Vous aurez tous noté la méfiance que suscite instinctivement le pape François parmi de nombreux "Tradis" : est-ce un mélange de sédévacantisme et d'attachement aux mocassins rouges ? Chez certains, peut-être. Mais je pense plutôt qu'au-delà de l'attachement sincère à certains détails formels mais riches de sens, il existe une véritable (et peut-être légitime) inquiétude "dans nos milieux" due à une interrogation plus substantielle.

Cette interrogation ne porte pas à mon sens sur la Foi ni sur la piété ni même sur la doctrine morale du nouveau Pape. Elle reflète plutôt la peur de revivre les dérives des années 1965-1978 (et après) : persécution de la messe traditionnelle, rejet massif et méprisant du chant grégorien, adoption d'une pédagogie vide, engagements politiques et sociaux se substituant à la charité authentique et marinant la spiritualité... avec les résultats qu'on sait : effondrement de la pratique (en particulier chez les jeunes), chute verticale des vocations (600 en 1966 - 95 en 1976), étiolement ou laïcisation de nombreuses oeuvres d'Eglise, etc...

Nous savons qu'un lent travail de reconstruction a été mené avec des hommes comme Mgr Lustiger et avec des mouvements dynamiques mais marginaux (comme les charismatiques). Ce travail a été encouragé par Rome sous jean-Paul II et Benoît XVI mais guère appuyé par les évêques (sauf exceptions) ni la masse du clergé. En ce qui concerne la "forme extraordinaire" on sait avec quelle prudence les mesures romaines (indult puis MP) ont été appliquées. Bref même quand Rome soutenait les "reconstructeurs" les "intégristes du pseudo-concile" (si j'ose dire) continuaient de freiner.

Dès lors notre crainte est sans doute la suivante : peu importe ce que dit et pense réellement le nouveau Pape. L'essentiel est qu'il semble donner raison aux "pseudo-conciliaires" et décourager la reconstruction. Dès lors la crainte de bien des fidèles traditionnels (ou simplement rigoureux) est que les dérives d'avant 1980 se reproduisent et surtout que les germes de renouveau (telle communauté, tel séminaire, tel diocèse soucieux de promouvoir la Foi intacte) soient affaiblis voire détruits.

Que faire ?

Prier bien sûr.

Mais il me semble important de faire passer à Rome par tous les canaux à notre disposition deux messages : primo la France n'est pas l'Argentine. Notre adversaire n'est pas l'exubérance des évangéliques mais le matérialisme mortifère et démagogique des médias sans dignité ni vérité. Une nouvelle secousse réformatrice affaiblirait gravement (voire définitivement) les forces vives de l'Eglise de France sans déboucher sur aucun dynamisme.

Secundo, les générations Benoît XVI et Jean Paul II accueillent avec respect le nouveau pape et lui font confiance. Qu'il ne les combatte pas car ils sont les seuls jeunes de l'Eglise de France. Et peut-être maladroitement ils ne se soumettront pas à des innovations radicales avec la discipline manifestée par le clergé des années 1960 ... Bref veut on une crise ?

Je ne sais si ce que je dis correspond à ce que vous ressentez et proposez mais je le propose à votre examen critique.

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