Christ en majesté (Conques [Aveyron], tympan de la basilique)
Dimanche 6 Novembre 2011
VINGT-ET-UNIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE
(TROISIÈME DE NOVEMBRE)
<b>I. BRÉVIAIRE ROMAIN</b> (1568-1960)
(Ce dimanche, on prend les leçons des deux premiers nocturnes au 3° dimanche de Novembre)
Premier Nocturne
<img src="http://nsa27.casimages.com/img/2011/11/05/111105032245445527.jpg">
Michel-Ange, le Prophète Daniel
Commencement du livre de Daniel, le Prophète (ch. 1)
Leçon i
(vv. 1-4) En la troisième année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint à Jérusalem et l’assiégea. Et le Seigneur livra en sa main Joakim, roi de Juda, et une partie des vases de la maison de Dieu; et il les emporta dans la terre de Sennaar, dans la maison de son dieu, et il mit les vases dans la maison du trésor de son dieu. Et le roi dit à Asphénez, préposé des eunuques, de choisir d’entre les fils d’Israël, et de la race des rois, et des princes, de jeunes hommes qui fussent sans aucun défaut, d’une belle apparence, et instruits en toute sagesse, habiles dans les sciences et dans les arts, et qui pussent demeurer dans le palais du roi, afin qu’il leur apprît les lettres et la langue des Chaldéens.
Leçon ii
(vv. 5-9) Et le roi établit qu’on les nourrirait chaque jour de ses propres mets et [qu’ils boiraient] du vin dont il buvait lui-même, afin qu’étant [ainsi] nourris pendant trois ans, ils pussent ensuite demeurer en présence du roi. Or, entre ces jeunes hommes, il se trouva des enfants de Juda, Daniel, Ananias, Misaël et Azarias. Et le préposé des eunuques leur donna des noms, [appelant] Daniel, Baltassar; Ananias, Sidrach; Misaël, Misach; et Azarias, Abdénago. Mais Daniel résolut dans son cœur de ne se point souiller par [les mets de] la table du roi, et par le vin dont il buvait, et il demanda au préposé des eunuques de ne se point souiller. Or Dieu fit trouver à Daniel grâce et faveur devant le prince des eunuques.
Leçon iii
(vv. 10-15) Et le prince des eunuques dit à Daniel: «Moi je crains mon seigneur le roi, qui a déterminé pour vous les mets et le vin; or, s’il voit vos visages plus maigres que ceux des autres jeunes hommes de votre âge, vous livrerez ma tête à la condamnation du roi.» Et Daniel dit à Malasar, que le prince des eunuques avait établi sur Daniel, Ananias, Misaël et Azarias: «Éprouvez, je vous prie, vos serviteurs dix jours, et qu’on nous donne des légumes à manger et de l’eau à boire; et [après cela] regardez nos visages, et les visages des jeunes hommes qui se nourrissent des mets du roi; et selon que vous aurez vu, vous agirez avec vos serviteurs. Celui-ci, ayant entendu de telles paroles, les éprouva pendant dix jours. Mais après dix jours, leurs visages parurent meilleurs et d’un embonpoint plus grand que celui de tous les jeunes hommes qui mangeaient des mets du roi.
Deuxième Nocturne
Du livre de saint Athanase, évêque, Aux Vierges
(6-7. Texte grec et trad. latine: PG 28, 257-260)
Leçon iv
Si quelques-uns te viennent dire de ne pas jeûner si souvent, de peur de nuire à la santé, ne les crois pas et n’écoute point leur conseil. Car c’est l’ennemi qui, par eux, te suggère cela. Souviens-toi de ce que l’Écriture nous raconte de Daniel, des trois jeunes gens et des autres du même âge, emmenés captifs à Babylone par le roi Nabuchodonosor. Il avait ordonné qu’on leur servît des viandes de sa table et qu’on leur fît boire de son vin. Mais Daniel et ses trois compagnons ne voulurent pas se souiller en mangeant des viandes qui venaient de la table du roi. Ils dirent à l’eunuque chargé de pourvoir à leurs besoins: «Donnez-nous des produits de la terre, et nous serons parfaitement nourris.» L’eunuque leur répondit: «Moi, je crains le roi, qui a réglé pour vous le boire et le manger; et s’il trouve que vous avez moins bon visage que les autres jeunes gens, nourris des mets de sa table, j’ai peur qu’il me punisse.»
Leçon v
Ils lui répliquèrent: «Faites une épreuve, et donnez-nous des légumes pendant dix jours.» Et il leur donna des légumes à manger et de l’eau à boire, après quoi il les introduisit en présence du roi; et leur visage parut plus beau que celui des autres jeunes gens, qu’on nourrissait des viandes de la table royale. Vois-tu les effets du jeûne? Il guérit les maladies, il assainit le corps, il met en fuite les démons, il chasse les mauvaises pensées, il éclaire l’esprit et purifie le cœur, il sanctifie le corps, enfin il porte l’homme jusqu’au trône de Dieu; et ne t’imagine pas que je parle témérairement du jeûne: tu as dans l’Évangile le témoignage que le Sauveur en a rendu. Car ses disciples lui ayant demandé comment ils pourraient chasser les démons impurs, notre Seigneur répondit: «Ce genre de démons ne se chasse que par la prière et le jeûne» (<i>Mt</i> 17, 20).
Leçon vi
Si quelqu’un donc est tourmenté par l’esprit impur, qu’il tienne compte de ces paroles et qu’il emploie ce remède, je veux dire le jeûne, et aussitôt l’esprit malin refoulé, s’éloignera, redoutant la puissance du jeûne. Rien ne plaît tant aux démons que l’excès du boire et du manger et les aises du corps. Il y a une grande force dans le jeûne, et par lui s’accomplissent de grandes et admirables choses. Du reste, comment des hommes pourraient-ils faire des actions si merveilleuses et opérer des prodiges, et pourquoi Dieu rendrait-il par eux la santé aux malades, si ce n’est évidemment en raison de leurs pratiques spirituelles, de leur humilité d’esprit et de leur sainte vie? Car le jeûne est la nourriture des Anges, et qui s’en nourrit doit être regardé comme étant lui-même de l’ordre angélique.
Troisième Nocturne
Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu
(ch. XVIII, 23-35.
Texte du <i>Lectionnaire</i> de 1964-65)
Leçon vii
En ce temps-là,
Jésus dit à ses disciples cette parabole:
«Le Royaume des Cieux est comparable
à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
Il commençait de le faire,
quand on lui amena un serviteur
qui lui devait dix mille talents.
Comme il n’avait pas de quoi rembourser,
le maître ordonna de le vendre,
lui, sa femme, ses enfants, et tous ses biens,
en remboursement de sa dette.
Tombant alors à ses pieds,
le serviteur se prosterna en disant:
“Sois patient avec moi, et je te rembourserai tout.”
Pris de compassion,
le maître de ce serviteur le laissa partir,
et il lui remit sa dette.
Or, en sortant, ce serviteur rencontra un de ses collègues
qui lui devait cent deniers; il l’empoigna, et il l’étranglait en disant:
“Rembourse ce que tu dois.”
Tombant alors à ses pieds,
son collègue le suppliait en disant:
“Sois patient avec moi et je te rembourserai tout.”
Mais lui ne voulait pas:
il partit et le fit mettre en prison,
jusqu’à ce qu’il ait remboursé sa dette.
En voyant ce qui était arrivé,
ses collègues furent extrêmement peinés,
et ils allèrent raconter à leur maître tout ce qui était arrivé.
Alors le maitre l’appela et lui dit:
“Serviteur méchant!
je t’ai remis entièrement ta dette,
parce que tu m’avais supplié.
Ne devais-tu pas, toi aussi,
avoir pitié de ton collègue,
comme j’ai eu moi-même pitié de toi?”
Et son maître, en colère, le livra aux bourreaux
jusqu’à ce qu’il ait remboursé tout ce qu’il devait.
C’est ainsi que mon Père du Ciel vous traitera,
si chacun de vous ne pardonne pas à son frère
de tout son cœur.»
Homélie de saint Jérôme, prêtre
(Comm. sur Matthieu 18, 23. 35.
Texte latin et autre trad.: SC 259, 62...65)
Les peuples de Syrie, et plus encore ceux de Palestine, ne parlent presque jamais sans mêler à ce qu’ils disent quelque parabole, de manière à graver dans l’esprit de leurs auditeurs, par des comparaisons et des exemples, ce que le langage ordinaire ne leur aurait pas fait entendre et retenir. Ainsi sous cette parabole du roi et du serviteur, qui, débiteur de dix mille talents, avait obtenu grâce en implorant son maître, le Seigneur avertissait Pierre que lui aussi devait faire grâce à ses frères, débiteurs de dettes moins considérables. Car si ce roi et maître a remis si facilement à un serviteur les dix mille talents qu’il lui devait, à combien plus forte raison les serviteurs doivent-ils remettre de moindres dettes, aux autres serviteurs du même Dieu?
Leçon viii
Pour plus de clarté, donnons un exemple. Quelqu’un de nous a-t-il commis l’adultère, l’homicide, le sacrilège, de plus grands crimes encore, équivalant à dix mille talents, ils lui seront pardonnés à sa prière, pourvu que, de son côté, il pardonne à ceux qui en auront commis de moindres. Mais au contraire, nous montrer implacables pour une injure reçue, et refuser toute réconciliation pour une parole amère, n’est-ce pas nous juger nous-mêmes dignes de la prison, et notre manière d’agir n’a-t-elle pas pour effet d’empêcher que nos fautes bien plus graves nous soient pardonnées?
Leçon ix
«C’est ainsi que vous traitera aussi mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne à son frère du fond de son cœur.» Sentence effrayante: Dieu nous traite suivant les dispositions de notre cœur; si nous ne pardonnons pas à nos frères des offenses toujours petites, Dieu ne nous pardonnera pas nos grands péchés. Et comme chacun pourrait dire: je n’ai rien contre un tel, il le sait; il en a Dieu pour juge, peu m’importe ce qu’il prétend faire, pour moi je lui ai pardonné: Je Seigneur insiste et renverse tout cet échafaudage, basé sur un pardon purement extérieur et par conséquent fictif, en disant: « Si chacun de vous ne pardonne à son frère du fond du cœur.»
<b>II. BRÉVIAIRE ROMAIN</b> (1961-1969)
VINGT-ET-UNIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE
(TROISIÈME DE NOVEMBRE)
(Ce dimanche, on prend les leçons des deux premiers nocturnes au 3° dimanche de Novembre)
Au Nocturne
Commencement du livre de Daniel, le Prophète (ch. 1)
Leçon i
(vv. 1-4) En la troisième année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint à Jérusalem et l’assiégea. Et le Seigneur livra en sa main Joakim, roi de Juda, et une partie des vases de la maison de Dieu; et il les emporta dans la terre de Sennaar, dans la maison de son dieu, et il mit les vases dans la maison du trésor de son dieu. Et le roi dit à Asphénez, préposé des eunuques, de choisir d’entre les fils d’Israël, et de la race des rois, et des princes, de jeunes hommes qui fussent sans aucun défaut, d’une belle apparence, et instruits en toute sagesse, habiles dans les sciences et dans les arts, et qui pussent demeurer dans le palais du roi, afin qu’il leur apprît les lettres et la langue des Chaldéens.
Leçon ii
(vv. 5-15) Le roi leur assignait une portion journalière des mets du roi et du vin de sa table. Ils seraient éduqués pendant trois ans; après quoi, ils auraient à se tenir devant le roi. Parmi eux, se trouvèrent Daniel, Ananias, Misaël et Azarias, qui étaient des Judéens. Le chef des eunuques leur imposa des noms: Daniel s’appellerait Baltassar, Ananias Shadrac, Misaël Méshac, et Azarias Abed Nego. Daniel, ayant à cœur de ne pas se souiller en prenant part aux mets du roi et au vin de sa table, demanda au chef des eunuques de lui épargner cette souillure. Dieu accorda à Daniel qu’il trouvât auprès du chef des eunuques bienveillance et miséricorde. Mais le chef des eunuques dit à Daniel: «Je redoute Monseigneur le roi: il vous a assigné chère et boisson et, s’il vous voit le visage émacié plus que les enfants de votre âge, c’est moi qui, à cause de vous, serai coupable aux yeux du roi.» Daniel dit alors au garde que le chef des eunuques avait assigné à Daniel, Ananias, Misaël et Azarias: «Je t’en prie, mets tes serviteurs à l’épreuve pendant dix jours: qu’on nous donne des légumes à manger et de l’eau à boire. Tu verras notre mine et la mine des enfants qui mangent des mets du roi, et tu feras de tes serviteurs selon ce que tu auras vu.» Il consentit à ce qu’ils lui demandaient et les mit à l’épreuve pendant dix jours. Au bout de dix jours, ils avaient la mine plus belle et la chair plus saine que tous les enfants qui mangeaient des mets du roi.
Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu
(ch. XVIII, 23-35.
Texte du <i>Lectionnaire</i> de 1964-65)
Leçon iii
En ce temps-là,
Jésus dit à ses disciples cette parabole:
«Le Royaume des Cieux est comparable
à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
Il commençait de le faire,
quand on lui amena un serviteur
qui lui devait dix mille talents.
Comme il n’avait pas de quoi rembourser,
le maître ordonna de le vendre,
lui, sa femme, ses enfants, et tous ses biens,
en remboursement de sa dette.
Tombant alors à ses pieds,
le serviteur se prosterna en disant:
“Sois patient avec moi, et je te rembourserai tout.”
Pris de compassion,
le maître de ce serviteur le laissa partir,
et il lui remit sa dette.
Or, en sortant, ce serviteur rencontra un de ses collègues
qui lui devait cent deniers; il l’empoigna, et il l’étranglait en disant:
“Rembourse ce que tu dois.”
Tombant alors à ses pieds,
son collègue le suppliait en disant:
“Sois patient avec moi et je te rembourserai tout.”
Mais lui ne voulait pas:
il partit et le fit mettre en prison,
jusqu’à ce qu’il ait remboursé sa dette.
En voyant ce qui était arrivé,
ses collègues furent extrêmement peinés,
et ils allèrent raconter à leur maître tout ce qui était arrivé.
Alors le maitre l’appela et lui dit:
“Serviteur méchant!
je t’ai remis entièrement ta dette,
parce que tu m’avais supplié.
Ne devais-tu pas, toi aussi,
avoir pitié de ton collègue,
comme j’ai eu moi-même pitié de toi?”
Et son maître, en colère, le livra aux bourreaux
jusqu’à ce qu’il ait remboursé tout ce qu’il devait.
C’est ainsi que mon Père du Ciel vous traitera,
si chacun de vous ne pardonne pas à son frère
de tout son cœur.»
Homélie de saint Jérôme, prêtre
(Comm. sur Matthieu 18, 23. 35.
Texte latin et autre trad.: SC 259, 62-63)
Les peuples de Syrie, et plus encore ceux de Palestine, ne parlent presque jamais sans mêler à ce qu’ils disent quelque parabole, de manière à graver dans l’esprit de leurs auditeurs, par des comparaisons et des exemples, ce que le langage ordinaire ne leur aurait pas fait entendre et retenir. Ainsi sous cette parabole du roi et du serviteur, qui, débiteur de dix mille talents, avait obtenu grâce en implorant son maître, le Seigneur avertissait Pierre que lui aussi devait faire grâce à ses frères, débiteurs de dettes moins considérables. Car si ce roi et maître a remis si facilement à un serviteur les dix mille talents qu’il lui devait, à combien plus forte raison les serviteurs doivent-ils remettre de moindres dettes, aux autres serviteurs du même Dieu?
<b>III. COMMENTAIRE PATRISTIQUE DE L’ÉVANGILE DU MISSEL DE 1970-2002</b>
<img src="http://www.artbible.net/3JC/-Mat-25,01_The_ten_girls_Les_dix_jeunes_filles/06%20CODEX%20ROSSANO%20LES%20VIERGES%20SAGES%20ET%20FOLLES.jpg">
Les vierges folles et les vierges sages (Codex Rossano)
TRENTE-DEUXIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(Cycle des Lectures A)
La <i>Liturgia Horarum</i>, c’est-à-dire le nouveau bréviaire romain, ne donne pas de commentaire de l’évangile de chaque dimanche, contrairement à la tradition. Le passage de ce dimanche (<i>Mt</i> 25, 1-13) se trouve, dans les éditions du <i>Missel Romain antérieures à 1970, au Commun des Vierges. On a donc donné ci-après le commentaire du <i>Bréviaire Romain</i> en vigueur jusqu’en 1969.
<b>Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu</b>
(ch. XXV, 1-13.
Version liturgique officielle)
Jésus parlait à ses disciples de sa venue;
il disait cette parabole:
«Le Royaume des cieux sera comparable
à dix jeunes filles invitées à des noces,
qui prirent leur lampe
et s’en allèrent à la rencontre de l’époux.
Cinq d’entre elles étaient insensées,
et cinq étaient prévoyantes:
les insensées avaient pris leur lampe sans emporter d’huile,
tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, de l’huile en réserve.
Comme l’époux tardait,
elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre:
“Voici l’époux! Sortez à sa rencontre.”
Alors toutes ces jeunes filles
se réveillèrent et préparèrent leur lampe.
Les insensées demandèrent aux prévoyantes:
“Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.”
Les prévoyantes leur répondirent:
“Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous;
allez plutôt vous en procurer chez les marchands.”
Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva.
Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui
dans la salle des noces et l’on ferma la porte.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivent à leur tour
et disent: “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous!”
Il leur répondit: “Amen, je vous le dis: je ne vous connais pas.”
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.»
Homélie de saint Grégoire le Grand
(Homélies sur les Évangiles 12, n. 1.
Texte latin et autre trad.: SC 485, 279-281)
Je vous recommande souvent, mes très chers frères, de fuir le mal et de vous préserver de la corruption du monde; mais aujourd’hui la lecture du saint Évangile m’oblige à vous dire de veiller avec beaucoup de soin à ne pas perdre le mérite de vos bonnes actions. Prenez garde que vous ne recherchiez dans le bien que vous faites, la faveur ou l’estime des hommes, qu’il ne s’y glisse un désir d’être loué, et que ce qui paraît au dehors ne recouvre un fond vide de mérite et peu digne de récompense. Voici que notre Rédempteur nous parle de dix vierges, il les nomme toutes vierges et cependant toutes ne méritèrent pas d’être admises au séjour de la béatitude, car tandis qu’elles espéraient recueillir de leur virginité une gloire extérieure, elles négligèrent de mettre de l’huile dans leurs vases.
Il nous faut d’abord examiner ce qu’est le royaume des Cieux, ou pourqui il est comparé à dix vierges, et encore quelles sont les vierges prudentes et les vierges folles. Puisqu’il est certain qu’aucun réprouvé n’entrera daus le royaume des cieux, pourquoi nous dit-on qu’il est semblable à des vierges parmi lesquelles il y en a de folles? Mais nous devons savoir que l’Église du lemps présent est souvent désignée dans le langage sacré sous le nom de royaume des cieux; d’où vient que le Seigneur dit en un autre endroit: «Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son royaume tous les scandales» (Mt 13, 41). Certes, ils ne pourraient trouver aucun scandale à enlever, dans ce royaume de la béatitude, où se trouve la plénitude de la paix.
L’âme humaine subsiste dans un corps doué de cinq sens. Le nombre cinq, multiplié par deux, donne celui de dix. Et parce que la multitude des fidèles comprend l’un et l’autre sexe, la sainte Église est comparée à dix vierges. Comme, dans cette Église, les méchants se trouvent mêlés avec les bons et ceux qui seront réprouvés avec les élus, ce n’est pas sans raison qu’on la dit semblable à des vierges, dont les unes sont sages et les autres insensées. Il y a, en effet, beaucoup de personnes chastes qui veillent sur leurs passions quant aux choses extérieures et sont portées par l’espérance vers les biens intérieurs; elles mortifient leur chair et aspirent de toute l’ardeur de leur désir vers la patrie d’en haut; elles recherchent les récompenses éternelles, et ne veulent pas recevoir pour leurs travaux dc louanges humaines: celles-ci ne mettent assurément pas leur gloire dans les paroles des hommes, mais la cachent au fond de leur conscience. Et il en est aussi plusieurs qui affligent leur corps par l’abstinence, mais attendent de cette abstinence même des applaudissements humains.
<b>Oraison</b>
(=MR 1962: XIX° dimanche après la Pentecôte)
Omnípotens et miséricors Deus,
univérsa nobis adversántia propitiátus exclúde,
ut, mente et córpore páriter expedíti,
quæ tua sunt líberis méntibus exsequámur.
Per Dóminum...
Traduction de Dom Lefebvre (1950)
Dieu tout-puissant et miséricordieux,
éloignez, dans votre bonté,
tout ce qui peut nous nuire,
afin que, dégagés d’âme et de corps,
nous puissions, d’un cœur libre,
vous servir sans contrainte.
Par Jésus-Christ...