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Sur le vent de l'Esprit selon François et la réforme de Paul VI
par jbbourgoin 2013-04-20 15:21:02
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Bonjour,

Suite à une discussion enflammée sur forum cite-catholique née des propos de notre pape François au sujet de ceux qui vont contre le sens de l'Esprit , j'ai rédigé un petit résumé de ce que je pense de l'accord entre Sacrosanctum Concilium et la réforme promulguée par Paul VI (à la suite de la lecture de la PGLH, de la PGMR et de SC).

Voici la chose :

<a href="http://www.cite-catholique.org/viewtopic.php?f=92&t=25393">source</a>



Archi vous disiez que Paul VI a outrepassé la volonté des Pères de Vatican II. C'est peut-être en partie vrai, mais je crois que l'on a beaucoup exagéré la chose.

En fait, j'ai toujours trouvé étrange deux théories que l'on retrouve souvent chez ceux qui ont une certaine défiance à l'égard de la nouvelle liturgie et qui veulent respecter, malgré tout, Vatican II et/ou Paul VI :

1) Que Paul VI, qui a présidé le Concile, ait voulu le trahir par la suite avec sa réforme liturgique.

2) Que Paul VI ait été trahi par Bugnini et son équipe.

J'ai relu très attentivement la PGMR, la PGLH et Sacrosanctum Concilium. Que voit-on ?

Sacrosanctum demande :

Une adaptation aux nécessités de l'époque §1

La restauration et le progrès de la liturgie §1

La révision des rites, avec prudence, dans l'esprit d'une saine tradition et afin de leur rendre une nouvelle vitalité en accord avec les circonstances et les nécessités d'aujourd'hui §4

Promouvoir la formation liturgique du clergé §14

Réviser la liturgie en prenant en compte les parties immuables et celles sujettes aux changements, c'est-à-dire qui correspondent mal à la nature intime de la liturgie ou sont devenues inadaptées §21

On rappel que personne ne peut de son propre chef modifier quoi que ce soit à la liturgie §22

On fera des innovations que si l'utilité de l'Église l'exige, et on s'assurera que les formes nouvelles découlent d'un développement "en quelque sorte organique" des formes existantes. §23

Les livres seront révisés en faisant appel à des experts et en consultant des évêques §25

On évitera les "répétitions inutiles, les rites seront brefs, transparents et ne nécessiteront que peu d'explications pour être compris §34

L'usage de la langue latine sera préservé §36

Tout en préservant l'unité du rite on admettra des différences et des adaptations à la diversité des assemblées, des régions, des peuples §38

On simplifiera, omettra ce qui a été redoublé, rétablira ce qui a disparu, dans la mesure ou cela sera opportun ou nécessaire §50

On distribuera les lectures sur un nombre d'années déterminées §51

Rétablissement de la prière commune £53

Révision des laudes, des vêpres et des complies §89

Révision des matines afin qu'elles puissent être célébrées à tout moment de la journée §89

Suppression de l'heure de Prime §89

Hors du il est permis de choisir une seule des trois petites heures §89

Les psaumes ne seront plus répartis sur une seule semaine §89

L'année liturgique sera révisé en gardant ou restituant les coutumes et disciplines traditionnelles et en se conformant aux conditions de notre époque §107

Les éléments baptismaux et les éléments pénitentiels seront employés plus abondamment durant le temps de Carême §109

La pratique de la pénitence sera favorisée §110

Que dire ?

1) La plupart des réformes visibles de la nouvelle liturgie est dans la droite lignée de Sacrosanctum :

- Péricopes bibliques réparties sur plusieurs années.

- Psautier sur plusieurs semaines

- Rétablissement de la prière universelle

- Usage du vernaculaire

- Suppression des "redoublements"

2) Quasiment tout le reste peut rentrer dans la catégorie extrêmement souple des "nécessités de l'époque".

Qu'est-ce qui apparaît en "contradiction" ?

A) La prudence dans les réformes, et un soucis de "développement en quelque sorte organique".

B) Favoriser la pratique de la pénitence et les éléments pénitentiels dans la liturgie du Carême.

En effet :

a) La systématicité de la réforme, et les divisions qu'elle a provoquée au sein de l'Église, nous oblige à constater que la prudence n'a pas été de mise.

De plus il a été rappelé que la messe expérimentale proposée par Paul VI avant la promulgation du Novus Ordo a été rejetée au vote par les évêques, et pourtant c'est la même messe qui sera promulguée ! Est-ce cela la prudence exigée par Vatican II ?

Quand à la notion de "développement en quelque sorte organique" elle est tellement vague et imprécise que les uns voit de l'organicité (un Gy par exemple) là ou d'autre non (un Raztinger).

b) Il est absolument clair qu'en atténuant la dimension pénitentiel des oraisons du Carême et en réformant la pratique du jeune Paul VI non seulement n'a pas favorisé la dimension pénitentielle de la liturgie et sa pratique, mais il l'a même très clairement atténuée !

Et cela au nom ... des nécessités du temps !

Et c'est là que nous sommes obligés de constater qu'il y a une tension inhérente à Sacrosanctum Concilium :

D'un côté est demandé une réforme systématique et complète de tous les rites catholiques, de l'autre est demandé la prudence.

D'un côté est demandé que le travail soit réalisé par des experts et des évêques, de l'autre qu'il s'agisse d'un développement organique (il faut bien comprendre qu'un développement organique dans l'Église c'est la reconnaissance d'une pratique liturgique saine qui s'est installée durablement parmi le peuple de Dieu).

D'un côté est demandé que l'on tienne compte des nécessités du temps, de l'autre que l'on préserve les traditions.

D'un côté est demandé que l'on simplifie et rende transparent, de l'autre que l'on étale les lectionnaires et les psaumes sur plusieurs années et plusieurs semaines, que l'on enrichisse les préfaces et les oraisons etc.

Tout cela n'est évidemment pas nécessairement contradictoire, mais prit tout ensemble, il apparaît nettement que ce qui était demandé par le Concile était extrêmement difficile à réaliser, et encore plus dans un laps de temps si réduit (un missel en 1964 et un autre en 1969 !!!!). De plus il est manifeste que le texte rend compte d'oppositions et de vision de cette réforme extrêmement opposées parmi les Pères du Concile.

Quand à Paul VI, je pense sincèrement que le missel qu'il a promulgué est celui qu'il a voulu :

1) Sinon pourquoi refuser à certains fidèles l'usage de l'ancien, alors qu'il était si peu prompt à condamner et excommunier, quand un Guitton, un Maritain (qui étaient ses amis intimes), un Bugnini et un Kung (!!!!) lui on demandé d'accepter la demande des fidèles attachés au missel dit traditionnel ?

2) Si Paul VI avait réellement été trahi par Bugnini et son équipe, pourquoi avoir promulgué cette liturgie contre vents et marées, à une période de grands troubles, précisément quand les temps exigeaient la prudence demandée par le Concile même ?

Conclusion :

1) La nouvelle liturgie n'est pas en contradiction (exceptée sur certains points touchant principalement au Carême : suppression de la Septuagésime, atténuation de la dimension pénitentielle, du jeûne) avec le Concile, mais, au contraire, rend bel et bien compte dans ses tensions internes entre traditions et nouveautés radicales, des tensions propres au Concile.

2) La nouvelle liturgie a été défendue très autoritairement par un Paul VI (pourtant peu porté à ce genre d'attitudes) qui avait une idée très précise de la liturgie et de l'esthétique liturgique (il dira détester les chandeliers nombreux sur l'autel, signe de son désintérêt, ou méconnaissance, de la continuité entre la liturgie juive du Temple et la liturgie catholique).

Le Concile a été présidé par Paul VI, la nouvelle liturgie a été dirigée et promulguée par lui, on peut dire sans se tromper que le Novus Ordo est vraiment celui de Paul VI.

Toute la question est : le pontificat de Paul VI, pontificat tendus et écartelé entre plusieurs tendances, était-il prophétique, a-t-il préparé l'Église pour son avenir sur le très long terme, ou fut-il au contraire source de problèmes profonds sur lesquels l'Église devra revenir ?

C'est sur ce point précisément que se battent, parfois sans le savoir consciemment, "critiques" et "défenseurs" du Novus Ordo.

Et c'est une vraie question, un vrai problème, que l'on ne peut écarter d'un simple "il faut obéir à l'Église".

Car soyons clair, un Ratzinger a tenté une acclimatation du catholicisme post-Paul VI avec la Tradition, une révision par la Tradition.

Si la question de l'après Paul VI ne se posait pas, c'est celui de l'après Benoit XVI qui poserait alors problème.

L'argument d'autorité et d'obéissance n'est donc pas suffisant, il est légitime de se poser des questions.

Pour ma part, je n'ai aucunes certitudes en cette matière.

     

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 Sur le vent de l'Esprit selon François et la réforme de Paul VI par jbbourgoin  (2013-04-20 15:21:02)
      Bravo pour votre travail par Paterculus  (2013-04-20 23:44:08)


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