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un spécialiste en novlangue répond par Pèlerin 2014-06-12 15:20:48 |
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Votre question ayant trouvé peu de réponse, voilà ce que je vous propose au sujet du concept du moment. En effet, désormais tout le monde veut aller à la périphérie (attention car bientôt on va s'y cogner les uns les autres). Y aller, c'est unanime, mais pour quoi dire, c'est plus compliqué (je sais je suis critique...).
Un spécialiste de la novlangue, Mgr Dagens, dans le cadre d'Evangeli Gaudium :
Un mot revient constamment... c’est : « sortir » ou « sortie ». Le Pape François se réfère à Paul VI et insiste sur le fait que l’Église dans les temps actuels, qui sont des temps de crise, où un certain nombre de catholiques sont tentés par le repliement, est appelée à « sortir d’elle-même ». Comme Benoît XVI le disait déjà - ils sont dans la même ligne : le but de l’Église, ce n’est pas l’Église ; le but de l’Église, c’est l’évangélisation ; et l’Église évangélise en recevant elle-même l’évangile du Christ et la joie de l’évangile, et d’autre part, en sortant d’elle-même pour vivre cette joie dans un monde qui ne déborde pas de joie et d’espérance.
"L’autre expression qu’emploie souvent le Pape, c’est : « aller vers les périphéries ». Il donne à ce mot de périphérie un double sens. Il s’agit bien entendu des périphéries géographiques, sociales, notamment les périphéries urbaines, les zones de précarité, de pauvreté, qui sont extrêmement nombreuses dans son pays d’origine, l’Argentine, mais aussi dans nos pays européens et à Angoulême, les périphéries que l’on appelle quelquefois des quartiers sensibles ou difficiles, avec des violences et des peurs. Il y a donc le sens géographique et social de ces périphéries urbaines, et d’autre part le sens existentiel, c'est-à-dire des zones de l’existence humaine où il y a des souffrances, des détresses et notamment - c’est le 2e chapitre - ce qu’il appelle, en y insistant, des phénomènes d’exclusion. Il explique que les phénomènes d’exclusion ne sont pas comparables aux phénomènes d’oppression ou d’exploitation que Marx avait analysés avec la lutte des classes. Il dit : quand c’est l’exclusion qui domine, les personnes se trouvent par définition en dehors de la société. Il ajoute : elles deviennent alors comme des déchets, des restes. Et l’on ne peut pas se résigner à traiter des êtres humains comme des déchets. Il donne un exemple très parlant. Il dit : une vieille femme qui meurt de faim dans une ville riche où beaucoup de gens peuvent consommer, on en parle pas mais la bourse monte de deux points ou descend de deux points, c’est une grande nouvelle. Il y a une disproportion formidable, on ne peut se résigner, dit-il, on doit lutter contre cette économie de l’exclusion et du déchet, qui est en même temps une économie du mépris de la personne humaine."
Il y a donc dans ce texte l’appel de l’Église à sortir pour être présente dans ces périphéries, soit géographiques, soit humaines, c’est-à-dire existentielles, là où le mépris de la dignité humaine inspire, provoque, des processus destructeurs."
"...l'appel à « sortir de son propre confort et à avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l'Évangile. » (Evangelii Gaudiurn 20). Je souhaite que l'Église catholique en France prenne les moyens de répondre à cet appel, de façon plus résolue et plus solidaire.La crainte est d'ordre politique au sens fort de ce terme. Il s'agit de notre présence de catholiques dans la cité commune, à l'intérieur de notre société évidemment sécularisée car notre présence se situe à l'intérieur, et non pas à l'extérieur de cette société. En évitant l'illusion politique selon laquelle la seule voie pour affirmer notre présence serait la voie de l'opposition à l'État, au gouvernement. Je crois que selon ce schéma-là, nous oublions qu'en régime démocratique, les réalités politiques conjuguent non pas deux termes, l'État et l'Église, comme au XIX ° siècle, mais l'État, l'Église et la société, telle qu'elle est, incertaine et inquiète. Et il nous faudrait comprendre ces inquiétudes non pas selon des schémas politiciens, mais à partir de notre conscience chrétienne, comme le fait notre commission « Famille et Société ». Mon refus décidé concerne l'interprétation idéologique que je perçois ici ou là par rapport aux évolutions de notre société. Il s'agit parfois d'une véritable idéologie catholique, c'est-à-dire d'un système de pensée qui se réclame de la Tradition catholique mais qui est replié sur lui-même et que l'on doit accepter en bloc."
Mieux vaut répondre aux appels du pape François quand il nous dit ceci: « la communauté évangélisatrice, par ses œuvres et ses gestes, se met dans la vie quotidienne des autres, elle raccourcit les distances, elle s'abaisse jusqu'à l'humiliation si c'est nécessaire et assume la vie humaine, touchant la chair souffrante du Christ dans le peuple. Elle ne rêve pas d'avoir beaucoup d'ennemis, mais plutôt que la Parole de Dieu soit accueillie et qu'elle manifeste sa puissance libératrice et rénovatrice. » (Evangelii gaudium, 24) Ainsi soit-il !"
"Toute la vie présente doit tendre à l'épanouissement, à la transformation du vieil homme, de l'homme de la pure nature et même de la nature déchue, en l'homme déifié. Voilà ce qui se fait ici-bas dans le chrétien fidèle" et " Le divin Sauveur nous apprit par sa parole, nous persuada par sa mort et sa résurrection, que si la vie présente est une vie, elle n'est point LA VIE à laquelle son Père nous destine. La vie présente n'est que la préparation à la vie éternelle. Celle-là est le chemin qui conduit à celle-ci."
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