SI bien, je dis: SI bien, elle a parlé (et en ce qui concerne Fatima je veux bien le croire, en principe), elle n'a certainement pas parlé "pour rien", même s'il ne faut jamais oublier, que cette révélation, oui Fatima aussi, comme d'autres, est et reste une révélation privée, une révélation donc qui concerne en premier lieu celui qui la reçoit et son directeur spirituel, qui doit la juger, et en principe personne d'autre.
Si tout catholique peut s'en inspirer (en utilisant des sources fiables autorisées par une juridiction compétente pour en prendre connaissance, si elle est dûment et légitimement publiée) pour sa vie spirituelle privée, on ne saurait en déduire, mine de rien, des obligations, voire des menaces, pour des tiers, encore moins certaines obligations d'ordre public pour toute l'Eglise.
Jamais.
Notre Seigneur, et sa Sainte Mère, ne sont pas des anarchistes, et s'ils ont quelque chose d'important à dire au Pape, ils sauront s'adresser directement à lui.
Ceci explique, à mon avis, la réticence (et j'aurais agi comme lui !) bien sage et bien conseillée du Pape Pie XI (le Pape Benoît XV n'a probablement rien su de Fatima, et de toutes façons il avait d'autres chats à fouetter entre 1917 et son dernier rhume de 1922) et même, dans une certaine mesure, encore celle du Pape Pie XII, quoique ce dernier a dû se dire probablement que son sacre épiscopal, le 13 mai 1917, dût avoir lieu à un moment bien spécial. Nous savons aujourd'hui pourquoi.
Mais il ne s'est pas décidé lui non plus à entériner publiquement ce qui lui était présenté comme le(s) message(s) de Fatima. Et après lui, c'est le néant.
La Sainte Vierge aurait dit aussi: Au Portugal se conservera toujours le dogme de la Foi. J'ai lu ça quelque part dans un petit bouquin, il y a des années quand je lisais encore des petits bouquins. J'en ignore la version en portugais. Car la Sainte Vierge, si elle a parlé aux pasteurs, elle s'est exprimée dans leur langue, peut-être meme dans leur patois, comme à Lourdes. Or, tous les petits bouquins que je connais, sont en allemand, ou en français, ou en anglais. Je vous dis que je m'en lasse et que je ne les lis plus.
Vous croyez qu'elle a dit ça ?
Si c'est le cas, elle s'est manifestement trompée, grossièrement trompée, car dire que le "dogme de la Foi" (dont nécessairement la vraie Messe et les vrais sacrements, la moralité publique et j'en passe) s'est conservé au Portugal, serait une blague de très mauvais aloi.
Pas plus qu'en Espagne d'ailleurs.
Non, la Sainte Vierge ne se trompe pas, donc elle n'a pas dit ça, ELLE N'A PAS PU DIRE CELA, puisque contra factum non valet argumentum.
Et si elle n'a pas pu dire cela, elle n'a peut-être pas dit d'autres choses encore qu'on (qui ?) lui attribue.
Résignons-nous : on ne saura plus jamais quel est vraiment le message authentique de Fatima. Car j'admets bien que message il y a eu. Mais il a été falsifié et tronqué dès le début, pour des raisons que nous n'avons commencé à comprendre que dans les années 70.
Après soeur Lucie I et soeur Lucie II, mystères nº I II et III, IIIa et IIIbis, publiés ou pas publiés, résignons-nous au fait que nous ne saurons JAMAIS ce qu'il en est vraiment. On a "noyé le poisson", comme vous le dites je crois dans votre langue, à dessein. Il ne faut pas croire qu'aux archives du dormant Saint-Office, si un jour une personne en autorité et de bon aloi y accède (ce n'est pas le cas aujourd'hui, soyons clair, depuis quelques décennies), on trouvera encore la réponse. Le message original qui y fut apparemment déposé n'existe vraisemblablement plus.
Quant à la dévotion des premiers samedis, avec messe votive Adeamus cum fiducia, si les rubriques le permettent, du Coeur Immaculée (depuis la dernière guerre): c'est très bien, comme celle des premiers vendredis, et, n'oublions pas, celle des premiers jeudis (depuis 1935), la plus nécessaire, peut-être, actuellement: Messe votive du Souverain Prêtre Juravit Dominus, avec Gloria et Credo, qui prend préséance sur toute fête double même majeure, et qui peut-être commémorée (sous une conclusion) les doubles de Ie et de IIe classe, qui ne sont pas fêtes du Seigneur.
Ce n'est qu'aux fêtes du Seigneur, leurs vigiles et pendant leurs octaves qu'on prend la messe du jour, sans mémoire de la votive.
J'ai bien essayé, toute ma vie, d'aller à ces messes en début de mois, d'y prier et d'y communier, de me confesser, là où je pouvais, là où ces messes se célèbrent, selon les rubriques de 1911 et les réalités ecclésiologiques de l'après 1958, mais à vrai dire, je n'ai jamais compté si j'en étais au 3e, ou 5e ou 7e mois ...
Je serai franc.
Je suis persuadé que nous devons, en 2014, pour notre vie spirituelle, faire totalement abstraction de tout message privé, de toute révélation privée, je parle des nouvelles, que l'on puisse nous presenter, puisque l'autorité nécessaire fait défaut pour en juger de façon adéquate et autoritative. Or, je l'ai dit, le Bon Dieu n'est pas anarchiste. Pendant une vacatio legis comme celle que nous vivons, il est très peu vraisemblable que le Ciel fasse passer des messages, qui concernent le salut des hommes, tout en sachant que leur valeur exacte ne saurait être déterminée par une autorité compétente. Ce serait se moquer des gens.
Il n'y a donc pas de révélations privées récentes, qui puissent nous intéresser; s'il y en a de vraies, alors elles ne sauraient concerner que ceux qui les ont reçues, et surtout elles ne sauraient prétendre à enseigner ou obliger des tiers. Si elles le font, elles doivent être des impostures.
Je vous l'avoue: c'est a priori mon attitude aussi vis-à-vis des révélations privées d'avant 1958.