Cher Akula, comptez sur mes prières pour vous et vos parents.
Je me permets de vous adresser ci-dessous quelques lignes extraits du dernier livre du Père Zanotti-Sorkine, où il parle de la nécessité - et de la beauté - des derniers sacrements le moment venu.
La Mouette
"En ces mois crucifiants - car il n’est pas facile de voir descendre dans la tombe les êtres aimés, bien que nous sachions par la foi qu’ils montent ! […] Que la grâce puisse fortifier l’âme et donner au corps en écho une secousse salutaire. Car c’est de la pure folie, quand on est catholique, de laisser mourir les nôtres sans le secours des sacrements. Le démon prétexte la peur pour empêcher le prêtre de pénétrer dans la chambre bientôt mortuaire. Il sait, lui, l’inventeur des ténèbres, le créateur de l’angoisse, ce qu’il ôte à l’âme en agitant le spectre de la prétendue peur. « Mon Père, ne venez pas! Il va s’affoler, il va penser qu’il n’en a plus pour longtemps ; il ne faudrait pas que ça le démoralise ! » Voilà ce que l’on entend sortir de la bouche de chrétiens qui ne le sont plus. Ceux-ci ne regardent désormais que l’aspect psychologique des choses au détriment de l’action du sacrement lui-même ; et par ce fait, la plus grande majorité des hommes meurt ainsi – à la païenne – sans secours divin. […] Souvent, pour ne pas dire toujours, on pousse, cette fois-ci sans crainte de les effrayer, nos vieux parents à mettre en ordre leurs affaires temporelles de manière à ce que la succession se déroule au mieux et que personne ne soit lésé, mais les affaires de leur âme, on s’en fiche. On est fou! [...] Avant de considérer les derniers sacrements – absolution, extrême-onction, communion – comme un passeport tamponné au poste-frontière de la douane du Ciel donnant droit à un libre passage, il faut les regarder comme trois occasions fabuleuses pour remettre entre les mains de Dieu le passé, le présent et, bien sûr, l’avenir. Le passé avec ses inévitables péchés, ses culpabilités, ses remords, est détruit par l’absolution ; le présent, avec son état de déréliction, d’angoisse et de mort avançant à petits pas, est fortifié par l’extrême-onction ; l’avenir, avec en plein Ciel, la vision du Corps crucifié, immolé et glorieux du Christ, est déjà étreint dans la sainte communion. Que demande le peuple de Dieu, du pape au dernier baptisé ? Quoi de meilleur dès ici-bas ? Sur les derniers mètres, l’Eglise et sa grâce fondent sur vous, redistribuent les cartes, mettent entre vos mains la possibilité d’une mise à plat in extremis du pauvre moi sacrément tiré à hue et à dia durant la vie. Assuré de la compassion, de l’indulgence, de la tendresse de Dieu, qui viennent de tomber sous la main du prêtre qui absout, sous l’onction d’huile sainte qui adoucit les plaies, et par le don de la sainte hostie, le voyage s’annonce paisible en première classe. Quant à l’enfer – il faut bien que le démon dorme quelque part !- , j’en suis effondré, mais je dois vous dire que la souffrance éternelle qu’il promet peut s’ouvrir devant certaines âmes qui, sans aucune circonstance atténuante de quelque ordre que ce soit, choisiraient dès ici-bas le camp de la méchanceté et de l’opposition haineuse envers Dieu. En tout cas, ce qui est certain, c’est que du côté du Père céleste, c’est l’attente inconditionnelle en paradis de chacun de ses enfants." (Michel-Marie Zanotti-Sorkine, "Homme et prêtre", pp.382-385)