J'ai été ordonné il y a trente-cinq ans.
C'est à dire au moment où les prêtres venaient de tout abandonner : habit ecclésiastique, salut au Saint Sacrement, chapelet, etc.
Et ils avaient en tête que les normes liturgiques et disciplinaires n'avaient que la valeur qu'ils voulaient bien leur reconnaître.
Et là-dessus ils ont vu arriver de jeunes prêtres qui portaient l'habit ecclésiastique et voulaient non seulement appliquer les normes mais aussi vivre de leur esprit.
Ils l'ont très mal pris.
Nous avons été marginalisés et rejetés si nous ne voulions pas faire comme eux : ils le ressentaient comme une attaque dirigée contre eux.

J'ai dû fuir.
La seule porte qui s'est ouverte devant moi fut de partir comme missionnaire au Zaïre.
Après six ans, j'ai pu entrer au diocèse aux armées.
Mais de nouveau, j'étais l'un des premiers à y porter l'habit ecclésiastique, et le simple fait que je dise le bréviaire en latin a provoqué des calomnies auprès de l'évêque de l'époque, qui voyait rouge dés qu'on parlait de latin.
J'ai donc été marginalisé, on a même voulu me mettre en emploi fictif, j'aurais été payé par l'armée pour être aumônier de la base aérienne d'Avord, mais dans la réalité on voulait que je sois curé du village voisin. On a laissé croire que j'étais en tort, cela a duré trois ans. Je n'avais même pas d'autel pour célébrer la messe. J'y ai laissé ma santé.
Je me suis installé dans un diocèse, près d'une chapelle dont je savais pouvoir disposer. L'évêque, que j'avais évidemment consulté et qui n'avait pas fait d'opposition, m'a alors interdit tout ministère dans son diocèse et a refusé de me recevoir.
J'ai pu reprendre le dessus et partir trois ans au Bénin.
A mon retour j'ai dû prendre du repos.
Je pensais qu'après trente ans je pourrais recevoir un ministère dans mon diocèse.
Et bien c'est non.
Là-bas, les confrères n'ont rien oublié, rien appris.
Ils en sont toujours à faire prêcher des pasteurs protestants pendant la messe, et savent bien que si j'étais sur place, ma simple existence leur serait représentée comme un reproche.

Bon je ne vous donne pas tous les détails.
Le drame est qu'à Rome on est parfaitement au courant des ces situations qui montrent que la pastorale est suicidaire et conduit à la disparition de l'Eglise, mais on s'en moque éperdument.

Alors ne manquez pas la parution de mes mémoires : "La vie d'un saint prêtre, par lui-même, avec préface de l'auteur" - je parlerai de vous au chapitre 81 du volume 37.
Blague mise à part je crois bien que si je venais à écrire mon autobiographie, mon éditeur gagnerait de l'argent !

VdP

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