Les catégories journalistiques par lesquelles ces messieurs tentent d’appréhendrer des problèmes touchant à l’essence de la vie chrétienne les rendent totalement impropres à rendre compte simplement du réel. Car c’est un fait d’évidence : il n’y a aucune commune mesure entre une messe telle qu'elle est célébrée (?) dans nos paroisses en France et le déroulement de la liturgie en latin qu’on a pu suivre hier à la télévision. En outre Benoît XVI n’a pas même amorcé la « réforme de la réforme » un temps envisagée. Je ne vois donc pas en quoi le pape François rompt avec la pratique de son prédécesseur, hormis quelques minuscules détails relatifs aux ornements. Ses célébrations restaient plutôt sobres je trouve. En France, devant le désastre liturgique, un Louis Bouyer, qu’on ne peut pas enfermer dans un camp idéologique, avait choisi de ne plus écrire le moindre texte se rapportant à la liturgie. On prend toute la mesure de cette décision en relisant quelques textes de la période où il enseignait à l’Institut Catholique. Par exemple, « La première eucharistie dans la dernière Cène ». Il y montre les analogies entre les récits de l’Institution eucharistique et la liturgie des repas sacrés du judaïsme. Il y écrit entre autres :
« De quel prix ces rites, déjà sacrés pour lui comme ils le sont restés (et non point devenus) pour nous, ne doivent-ils pas nous apparaître, maintenant que nous savons que lui-même les a tous accomplis en cette nuit suprême ! Ce n'est pas seulement pendant les brèves minutes où le prêtre redit les verba consecrationis qu'il refait ce que fit le Christ, c'est d'un bout à l'autre de la messe. Avec quel respect, avec quel amour ne devons-nous donc pas conserver ce merveilleux ensemble euchologique et rituel ! De quelle prudence ne devons-nous pas nous montrer quand il s'agit de toucher à des cérémonies ou des formules que Jésus lui-même n'a pas voulu changer, mais seulement éclairer d'un sens nouveau ! Comme nous admirons alors la bienheureuse sollicitude de l'Église qui nous apprend à tout respecter de ce merveilleux héritage et nous défend d'y dédaigner ou d'y altérer ce que nous risquons de ne plus y comprendre !»

Louis Bouyer, avait donc choisi de ne plus rien écrire sur la messe. Il avait pris acte du fait qu’il n’y avait plus de liturgie en France. Point. Il a démissionné de l’Institut catholique, a pratiquement rompu avec le petit monde du catholicisme français, toujours aussi replié sur lui-même, occupé à la seule gestion de sa décomposition. Un Patrice Plunkett, un Senèze, inculte sur tous les plans, y auraient sans doute vu une avancée, la marque d’un catholicisme se débarrassant de ses fioritures du passé. Moi j’y vois là le signe d’une tragédie, dont nous ne sommes pas près de voir le bout.

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