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L'Eglise ne peut pas périr
par Abbé Néri 2012-06-20 17:32:58
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Dans ces temps agités qui traverse l’Église il est salutaire de méditer ce que les saints docteurs disent sur son indéfectibilité. Saint François de Sales dans sa lettre aux protestants montre avec une grande fermeté non dépourvue d’une véritable douceur quelle est la cause de cette pérennité :

ARTICLE III : L'Église ne peut pas périr

Je serai d'autant plus bref ici, que ce que je déduirai au chapitre suivant sert d'une forte preuve à cette créance de l'immortalité de l'Église et de sa perpétuité.

On dit donc, pour détraquer le joug de la sainte soumission qu'on doit à l'Église, qu'elle avait péri il y a quatre-vingt et tant d'années, morte, ensevelie, et la sainte lumière de la vraie foi éteinte : c'est un blasphème pur que tout ceci contre la Passion de Notre Seigneur, contre sa providence, contre sa bonté, contre sa vérité.

Ne sait-on pas la parole de Notre Seigneur même : " Si je suis une fois élevé de terre j'attirerai à moi toutes choses ? " (Jean, 12 : 32) N'a-t-il pas été élevé en la Croix ? N'a-t-il pas souffert ? Et comment donc aurait-il laissé aller l'Église qu'il avait attirée, à vau-de-route [en fuite, en pleine déroute] ? Comment aurait-il lâché cette prise qui lui avait coûté si cher ?

Le prince du monde, le diable, avait-il été chassé (vers 31) avec le saint bâton de la Croix pour un temps de trois ou quatre cens ans pour revenir maîtriser mille ans ? Voulez-vous évacuer en cette sorte la force de la Croix ?

Êtes-vous arbitres de si bonne foi que de vouloir si iniquement partager Notre Seigneur, et mettre désormais une alternative entre sa divine bonté et la malice diabolique ? Non, non, quand un fort et puissant guerrier garde sa forteresse tout y est paix, que si un plus fort survient et le surmonte, il lui lève les armes et le dépouille (Luc, 11 : 21-22).

Ignorez-vous que Notre Seigneur s'est acquis l'Église par son sang (Actes, 20 : 28) ? Et qui pourra la lui enlever ? Pensez-vous qu'il soit plus faible que son adversaire ? Ah ! Je vous prie, parlons honorablement de ce capitaine; et qui donc ôtera d'entre ses mains son Église ? Peut-être dires-vous qu'il peut la garder mais qu'il ne le veut; c'est donc sa providence, sa bonté, sa vérité que vous attaquez.

La bonté de Dieu a donné des dons aux hommes, montant au ciel, des apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs, docteurs, pour la consommation des saints, en l’œuvre du ministère pour l'édification du corps de Jésus-Christ (Ephésiens, 4 : 8 et 11-12).

La consommation des saints était-elle déjà faite il y a onze cents ou douze cents ans ? L'édification du corps mystique de Notre Seigneur, qui est l'Église, avait-elle été parachevée ?

Ou cessez de vous appeler édificateurs, ou dites que non; et si elle n'avait pas été achevée, comme de fait elle ne l'est pas même maintenant, pourquoi faites-vous ce tort à la bonté de Dieu que de dire qu'il ait ôté et enlevé aux hommes ce qu'il leur avait donné ?

C'est une des qualités de la bonté de Dieu que, comme dit saint Paul, ses dons et ses grâces sont irrévocables (Romains; 11 : 29), c'est-à-dire qu'il ne les donne pas pour les ôter ensuite.

Sa divine Providence, dès qu'elle eut créé l'homme, le ciel, la terre, et ce qui est au ciel et sur la terre, les conserva et conserve perpétuellement, en façon que la génération du moindre oisillon n'est pas encore éteinte; que dirons-nous donc de l'Église ?

Tout ce monde ne lui coûta de premier marché qu'une simple parole : Il le dit et tout fut fait (Psaumes, 148 : 5), et il le conserve avec une perpétuelle et infaillible Providence; comment, je vous prie, eut-il abandonné l'Église qui lui coûte tout son sang, tant de peines et de travaux ?

Il a tiré Israël de l'Égypte, des déserts, de la mer Rouge, de tant de calamités et captivités, et nous croirons qu'il a laissé s'enfermer le christianisme en l'incrédulité ?

Il a tant eu de soin du fils de l'esclave qui devait être chassé hors de la maison d'Abraham (Genèse, 21 : 10-12), et n'aura tenu compte l'Épouse légitime ? Il aura tant honoré l'ombre, et il abandonnera le corps ? O que ce serait bien pour néant que tant et tant de promesses auraient été faites de la perpétuité de cette Église.

C'est de l'Église que le Psalmiste chante : " Dieu l'a fondée en éternité " (Psaumes, 43 : 8) ; Son trône (il parle de l'Église, trône du Messie, fils de David, en la personne du Père éternel) sera comme le soleil devant moi, et comme la lune parfaite en éternité, et le témoin fidèle au ciel (Psaumes, 88 : 37); " Je mettrai sa race dans les siècles des siècles et son trône comme les jours du ciel ", c'est-à-dire autant que le ciel durera (Psaumes, 88 : 30); Daniel l'appelle Royaume qui ne se dissipera point éternellement (Daniel, 2 : 44), l'Ange dit à Notre-Dame que ce royaume n'aurait point de fin (Luc, 1 : 33), et parle de l'Église comme nous le prouvons ailleurs (de la visibilité de l'Église art 1); Isaïe n'avait-il pas prédit (53 : 10) en cette façon de Notre Seigneur : S'il met et expose sa vie pour le péché il verra une longue race, c'est-à-dire, de longue durée ? Et ailleurs (61 : 8) : " Je ferai une alliance perpétuelle avec eux "; après (vers 9) : Tous ceux qui les verront (il parle de l'Église visible) les connaîtront ?

Mais, je vous prie, qui a baillé charge à Luther et Calvin de révoquer tant de saintes et solennelles promesses que Notre Seigneur a faites à son Église, de perpétuité ?

N'est-ce pas Notre Seigneur qui, parlant de l'Église, dit que les portes d'enfer ne prévaudront point contre elle (Matthieu, 16 : 18) ? Et comment vérifiera-t-on cette promesse si l'Église a été abolie mille ans ou plus ?

Et ce doux adieu que Notre Seigneur dit à ses Apôtres : " Ecce ego vobiscum sum usque ad consummationem seculi ", comment l'entendrons-nous si nous voulons dire que l'Église puisse périr ?

Mais voudrions-nous bien casser la belle règle de Gamaliel qui, parlant de l'Église naissante, usa de ce discours : Si ce conseil ou cette œuvre est des hommes, elle se dissipera, mais si elle est de Dieu, vous ne saurez la dissoudre ?

L'Église n'est ce pas l'œuvre de Dieu ?

Et comment donc dirions-nous qu'elle soit dissipée ? Si ce bel arbre ecclésiastique avait été planté de main d'homme, j'avouerais aisément qu'il pourrait être arraché, mais ayant été planté de si bonne main qu'est celle de Notre Seigneur, je ne saurais conseiller à ceux qui entendent crier à tous propos que l'Église avait péri, sinon ce que dit Notre Seigneur : Laissez-là ces aveugles, car toute plante que le Père céleste n'a pas plantée sera arrachée (Matthieu, 15 : 13-14), mais celle que Dieu a plantée ne sera point arrachée.

Saint Paul dit que tous doivent être vivifiés chacun en son ordre; les prémices ce sera Christ, puis ceux qui sont de Christ, puis la fin; entre Christ et les siens, à savoir l'Église, il ni a rien d'entre deux, car montant au ciel il les a laissés en terre, entre l'Église et la fin il ni a point d'entre deux, d'autant qu'elle devait durer jusqu'à la fin.

Quoi ? Ne fallait-il pas que Notre Seigneur régnât au milieu de ses ennemis jusqu'à ce qu'il eut mis sous ses pieds et assujetti tous ses adversaires (Psaumes, 109 : 1, 2 et 3; 1 Corinthiens, 15 : 25) ? Et comment s'accompliront ces autorités si l'Église, Royaume de Notre Seigneur, avait été perdue et détruite ? Comment régnerait-il sans royaume, et comme régnerait-il parmi ses ennemis s'il ne régnait pas ici-bas sur le monde ?

Mais, je vous prie, si cette Épouse fut morte après que du côté de son Époux endormi sur la Croix elle eut premièrement la vie, si elle fut morte, dis-je, qui l'eut ressuscitée ? Ne sait-on pas que la résurrection des morts n'est pas moindre miracle que la création, et beaucoup plus grand que la continuation et conservation ?

Ne sait-on pas que la reformation de l'homme est un bien plus profond mystère que la formation, et qu'en la formation Dieu dit, et il fut fait (Psaumes, 148 : 5) ? Il inspira l'âme vivante (Genèse, 2 : 7), et il ne l'eut pas si tôt inspirée que ce céleste homme commença à respirer; mais en la reformation Dieu employa trente-trois ans, sua le sang et l'eau, mourut même sur cette reformation. Et qui donc sera si osé de dire que cette Église est morte, il accuse la bonté, la diligence et le savoir de ce grand réformateur, et qui se croit être le réformateur ou "ressuscitateur" de celle-ci, il s'attribue l'honneur dû à un seul Jésus-Christ, et se fait plus qu'Apôtre.

Les Apôtres n'ont pas remis l'Église en vie, mais la lui ont conservée par leur ministère après que Notre Seigneur l'eut établie; qui donc dit que l'ayant trouvé morte il l'a ressuscitée, à votre avis ne mérite-t-il pas d'être assis sur le trône de témérité ?

Notre Seigneur avait mis le saint feu de sa charité au monde (Luc, 12 : 49), les Apôtres avec le souffle de leur prédication l'avaient accru et fait courir par tout le monde : on dit qu'il était parmi les eaux d'ignorance et d'iniquité; qui pourra le rallumer ?

Le souffler ne sert de rien, et quoi donc ? Il faudrait peut-être rebattre de nouveau avec les clous et la lance sur Jésus-Christ, pierre vivante, pour en faire sortir un nouveau feu, ou s'il suffira que Calvin ou Luther soient au monde pour le rallumer ?

Ce serait bien en vérité des troisièmes Elie, car ni Elie ni saint Jean-Baptiste n'en firent jamais autant; ce serait bien laisser tous les Apôtres en arrière, qui portèrent bien ce feu par le monde, mais ils ne l'allumèrent pas.

" O voix impudente ", dit saint Augustin contre les Donatistes : " l'Église ne sera pas par ce que tu ni es point ? ".

" Non, non ", dit saint Bernard, " les torrents sont venus, les vents ont soufflé (Matthieu, 7 : 25) et l'ont combattue, elle n'est point tombée parce qu'elle était fondée sur la pierre, et la pierre était Jésus-Christ (1 Cor 10, 4) ".

Et n'est-ce pas la même chose de dire que l'Église a manqué ou de dire que tous nos devanciers sont damnés ? Oui, pour vrai, car hors de la vraie Église il ni à point de salut, hors de cette Arche tout le monde se perd. O quel contre change on fait à ces bons Pères qui ont tant souffert pour nous préserver l'héritage de l'Évangile, et maintenant, outrecuidants que sont les enfants, on se moque des Pères, on les tient pour fous et insensés.

Je veux conclure cette preuve avec saint Augustin, et parler à vos ministres :

" Que nous apportes-vous de nouveau ? Faudra-il encore une fois semer la bonne semence, puisque dès qu'elle est semée elle croît jusqu'a la moisson (Matthieu, 13 : 30-43) ? Si vous dites être partout perdue celle que les Apôtres avaient semée, nous vous répondons : lisez-nous ceci dans les Saintes Écritures, ce que pour vrai vous ne lirez jamais que premièrement vous ne nous montriez être faux ce qui est écrit, que la semence qui fut semée au commencement croîtrait jusqu'au temps de la moisson. La bonne semence ce sont les enfants du Royaume, la zizanie sont les mauvais, la moisson c'est la fin du monde (vers 38 et suiv.). Ne dites pas donc que la bonne semence est abolie ou étouffée, car elle croît jusqu'à la consommation des siècles ".

     

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 L'Eglise ne peut pas périr par Abbé Néri  (2012-06-20 17:32:58)
      Merci, Monsieur l'abbé ! par Armavir  (2012-06-20 18:13:46)
          Comme son Maître par Jean-Paul PARFU  (2012-06-20 19:25:04)
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                  L'Eglise ne meurt pas comme un corps humain par Jean-Paul PARFU  (2012-06-20 19:55:55)
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                  Je n'irai pas jusque-là monsieur l'abbé ! par Jean-Paul PARFU  (2012-06-20 22:13:30)
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          Oui, mais Dieu est fidèle à ses promesses par Vianney  (2012-06-21 08:29:11)
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