la messe. Ils disent que ça les ennuie ou qu’ils ne croient pas. Alors, j’en parle pas trop. Quand j’ai été confirmé, au début, je ne voulais pas trop y aller. J’avais peur d’être seul. Maintenant, je trouve que c’est une bonne chose de faite. L’Eglise de Corse essaie de s’occuper des jeunes mais beaucoup encore ne font pas leur confirmation car ils ne se sentent pas attirés.

En fait, les jeunes viennent à la fête patronale de Saint Roch. Ils viennent aussi pour les fêtes de la Vierge. Et s’il y a un apéritif à la sortie de la messe, ça en fait forcément venir davantage.


-Qu’est ce que l’Eglise de Corse devrait-elle alors faire ?

S’il y avait plus de prêtres, ça serait bien. Au village, on a la messe qu’une fois par mois. Alors du coup, on n’y va qu’une fois par mois. Je ne suis pas trop attiré par les messes dans d’autres villages, sauf pour les grandes cérémonies comme Noël. Mais c’est vrai que ça serait bien si les gens se déplaçaient pour aller à la messe tous les dimanches. Si tout le monde le faisait, peut être que je le ferais aussi.

Je crois aussi que ça serait bien que les jeunes aient des lieux où ils puissent parler de la Foi. Moi, elle m’a toujours aidé. Quand je perdais des proches, je me suis consolé en me disant que je les retrouverai un jour au Ciel. Peut-être qu’un jour je donnerai des cours de catéchisme.

Et puis avoir des confréries, ça aide aussi. J’ai un grand-oncle qui est confrère à Pietralba. C’est mon père qui a contribué à relancer cette confrérie. Elle a de l’allure.

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