Sa vie se confond avec les pages d'un livre d'histoire.
L'histoire littéraire, d'abord. "La 317e section", roman largement autobiographique, révélera en 1963 ce que fut l'enfer de l'Indochine, où il servit comme cameraman au Service cinématographique des armées. Six ans plus tard, L'Adieu au roi décrochera un prix Interallié, et Le crabe tambour le grand prix du roman de l'Académie française en 1976.
De nombreux ouvrages portent ses préfaces percutantes et enthousiastes !
L'histoire journalistique ensuite. Schoendoerffer aurait pu être le fils de Joseph Kessel et d'Albert Londres. En Indochine, il filme les horreurs et les misères des combats, au Maroc, puis pendant la guerre d'Algérie, il est des deux côtés des barricades, avant de revenir au Vietnam pour se mêler aux GI américains, et plus tard en Afghanistan. À chaque fois, les sans-grade, les hommes de troupe l'intéressent plus que les officiers galonnés.
L'histoire cinématographique également. Schoendoerffer fait partie du club très fermé des Français oscarisés. En 1965, son documentaire La section Anderson est couronné par Hollywood. En 1978, Le crabe tambour décroche trois césars. Plus ou moins directement, Francis Ford Coppola dans Apocalypse Now et Oliver Stone dans Platoon feront référence à leur cousin français, dont ils reconnaissent la maestria. Viendra ensuite (en 1982) L'honneur d'un capitaine, inspiré de la guerre d'Algérie avec Jacques Perrin, Nicole Garcia, Georges Wilson, Charles Denner et Claude Jade.
"Homme libre"
Politiquement, Schoendoerffer fut souvent pris entre deux feux. La gauche lui reprochera d'avoir combattu pour maintenir "l'empire français", tandis que la droite le trouvera un peu trop cosmopolite. Il en souffrit silencieusement, maugréant de temps à autre dans sa maison du pays bigouden, où il passait le plus clair de son temps. Très tôt, ce natif de Chamalières, terre d'élection de Valéry Giscard d'Estaing dans le Puy-de-Dôme, fut fasciné par la mer, son immensité et sa férocité.
Il fit sien ce vers de Charles Baudelaire : "Homme libre, toujours tu chériras la mer." Pour le tournage du Crabe tambour, il embarqua toute l'équipe du film à bord d'un bateau de la marine française qui croisa sept semaines durant dans l'Atlantique nord.
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