Dans le compte-rendu d'un ouvrage au titre évocateur (1) apparu dans la revue néo-scolastique de philosophie (2), on peut relever comment dans les années qui précédèrent le concile Vatican II s'opérât un véritable tournant dans la théologie :

« Bien que le titre de cet ouvrage parle de théologie morale, le moraliste philosophe y trouvera intérêt, car l'auteur traite de questions générales de morale à côté de questions qui ne relèvent que de la théologie. »

L'auteur de l'article fait bien ressortir l’intérêt général de l'ouvrage au-delà des questions propres à la théologie morale, et il souligne principalement ce qui concerne les « tendances » qui se manifestaient alors dans les milieux ecclésiastiques :

« On a voulu y faire le point des tendances qui se font jour de tous côtés dans l’Église, en vue de renouveler l'exposition de la morale, sur le plan de l'action comme sur le plan scientifique ; l'auteur est arrivé à une esquisse fort heureuse, et qui paraît assez complète. »

On peut noter ce qui fait le point de convergence des tendances en question, c'est à dire le dessin de « renouveler l'exposition » de la matière traitée. Et voir ce qui caractérisait l’effervescence intellectuelle dans ces années là :

« Le mérite n'en est pas médiocre, étant donné l'imprécision et la complexité des courants qui se dessinent en sens fort divers. »

L’intérêt de l'ouvrage apparaît aussi dans le fait que :

« M. Thils ne prétend pas faire œuvre originale. Il se contente de réunir et de coordonner les opinions qu'il a entendu émettre dans les milieux théologiques, et les orientations nouvelles de pensée qui se font sentir dans un certain nombre de traités récents et d'études. »

Et voici les éléments principaux :

« centrer la morale sur le sujet plus que sur l'objet »,
« montrer l'unité de la vie morale »,
« constituer une morale « fondamentale » exposant les grandes orientations de la vie chrétienne »,
« adapter le vocabulaire de la morale et la manière de raisonner à l'esprit de notre temps »,
« s'appliquent à la philosophie morale autant qu'à la théologie. »

Au début du Concile (3), Jean XXIII donnera comme mot d'ordre aux Pères conciliaires avec l'idée d' « aggiornamento » l'orientation qui devait guider leurs travaux :

« Il faut que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et présentée de la façon qui répond aux exigences de notre époque. »

On peut noter le parallèle entre la consigne du Pape et ce qui s'était déjà abondamment répandu dans les milieux théologiques les plus engagés.

« En effet, autre est le dépôt lui-même de la foi, c'est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et autre est la forme sous laquelle ces vérités sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée. »

La distinction faite entre le fond et la forme, le Pape exhorte donc les Pères au travail :

« Il faudra attacher beaucoup d'importance à cette forme et travailler patiemment, s'il le faut, à son élaboration; et on devra recourir à une façon de présenter qui correspond mieux à un enseignement de caractère surtout pastoral. »

(1) G. Thils, Tendances actuelles en théologie morale. Un vol. 19x12 de XII- 151 pp. Gembloux, Duculot, 1940.
(2) Année   1940   Volume   43   Numéro   66   pp. 190-191
(3) Discours lors de l’ouverture du Concile Vatican II du 11 octobre 1962

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