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Hommage amical à Monsieur l’Abbé Bruno Schaeffer
par Amandus 2013-09-30 15:19:20
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J'ai trouvé ce matin au bureau un numéro d'un bulletin qui vient bien à propos. En voici un extrait :


Ils ont été cités au Tribunal de Dieu…

Cet été, deux « personnages » ont quitté cette terre de misère pour rejoindre leur éternité – comme nous sommes tous destinés à le faire un jour que nous y ignorons, qui s’approche à grands pas et en vue duquel nous devons toujours nous tenir prêts.

Le premier des deux est l’Abbé Bruno Schaeffer (1948-2013). Sous l’enveloppe d’un solide gaillard – que la maladie avait terriblement attaquée – il cachait une grande âme et une intelligence très fine. Tout au long de sa vie, il les a mises au service des âmes, des jeunes gens en particulier. Il y récolta beaucoup d’ingratitude…

[Le deuxième personnage est Jean Madiran : Je publierai plus tard la partie qui le concerne - Amandus]

Pour lui rendre un hommage amical, et du même coup le recommander à vos prières, je me contente de recopier la brève chronique qu’il avait donnée dans une des Lettres de Cassiciacum.


Mai avec Marie

Veiller à la pureté de la foi, jusqu’à la fin des temps, c’est, nous dit le R. P. Guérard des Lauriers dans un écrit consacré à la Sainte Vierge, le rôle imparti à Marie dans le témoignage de la Foi. Il y a là, ajoute-t-il, une mission comparable à celle du Magistère, quoique tout intérieure et d’une autre nature : « le dépôt de la foi est commis à l’Église dans ses formules, il est commis à la Vierge dans sa lumière ».

Nous y voyons une invitation plus particulière à demeurer avec Marie pendant tout ce mois que l’Église lui consacre et où la liturgie nous laisse dans la douceur radieuse de la Résurrection. De Nazareth au pied de la Croix, toutes les grandes choses accomplies par Marie viennent de sa foi. Ce n’est pas sans raison que le Saint-Esprit, parlant par la bouche d’Élisabeth, célèbre en elle la béatitude de celle qui a cru (Luc. i, 45). La Foi de la Sainte Vierge traverse épreuves et souffrances pour arriver intacte au jour de Pâques.

L’Église passe par toutes les épreuves de Marie ; Elle en préfigure le chemin, mais c’est aussi par Elle que les dons spirituels sont communiqués au Corps Mystique. De la même manière que là où la dévotion à Marie s’amenuise la foi finit par disparaître, on ne peut séparer la sainteté de l’Église de la sainteté de Marie.

Par rapport au Corps Mystique, la maternité de Marie est double : comme Mère du Chef et Mère des membres. Mais Elle accomplit la même œuvre de sanctification : l’Église de la terre s’efforce d’élever ses enfants à la vie divine par les sacrements, la Vierge agit du Ciel comme dispensatrice des dons spirituels. Suivant le mot de saint Bernard, Elle est « l’échelle des pécheurs », l’itinéraire de la terre au Ciel : Dieu a voulu venir à nous par Marie pour que nous revenions à Lui par Marie.

L’école de Sainteté par excellence est donc bien la Vierge Marie, source de la vie des âmes par sa maternité spirituelle où nous recevons la ressemblance de Jésus.

En ce mois de mai, notre prière mariale doit par sa ferveur et son intensité rejoindre la prière de Marie au Ciel dans un échange amoureux où nous pratiquons la « vraie dévotion » enseignée par saint Louis-Marie Grignion de Montfort qui consiste à tout offrir à Jésus par sa Mère et à mépriser la terre pour courir sur le chemin du Ciel. Gardons nos âmes avec la Sainte Vierge, modèle idéal de la Sainteté qui reproduit Jésus en nous par Marie.

Adressons-lui cette prière suppliante avec laquelle le Père Emmanuel voulait rétablir le christianisme parmi les Chrétiens : Notre Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous !





L’Abbé Schaeffer est tout entier dans ce texte. On y goûte son amour conjoint de la sainte Vierge Marie et de l’Église catholique ; on y sent son attachement à l’école de saint Benoît, et en particulier à l’œuvre du Père Emmanuel du Mesnil Saint-Loup. Quand j’ai eu la bonne fortune de le visiter dix jours avant sa mort, sur sa table était ouverte la biographie du Père Emmanuel, qu’il m’a dit lire pour la dixième fois au moins.

Apparaît aussi combien il tenait au Père Guérard des Lauriers qu’il admirait, et en qui il voyait celui qui a caractérisé avec le plus de justesse la situation de la sainte Église depuis Vatican II, ainsi que l’exigence du témoignage de la foi dans le canon de la Messe — par l’abstention de la mention des pontifes imbus dudit concile et de ses suites, et pour autant privés de toute autorité.

Lors de notre ultime entrevue, l’Abbé Schaeffer m’avait édifié par son esprit surnaturel et sa confiance en Dieu d’une part, et aussi par son désir de faire davantage pour le combat de l’Église : désir qui se manifestait par un regret n’avoir pas témoigné plus clairement contre les erreurs doctrinales de la fraternité Saint-Pie-X et contre l’impos¬teur du Vatican (le mot imposteur est de moi pour faire court, pas de lui). C’était un vrai regret chez lui, mais il n’y a pas de doute que le Bon Dieu s’est servi de sa position charnière pour qu’il fasse beau¬coup de bien, tant aux âmes qu’il a dirigées qu’aux intelligences qu’il a éclairées.

Mais pourquoi vous obstinez-vous à parler de l’Abbé Schaeffer, alors que deux jours avant sa mort il a fait sa profession monastique ? Il faudrait donc l’appeler le Père Bruno.
— L’usage est établi d’attribuer le titre d’abbé aux clercs séculiers, et le titre de père (ou de frère) aux clercs réguliers. Qu’en est-il donc pour l’Abbé Schaeffer ?

Tout homme a la liberté de vouer la pauvreté et l’obéissance, pourvu que ce vœu soit prudent — et en morale, le sens de prudent est extrêmement riche : il comporte l’intention droite, un objet meilleur (que de ne pas vouer) pour celui qui voue, la conformité aux exigences de la foi et de la justice, la prise en compte de ses forces, de son expérience, des circonstances ; il inclut l’exécution sans laquelle il n’y a pas de vertu.

L’Abbé Schaeffer a émis ces vœux, il en a eu la générosité, il en garde tout le mérite. Mais pour que ces vœux le fassent entrer dans l’état religieux, il aurait fallu qu’ils soient reçus par quelqu’un de qualifié pour le faire : non pas d’une qualification auto-proclamée mais d’une qualification reçue de l’Église catholique, qui s’apparente à une juridiction. Et ça n’a manifestement pas été le cas.

Ce n’est pas là une doctrine que j’invente ; elle est inscrite dans le droit de l’Église (canon 1308) et elle tient à la nature des choses.

C’est que le pouvoir « dominatif » (pouvoir des supérieurs religieux sur ceux qui leur ont voué l’obéissance) dérive de l’autorité du Pape. En effet, Pie XII déclare qu’en vertu des dispositions du droit canonique, qui établissent et régissent ce pouvoir « dominatif », il associe lui-même tous les supérieurs religieux à une partie de sa propre charge.

C’est ce qu’il rappelle dans son Exhortation aux supérieurs généraux établis à Rome, le 11 février 1958 :
« Nous vous avons associés, très chers fils, à cette partie de Notre charge, soit directement, vous déléguant par le Code de droit canon une part de Notre suprême juridiction, soit en établissant, dans vos règles et constitutions par Nous approuvées, les bases de votre pouvoir “dominatif”. Aussi Nous importe-t-il souverainement que vous exerciez l’autorité qui vous appartient selon Nos intentions et celles de l’Église. »

Cet enseignement de Pie XII avait été déjà mis en œuvre dans une réponse de la Commission d’Interprétation du Code droit canonique (26 mars 1952) qui assimile, en certains cas, le pouvoir « dominatif » du supérieur religieux au pouvoir de juridiction (qui est le pouvoir de gouvernement de l’Église).

Ce pouvoir « dominatif » ressortit bien à l’ordre public de l’Église, et cela est à prendre en compte pour évaluer la possibilité de vouer l’obéissance religieuse dans les temps actuels, parce que ce serait se soumettre à un pouvoir « dominatif » qui est privé de cette essentielle relation à l’autorité légitime.

Les vœux émis par l’Abbé Schaeffer ne l’ont donc pas fait sortir de la cléricature séculière, en laquelle il était entré par la réception de la tonsure des mains d’un évêque nommé par le Pape, Mgr Marcel Lefebvre (le 2 février 1977 si je ne m’abuse).

Adieu, donc, Monsieur l’Abbé et cher ami !

Il n’est pas inutile de rappeler au passage que, en droit et selon la nature des choses, certains actes n’ont de valeur publique et pour autant efficace que s’ils sont reçus par l’autorité légitime (ordinaire ou régulièrement déléguée). C’est le cas des vœux (quant à leur effets canoniques), des démissions (quant à leur réalité effective), des abjurations (quant à leur valeur à la face de l’Église). Ceux qui imaginent qu’on peut se passer de cette réception manifestent par le fait même leur incompréhension de la nature de la sainte Église catholique.



Source : Notre-Dame de la Sainte-Espérance - n°284

     

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