Gabriel Jean Baptiste Ernest Wilfrid Legouvé est un poète, moraliste, critique et auteur dramatique français, né à Paris le 14 février 1807 et mort le 14 mars 1903. Voici ce qu'il écrit dans "Fleurs d'hiver" :
“Voulez-vous vous rendre compte de l’influence du christianisme sur la civilisation ? Supposez un moment qu’il n’a pas existé. Effacez par la pensée ce qui subsiste de lui dans les trois domaines du Beau, du Vrai et du Bien.
Commencez par les arts plastiques. Entrez dans tous les musées et décrochez des murailles, à l’exemple des édiles, l’image du Christ. Faites disparaître tous les tableaux où figurent la Vierge et Jésus. Emportez les toiles ou les statues qui représentent des saints, des martyrs, des apôtres.
Après la peinture et la sculpture, passez à l’architecture et jetez bas les cathédrales. Après l’architecture, la musique. Rayez du nombre des compositeurs : Haendel, Palestrina, Bach et tant d’autres. Expurgez l’œuvre de Beethoven, de Mozart, de Pergolèse, de Rossini, de tout ce qui a été inspiré par la religion chrétienne.
Entrez ensuite dans la sphère de la pensée et de la poésie. Supprimez Bossuet, Pascal, Fénelon, Massillon ; ôtez Polyeucte à Corneille, Athalie à Racine… Poursuivez le nom du Christ dans les vers de Lamartine, de Victor Hugo et même de Musset.
Ce n’est pas tout. Faites un pas de plus. Détruisez aussi les hôpitaux, car le premier hôpital fondé dans le monde a été fondé par une femme chrétienne. Supprimez les saint Vincent de Paul, les saint François d’Assise. (…) Puis, cette besogne accomplie retournez-vous, embrassez d’un long coup d’œil les dix-huit cents ans échelonnés derrière vous, et regardez sans épouvante, si vous le pouvez, le vide que fait, à travers les siècles, cette seule Croix de moins dans le monde.”
Ernest Legouvé dans “Fleurs d’hiver”
Né à Paris, le 14 février 1807.
Il était le fils de l'Académicien Jean-Baptiste Legouvé, mort en 1812 ; il obtint le prix de poésie à l'Académie en 1827 avec la Découverte de l'Imprimerie. Il fut, en 1847, chargé d'un cours gratuit au Collège de France, fit de nombreuses conférences, écrivit des poèmes, des brochures sur la femme, la famille, la lecture, l'escrime, le théâtre. Comme auteur dramatique, ses meilleurs ouvrages sont ceux qu'il fit en collaboration avec Scribe : Adrienne Lecouvreur et Bataille de Dames. En 1881, il fut nommé directeur des études de l’École normale de Sèvres et inspecteur général de l'Instruction publique.
Lorsqu'il s'agit de recueillir la succession de Jacques-François Ancelot, Émile Augier s'effaça devant Ernest Legouvé qui fut élu le 1er mars 1855 contre François Ponsard. Il fut reçu le 28 février 1856 par Jean-Pierre Flourens. Ernest Legouvé avait fait établir, en 1869, l'usage de discuter dans une séance spéciale les titres académiques des candidats à un fauteuil ; en 1896, il demanda, sans l'obtenir, le rétablissement de cet usage, qui avait été supprimé en 1880 sur la proposition d’Alexandre Dumas. Il était directeur et doyen de l'Académie lors de la visite du Tsar Nicolas II en 1896 et, à ce titre, il prononça l'allocution de bienvenue.
Mort le 14 mars 1903.
«Elever un enfant c'est lui apprendre à se passer de nous.»
[ Ernest Legouvé ] - Les Pères et les enfants