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Fausse lecture dominante de "Nostra AEtate"
par Presbu 2013-04-12 22:26:55
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le P Édouard-Marie GALLEZ, csj, vient de publier une mise à jour de son excellent livre "Le Malentendu Islamo-Chrétien" (éd Salvator) dont j'extrais cette page essentielle:

_Sur quoi s’appuyer ? Notre force sera toujours d’écouter la Révélation dans son intégralité. Quand on cite 1Tm 11,3-4, on ne peut pas se contenter de la première partie de la phrase : “Dieu veut que tous les hommes soient sauvés”, car la seconde précise : “et que tous parviennent à la connaissance de la vérité”. Pour St Paul, la question déterminante est : “Comment tous les hommes auront-ils accès à la vérité ?” (ce qui forme un des sujets du Malentendu islamo-chrétien, en lien avec les paroles de Jésus en Jn 3,19-21), et non pas : “Comment Dieu sauve-t-Il des non chrétiens sans qu’ils aient la connaissance de Celui qui est le chemin, la vérité et la Vie (Jn 14,6)”.
Ce qui est vraiment écrit dans Nostra Aetate
_____De même, il faut lire la Déclaration conciliaire Nostra Aetate telle qu’elle est écrite. Loin de « reconnaître la valeur des autres religions » au plan du salut, comme on le lit fréquemment, sa perspective fut de mettre en valeur les cheminements personnels. Dans un exemple déjà ancien de cette mal-compréhension [13], on pouvait lire que le dialogue avec les musulmans “se situe dans la lumière de l’invitation adressée par le Concile Vatican II dans la Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions [Nostra Aetate] : « L’Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières de vivre et d’agir et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apporte souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes »”.
_____Mais cette citation est tirée du paragraphe 2 de la Déclaration, qui concerne uniquement les religions pré-chrétiennes. La tromperie est massive : c’est seulement au §3 qu’il sera question des musulmans. Or, que voulait dire ce § 2 ? Sa rédaction n’est sans doute pas des plus heureuses. On voulait s’adresser aux fidèles des courants religieux pré-chrétiens tels que les animismes, qui existent “depuis les temps les plus reculés jusqu’à aujourd’hui” et qui portent parfois “un profond sens religieux”, mais également aux fidèles de “l’hindouisme” et du “bouddhisme” qui sont présentées comme étant des “religions liées au progrès de la culture”. On peut discuter ces affirmations historiques, notamment quand on sait que la datation du bouddhisme pose d’immenses difficultés, aucun chercheur sérieux ne pouvant produire de document réellement antérieur à notre ère ; inversement, on peut se demander si l’hindouisme d’aujourd’hui est vraiment conforme à celui d’avant notre ère. Mais on voit bien l’idée des Pères conciliaires : ce qu’il y a de juste et de bon au point de vue des “valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles” du vécu humain pré-chrétien forme un fondement pour un cheminement ensemble. C’est là une perspective du Nouveau Testament, et traditionnelle.
_____Seulement, dans la catégorie propre aux religions préchrétiennes n’entre pas l’Islam – que les textes conciliaires ne mentionnent d’ailleurs jamais : ils évoquent les musulmans. Comment la confusion a-t-elle pu abuser tant de gens ? D’abord, le texte manque certes de clarté. Les Pères conciliaires (essentiellement occidentaux) avaient des difficultés à sortir d’une théologie qui ne les aidait pas à dire le mystère de l’histoire dont le Christ constitue le tournant, c’est-à-dire que :
1° : il y a un avant le Christ, et il y a un après le Christ c’est-à-dire un temps postérieur, que le Nouveau Testament nomme « les derniers temps », et qui a commencé avec la diffusion de l’Évangile par les Apôtres et leurs disciples dans tout le monde connu et facilement accessible de l’époque, et cela jusqu’en Chine ;
et 2° : ces « derniers temps » furent également marqués par les post-christianismes, lesquels se sont structurés dès après les Apôtres et contre eux ou contre leurs successeurs, et ces post-christianismes doivent l’essentiel de ce qu’ils sont au christianisme à travers des contrefaçons radicales. Tel est le monde où nous vivons aujourd’hui.
_____Comme Jean-Paul II et Benoît XVI l’ont rappelé maintes fois, le Concile doit être lu à la lumière de la tradition ; concrètement cependant, rien ne remplace de bons outils théologiques (exposés aux chapitres 2 et 3 du Malentendu islamo-chrétien). C’est la seconde raison du succès de la mystification relative à l’Islam, en rapport avec le texte de Nostra Aetate, alors qu’il est vain et même gravement dommageable de rêver d’une « reconnaissance mutuelle » interreligieuse, ou de chercher dans l’Islam (ou dans toute autre système de pensée) “quelques vérités de la révélation, prière, jeûne, aumône, ascèse, etc. qui sont des moyens de salut”[14], au lieu d’aborder de front les questions relatives à la volonté de Dieu (évoquées au chapitre sept du livre). De par leurs traditions, les chrétiens d’Orient, eux, ont toujours affirmé que l’Islam provenait simplement d’une vieille dérive ex-chrétienne, non qu’il serait une religion révélée et porteuse de salut (même inchoativement ou partiellement selon les adverbes ajoutés habituellement en Occident).

     

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 Fausse lecture dominante de "Nostra AEtate" par Presbu  (2013-04-12 22:26:55)
      Sur Radio Espérance par Praecantor  (2013-04-15 17:44:55)
          La deuxième partie ici par Praecantor  (2013-04-25 11:13:28)
      Merci ! par Paterculus  (2013-04-15 20:25:00)


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