L'épopée des « cristeros » misse en lumière actuellement par un film dont a parlé ici à plusieurs reprises a éveillé l’attention d'un grand nombre au sujet de la conduite de Pie XI et l'épiscopat mexicain dans ce conflit.

Pendant qu'un grand nombre de fidèles résistaient de manière armée à la persécution organisée par l’État, dans les coulisses diplomates, hommes d'affaires et certains ecclésiastiques manœuvrent à fin de parvenir à une solution qui se veut réaliste.

C'est dans ce contexte qu'en 1928, un accord entre les évêques s’impose. Le Pape charge Mgr. Leopoldo Ruiz d’y parvenir :

« Le Saint Père désire et souhaite que tous les évêques mexicains s’unissent dans une même façon de sentir en ce qui concerne la solution possible au conflit religieux que nous lamentons; car sa Sainteté s’est rendue compte des deux courants d’opinion parmi les prélats, l’un tempéré et l’autre d’une intransigeance plus ou moins explicite, ce qui non seulement divise les prélats mais aussi les fidèles, et cela ne peut qu’entraver la liberté d’action du Pape au moment de concerter un accord, et être préjudiciable aux fidèles opposés à toute transaction. Voilà la tâche du Pape.

Maintenant, je me permets d’ajouter quelques réflexions dont j’assume toute la responsabilité.

La tâche du Pape se réfère, selon moi, au cas où il serait nécessaire d’accepter un accord qui

- n’implique pas la réforme de la Constitution
- ni la dérogation des lois relatives à l’Église.

Nous devons faire preuve de transigeance dans l’hypothèse, pour intransigeants que nous soyons dans la thèse et dans ses principes.

Nous devons être préparés pour accepter sincèrement tout accord que le Pape jugerait décent, sans conditions ni réparations.

Il faudra instruire notre clergé et le peuple dans ce sens pour que tous accueillent avec sincérité la solution qui sera choisie.

Aux défenseurs armés et à leurs sympathisants, il faudra montrer clairement

- qu’il est injuste
- ni dû

que le sort de l’Église et les intérêts spirituels du peuple dépendent du succès de leur entreprise. » (1)

On peut noter en filigrane que Mgr. Ruiz fait pression sur ses collègues pour les rallier dans une position « tempérée » même si pour cela ils doivent faire recours à la célèbre distinction libérale entre la thèse et l'hypothèse.

Cette mission est compliquée par le manque de confiance exprimé depuis juin 1928 envers sa personne et celle de Pascual Díaz.

Leopoldo Lara y Torres, évêque de Tacambaro, est très clair sur ce point:

« Parce qu’il semble qu’ils aient pris l’adresse du comité et la représentation de tous les prélats qui se trouvent aux États-Unis, selon la teneur des documents que nous avons reçus et des déclarations que la presse a attribuées à monseigneur Ruiz lors de son passage à Rome, l’archevêque de Michoacán et Díaz, qui influenceront naturellement la direction des affaires mexicaines devant la délégation apostolique de Washington, pour leur remettre des données et informations indispensables; et comme ces mêmes prélats, pour l’accord sur la question religieuse avec le gouvernement mexicain, ne jouissent pas de toute la confiance nécessaire parmi les prélats, parmi de nombreux prêtres et de très nombreux laïcs: de là les craintes, de là le manque de confiance qui nous tourmenta ces jours-ci sur les nombreuses peines qui nous rendent la vie amère. » (2)

Malgré les misses en garde comme celle-ci, Rome choisi de suivre la voie de Mgr. Ruiz réalisant un accord qualifié de « modus vivendi » et que les fidèles combattants appellerons dans leur amère expérience « modus moriendi ».

(1) Projet de minute de monseigneur Leopoldo Ruiz y Flores sur la nécessaire union de l’Episcopat mexicain. 6 septembre 1928. ASV (Archivio Segreto Vaticano) Affari Ecclesiatica Strordinari, México, periodo IV-11, Pos 521, fasc.233
(2) Rapport secret de monseigneur Leopoldo Lara y Torres à Pedro Gasaparri secrétaire d’Etat. 21 juin 1928. ASV (Archivio Segreto Vaticano) Affari Ecclesiatica Strordinari, México, periodo IV-11, Pos 521, fasc.233

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