Dans un discours récent (lundi 2/12/2013) que le Pape François adressait aux prélats de la conférence épiscopale des Pays-Bas, en visite ad Limina Apostolorum, on peut lire ceci :
« L’anthropologie chrétienne et la doctrine sociale de l’Église
font partie du patrimoine d’expérience et d’humanisme qui est au fondement de la civilisation européenne
et elles peuvent aider à réaffirmer concrètement le primat de l’homme sur la technique et sur les structures.
Et ce primat de l’homme suppose l’ouverture à la transcendance. »
Dans ce texte, on perçoit comme un écho de la formule de son prédécesseur quand il parlai des « racines chrétiennes de l'Europe » :
« Actuellement, l'Europe doit faire face à des questions complexes de grande importance, telles que la croissance et le développement de l'intégration européenne, la définition toujours plus précise de politiques communes au sein de l'Union et le débat sur son modèle social.
Pour atteindre ces objectifs, il sera important de s'inspirer, avec une fidélité créative, de l'héritage chrétien qui a apporté une contribution tout à fait particulière à la formation de l'unité de ce continent.
En tenant compte de ses racines chrétiennes,
l'Europe sera capable de donner une orientation sûre au choix de ses citoyens et de ses peuples,
elle renforcera sa conscience d'appartenir à une civilisation commune
et elle consolidera l'engagement de tous dans le but de faire face aux défis du présent en vue d'un avenir meilleur. »(1)
Alors on voit bien pourquoi dans la suite de son discours le Pape dit :
« En revanche, en supprimant la dimension transcendante, une culture s’appauvrit, alors qu’elle devrait montrer la possibilité de relier en constante harmonie foi et raison, vérité et liberté. »
Saint Pie X à un siècle de distance rappelai aux catholiques avec la clarté qui caractérise son enseignement :
« La civilisation du monde est une civilisation chrétienne ; elle est d'autant plus vraie, plus durable, plus féconde en fruits précieux, qu'elle est plus nettement chrétienne ; d'autant plus décadente, pour le grand malheur de la société, qu'elle se soustrait davantage à l'idée chrétienne. »(2)
François précise :
« Ainsi, l’Église ne propose pas seulement
des vérités morales immuables,
et des attitudes à contre-courant du monde,
mais elle les propose comme la clé du bonheur humain et du développement social. »
Parmi ses vérités immuables et des attitudes que l’Église propose il faut compter ce que Benoît XVI affirmait comme « principes non négociables » :
« En ce qui concerne l’Église catholique, l'objet principal de ses interventions dans le débat public porte sur la protection et la promotion de la dignité de la personne et elle accorde donc volontairement une attention particulière à certains principes qui ne sont pas négociables.
Parmi ceux-ci, les principes suivants apparaissent aujourd'hui de manière claire:
la protection de la vie à toutes ses étapes, du premier moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle;
la reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage et sa défense contre des tentatives de la rendre juridiquement équivalente à des formes d'union radicalement différentes qui, en réalité, lui portent préjudice et contribuent à sa déstabilisation, en obscurcissant son caractère spécifique et son rôle social irremplaçable;
la protection du droit des parents d'éduquer leurs enfants.
Ces principes ne sont pas des vérités de foi, même si ils reçoivent un éclairage et une confirmation supplémentaire de la foi; ils sont inscrits dans la nature humaine elle-même et ils sont donc communs à toute l'humanité.
L'action de l’Église en vue de leur promotion n'est donc pas à caractère confessionnel, mais elle vise toutes les personnes, sans distinction religieuse.
Inversement, une telle action est d'autant plus nécessaire que ces principes sont niés ou mal compris, parce que cela constitue une offense contre la vérité de la personne humaine, une blessure grave infligée à la justice elle-même. »(3)
Il est bon d'observer dans cette œuvre comment les distinctions faites correspondent à l'enseignement que saint Pie X soulignait à juste titre :
« Telle est la conduite digne de Dieu à laquelle nous exhorte saint Paul, de façon à lui plaire en toutes choses en produisant les fruits de toutes les bonnes œuvres et en progressant dans la science de Dieu : "Ut ambulantes digne Deo placentes : in omni opere bono fructificantes, et crescentes in scientia Dei".
Outre ces biens, il en est un grand nombre de l'ordre naturel, qui, sans être directement l'objet de la mission de l’Église, en découlent cependant comme une de ses conséquences naturelles.
La lumière de la Révélation catholique est telle qu'elle se répand très vive sur toute science; si grande est la force des maximes évangéliques que les préceptes de la loi naturelle y trouvent un fondement plus sûr et une plus puissante vigueur; telle est enfin l'efficacité de la vérité et de la morale enseignées par Jésus-Christ, que même le bien-être matériel des individus, de la famille et de la société humaine en reçoit providentiellement soutien et protection. »(4)
Le Pape François exhorte donc ses interlocuteurs a guider leurs fidèles dans ce sens :
« Les chrétiens ont une mission propre pour relever ce défi. »
En leur indiquant le moyen :
« L’éducation des consciences devient alors prioritaire, notamment par la formation du jugement critique, tout en ayant une approche positive sur les réalités sociales ; on évitera ainsi la superficialité des jugements et la résignation à l’indifférence. »
Il est bon de remarquer la précision que le Pape donne en ce qui concerne l'éducation des consciences :
« Dès lors, cela demande que les catholiques, prêtres, personnes consacrées, laïcs, acquièrent une formation solide et de qualité. »
Et l'encouragement bienvenu :
« Je vous encourage vivement à unir vos efforts pour répondre à ce besoin et permettre une meilleure annonce de l’Évangile.
Dans ce contexte, le témoignage et l’engagement des laïcs dans l’Église et dans la société ont une place de choix et doivent être fortement soutenus.
Baptisés, nous sommes tous invités à être des disciples-missionnaires, là où nous sommes ! »
En cette période de l'Avent propice a prendre des bonnes résolutions pour le temps à venir l'exhortation a s'engager dans une formation solide et de qualité peut vous inspirer.
(1) et (3) Benoît XVI, discours aux participants au congrès promu par le parti Populaire Européen, jeudi 30 mars 2006
(2) et (4)Lettre encyclique Il Fermo proposito du 11 juin 1905