Quelques minutes à peine écoulés de l’annonce de l’élection du nouveau Pape un organisme international (l’U.E.) félicitait le nouvel élu lui souhaitant : « qu’il défende la paix, la solidarité et la dignité ».
Voila en quelques mots résumés d’une certaine manière l’attente du monde.
Devant un pareil défi, le Souverain Pontife peut s’armer de l’enseignement qu’a donné dans se domaine son saint prédécesseur il a un peu plus d’un siècle, dans l’Encyclique Notre charge Apostolique sur "le Sillon" du 25 août 1910.
Saint Pie X attirait l’attention des évêques sur les dangers qui guettaient les sympathisants du « Sillon »
« Nous voulons attirer votre attention, Vénérables Frères, sur cette déformation de l'Évangile et du caractère sacré de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Dieu et Homme, pratiquée dans le " Sillon " et ailleurs. »
Il faut remarquer la gravité de l’erreur dont il est ici question, il s’agit d’une déformation de l’Évangile. Et cette erreur est perçue comme étant un phénomène de mode :
« Dès que l'on aborde la question sociale, il est de mode, dans certains milieux,
- d'écarter d'abord la divinité de Jésus-Christ,
- et puis de ne parler que de sa souveraine mansuétude, de sa compassion pour toutes les misères humaines, de ses pressantes exhortations à l'amour du prochain et à la fraternité. »
Une fois qu’on fait abstraction de la divinité du Christ on n’en retienne que la finesse de son humanisme. Mais le saint Pape prend soin de montrer les distinctions qui s’imposent :
« Certes, Jésus nous a aimés d'un amour immense, infini, et il est venu sur terre souffrir et mourir pour que, réunis autour de lui dans la justice et l'amour, animés des mêmes sentiments de charité mutuelle, tous les hommes vivent dans la paix et le bonheur.
Mais, à la réalisation de ce bonheur temporel et éternel, il a mis, avec une souveraine autorité, la condition que l'on fasse partie de son troupeau, que l'on accepte sa doctrine, que l'on pratique la vertu et qu'on se laisse enseigner et guider par Pierre et ses successeurs.»
Et il signale avec force une vérité qu’est terriblement oublié aujourd’hui, à savoir que si le Christ s’est montré bon pour les égarés : il n’a pas respecté leurs convictions erronées :
« Puis, si Jésus a été bon pour les égarés et les pécheurs, il n'a pas respecté leurs convictions erronées, quelque sincères qu'elles parussent ; il les a tous aimés pour les instruire, les convertir et les sauver. »
Ni les a encouragé dans la recherche d’une égalité chimérique :
« S'il a appelé à lui pour les soulager, ceux qui peinent et qui souffrent, ce n'a pas été pour leur prêcher la jalousie d'une égalité chimérique. »
Ou les laisser croire qu’on peut invoquer leur dignité pour se soustraire au devoir :
« S'il a relevé les humbles, ce n'a pas été pour leur inspirer le sentiment d'une dignité indépendante et rebelle à l'obéissance. »
Il nous fait voir que la charité du Christ ne se limité à la douceur et la mansuétude mais comprends aussi sa sainte indignation :
« Si son cœur débordait de mansuétude pour les âmes de bonne volonté, il a su également s'armer d'une sainte indignation contre les profanateurs de la maison de Dieu, contre les misérables qui scandalisent les petits, contre les autorités qui accablent le peuple sous le poids de lourds fardeaux sans y mettre le doigt pour les soulever. »
Et dans sa sainte clairvoyance il admonestait les évêques à suivre l’exemple du Souverain Maître :
« Il a été aussi fort que doux ; il a grondé, menacé, châtié, sachant et nous enseignant que souvent la crainte est le commencement de la sagesse et qu'il convient parfois de couper un membre pour sauver le corps. »
Et, c’est qu’est d’une étonnante actualité surtout dans une France laïcisé, à savoir que les enseignements du Christ ne concernent pas seulement les individus en vue de leur salut éternel, mais également la société en tant que tel :
« Enfin, il n'a pas annoncé pour la société future le règne d'une félicité idéale, d'où la souffrance serait bannie ; mais, par ses leçons et par ses exemples, il a tracé le chemin du bonheur possible sur terre et du bonheur parfait au ciel : la voie royale de la croix.
Ce sont là des enseignements qu'on aurait tort d'appliquer seulement à la vie individuelle en vue du salut éternel ; ce sont des enseignements éminemment sociaux, et ils nous montrent en Notre-Seigneur Jésus-Christ autre chose qu'un humanitarisme sans consistance et sans autorité. »