J’ai rapporté il y a peu sur mon site cet extrait très significatif d’un compte rendu de l’historien Etienne Fouilloux, datant de 1992 et consacré au recueil « Satan », publié par les "Etudes Carmélitaines" en 1948. Notant d’abord, à propos de Lucifer, que « ce personnage ambigu en ses diverses apparitions bibliques a stimulé jusqu’au délire les imaginations occidentales », il conclut : «Au temps de l’optimisme conciliaire, Satan s’est retourné aux ténèbres extérieures : dans une foi fondée sur la Personne du Christ, victorieux de la Mort elle-même, la crainte de l’Adversaire s’est évanouie avec bien d’autres aspects de la religion antérieure (?) S’achève alors sous nos yeux ou presque, le passage d’un christianisme de la peur à un christianisme de l’amour, qui est l’un des faits majeurs de l’histoire religieuse occidentale aux temps moderne et contemporain».

L’historien et théologien Erik Peterson a dénoncé dans nombre de ses textes l’optimisme aveugle (qui prévaut encore aujourd’hui dans la lecture du Concile) qui caractérise le progressisme d’inspiration bourgeoise. Car c’est bien l’esprit bourgeois, et rien d’autre, qui nourrit le courant progressiste très ancré encore en France. Et d’ailleurs même chez les traditionalistes, la figure du Diable a été jetée depuis belle lurette aux oubliettes, tout comme la prédication sur la souffrance qui passe de plus en plus au second plan dans ces milieux. On a parlé à propos du Pape d’un radicalisme évangélique. On a insisté aussi sur la centralité de la Croix, qui est un des messages forts de sa première homélie. Ces deux traits caractérisent la pensée de Peterson qui, d’une manière tranchée et directe, rappelait qu’il n’y a qu’une alternative pour les chrétiens : « soit confesser Jésus soit le renier ». Il ajoutait : « Chercher à tirer son épingle du jeu en s’isolant dans une piété anonyme, ou en restant dans le flou, cela sera désormais exclu…Dans la question qui nous occupe, cela suggère d’abord cette réflexion de caractère général : l’Église apostolique, fondée sur des apôtres qui deviendront des martyrs, est toujours une Église souffrante, Église des martyrs, précisément. Une Église qui ne souffre pas n’est pas apostolique ». Ces quelques mots ne vous rappellent-ils pas le message de la première homélie ?

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