Je ne lis pas cet hebdomadaire, cher Amandus, et même si un catholique et citoyen politiquement conservateur y pourra trouver certains points communs et sans doute aussi des lectures par ailleurs intéressantes ou stimulantes, ce n'est pas vraiment un périodique catholique qui prône, comme il devrait le faire, la réalisation d'une société catholique, pas pour un seul pays ou une seule nation qui devrait présider aux autres, mais universelle.
La ligne directrice de ce journal est héritée des traditions nationalistes et militaristes allemandes de droite, que je ne méprise pas (et dans notre famille nous en avons eu des exemples qui ne l'ont pas déshonorée) et qui en dernier ressort remontent à la Reichsgründung de 1870.
Mais le Deuxième Reich n'est pas pour moi un modèle.
Pour moi, un nationalisme aigu, comme on l'observe aussi en Pologne, en Bohème, en Hongrie, en France, en Italie, en Espagne, etc. même si un certain amour de la patrie immédiate est légitime, n'est pas catholique, puisque il tend à être exclusif (le catholique est parcontre en quelque sorte un internationaliste) et remonte en dernier lieu au faux romantisme issu des "Lumières" et de la Révolution française.
C'est de là que nous tenons le concept aberrant du citoyen qui revendique ses droits, qui lui reviendraient par Mère nature, et qui a pris la place du sujet, de Dieu d'abord, du Roi ensuite, garant du Droit, pas des droits.
C'est curieux, mais dans cette logique, l'on constate, et au fond ce n'est pas étonnant, que les milieux les plus nationalistes en Allemagne (au sens large, pas politique), partisans du "Los von Rom", d'une église nationale, plus tard d'une entente avec le national-socialisme etc. ont été et sont, dogmatiquement, les plus douteux: ce sont les jansénistes, les fébroniens, les vieux-catholiques, les modernistes, les partisans de la Deutsche Singmesse, etc. Ce n'est pas un hasard. L'affect antiromain en religion va de pair avec un affect pro-nationaliste aigu. Regardez l'Orient, c'est un autre parallèle.
En tant que catholique adhérant sans équivoque à une romanità maximale, mon point de référence politique n'est pas le XIXe (à partir de 1806/1815) et encore moins le XXe siècle, mais le Altes Reich (comme nous disons), d'avant 1806, image révolue, et certes imparfaite de la Cité de Dieu, mais qui englobait dans la vraie Foi, au moins jusqu'au XVIe s., volontiers de part et d'autre, en les respectant, nations, cultures et langues diverses, avant qu'elles ne fussent érigées l'une contre l'autre par des nationalismes exacerbés dignes d'un abbé Grégoire.
Je m'explique sans doute mal, et j'avoue tout de suite que mon cas ne doit pas forcément être très typique.
Je l'ai déjà écrit ici: dans notre famille, que les hasards de l'Histoire ont assez éparpillée depuis 1815, circulent à ce jour plusieurs passeports, mais si on positionnait leurs porteurs sur une carte, ils se retrouveraient presque tous dans les frontières de l’Empire de 1806. Certains d’entre eux se sont retrouvés, ces derniers 150 ans, sans n’avoir rien demandé, à cause de leur passeport, dans des situations de loyautés ou allégeances différentes, voire conflictuelles, tandis que la seule loyauté ou allégeance qui leur importait était la Foi, l’Eglise et l’Empereur romain oint par elle, non pas les notions révolutionnaires de "patrie" ou "nation".
Or, de là à jeter ces numéros de la National-Zeitung, je ne saurai vous dire. Un historien de l'époque pourrait les utiliser avec fruit, mais ce journal ne doit pas être rare dans les bibliothèques.