Le 24 Octobre
S. RAPHAËL, ARCHANGE
. Bref historique du culte liturgique
La fête de saint Raphaël, archange, déjà célébrée en certains lieux en 1850, a été inscrite au Calendrier Romain par Benoît XV en 1921 (Décret de la S. C. des Rites du 26 oct. 1921 : AAS 13 [1921] 543-544) a été regroupée avec celle de saint Michel et de saint Gabriel, le 29 septembre, lors de la réforme du Calendrier promulguée le 14 févr. 1969 (Paul VI, Motu proprio Mysterii paschalis: AAS 61 [1969] 222-226; cf. Calendarium Romanum, Romae, 1969, pp. 104 et 143).
<b>I. BRÉVIAIRE ROMAIN (1921-1960)</b>
<i><b>A Matines</i></b>
Hymne
Christe, sanctórum decus Angelórum,
gentis humánæ sator et redémptor,
cǽlitum nobis tríbuas beátas
scándere sedes.
O Christ, gloire des saints anges,
du genre humain auteur et rédempteur,
accordez-nous de monter aux heureuses demeures
des habitants du ciel.
Angelus nostræ médicus salútis
adsit e cælo Ráphael, ut omnes
sanet ægrótos, dubiósque vitæ
dírigat actus.
Que l’ange médecin de notre salut,
Raphaël, nous assiste du haut du ciel,
pour guérir tous les malades et diriger
les actes incertains de notre vie.
Virgo dux pacis, Genetríxque lucis,
et sacer nobis chorus Angelórum
semper assístat, simul et micántis
régia cæli.
Que la Vierge, reine de paix et mère de lumière,
ainsi que le chœur sacré des anges,
nous assistent toujours,
avec la Cour royale du ciel étincelant.
Præstet hoc nobis Déitas beáta
Patris, ac Nati, paritérque Sancti
Spíritus, cuius résonat per omnem
glória mundum. Amen.
Cette grâce, que nous l’accorde
la divinité bienheureuse du Père et du Fils,
et du Saint-Esprit tout ensemble,
dont la gloire retentit par le monde entier. Amen.
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Premier Nocturne
Du livre de Tobie (ch. 12)
Leçon i
(vv. 1-4) Tobie appela vers lui son fils, et lui dit: «Que pouvons-nous donner à cet homme saint, qui est venu avec toi?» Tobie, répondant, dit à son père: «Mon père, quelle récompense lui donnerons-nous? ou qu’est-ce qui pourra être digne de ses bienfaits? Il m’a mené et ramené en bonne santé; c’est lui-même qui a reçu l’argent de Gabélus; lui qui m’a fait avoir ma femme, et qui a écarté d’elle le démon; il a causé de la joie à ses parents, il m’a arraché à un poisson dévorant, il vous a fait voir à vous-même la lumière du ciel, et par lui nous avons été remplis de toute sorte de biens. Que pourrons-nous lui donner de convenable pour cela? Mais je vous prie, mon père, de lui demander, si, par hasard, il juge digne de prendre pour lui la moitié de tout ce qui a été apporté.»
Leçon ii
(vv. 5-13) Et l’appelant, c’est-à-dire le père et le fils, ils le prirent à part, et se mirent à le prier de daigner accepter la moitié de tout ce qu’ils avaient apporté. Alors il leur dit en secret: «Bénissez le Dieu du ciel, et rendez-lui gloire devant tous les vivants, parce qu’il a exercé envers vous sa miséricorde. Car il est bon de cacher le secret d’un roi; mais révéler et publier les œuvres de Dieu, c’est une chose honorable. La prière est bonne avec le jeûne, et l’aumône vaut mieux que de tenir cachés des trésors d’or, parce que l’aumône sauve de la mort, et c’est elle qui lave les péchés et fait trouver la miséricorde et la vie éternelle. Mais ceux qui commettent le péché et l’iniquité sont les ennemis de leur âme. Je vous manifeste donc la vérité, et je ne vous cacherai point une chose qui est secrète. Quand tu priais avec larmes, que tu ensevelissais les morts, que tu laissais ton repas, que tu cachais les morts durant le jour en ta maison, et que, durant la nuit, tu les ensevelissais, c’est moi qui ai présenté ta prière au Seigneur. Et parce que tu étais agréable au Seigneur, il a été nécessaire que la tentation t’éprouvât.
Leçon iii
(vv. 14-22) Et maintenant le Seigneur m’a envoyé pour te guérir, et pour sauver Sara, la femme de ton fils, du démon. Car je suis l’Ange Raphaël, l’un des sept qui nous tenons devant le Seigneur.» Et, lorsqu’ils eurent entendu ces paroles, ils furent troublés, et, tremblants, ils tombèrent à terre sur leur face. Et l’Ange leur dit: «Paix à vous! ne craignez point. Car lorsque j’étais avec vous, c’est par la volonté de Dieu que j’y étais: bénissez-le et chantez-le. Je paraissais, il est vrai, manger avec vous et boire; mais moi, c’est d’une nourriture invisible et d’une boisson qui ne peut être vue par les hommes que je fais usage. Il est donc temps que je retourne vers celui qui m’a envoyé; mais vous, bénissez Dieu, et racontez toutes ses merveilles.» Et, lorsqu’il eut dit ces choses, il fut enlevé de leur présence, et ils ne purent plus le voir. Alors, prosternés pendant trois heures sur leur face, ils bénirent Dieu, et, s’étant levés, ils racontèrent toutes ses merveilles.
Deuxième Nocturne
Sermon de saint Bonaventure, évêque
(5° sermon sur les SS. Anges, n° 2.
Texte latin: <i>Opera omnia</i> 9 [1901], 625-626)
Leçon iv
Le nom de Raphaël veut dire médecine de Dieu. Et nous devons remarquer qu’on peut être retiré du mal par trois bienfaits que saint Raphaël nous accorde quand il nous guérit. D’abord Raphaël, le médecin [céleste], nous arrache à l’infirmité spirituelle en nous amenant à l’amertume salutaire de la contrition, à laquelle se rapporte ce que Raphaël dit à Tobie: «Dès que tu seras entré dans ta maison, oins ses yeux avec du fiel.» Il le fit et son père recouvra la vue. Pourquoi ne dut-ce point être Raphaël lui-même qui fît cette onction? Parce qu’un Ange ne donne point la componction; son rôle est d’en montrer la voie. En ce fiel nous voyons donc l’image de l’amertume de la contrition, laquelle rend sains les yeux intérieurs de l’âme; un psaume nous dit: «Il guérit ceux qui sont contrits de cœur» (Ps 146, 3). Cette contrition est un collyre excellent. Au deuxième chapitre du livre des Juges, il est raconté que l’Ange monta auprès de ceux qui versaient des larmes et dit au peuple: «Je vous ai retirés de la terre d’Égypte; j’ai accompli pour vous tant et tant de choses bonnes, et tout le peuple pleura de telle sorte que ce lieu fut appelé le lieu de ceux qui pleurent» (Jg 2, 1). Mes très chers, les Anges nous parlent tout le long du jour des bienfaits de Dieu et nous les remettent en mémoire: Ils semblent nous dire: «Qui t’a créé? Qui t’a racheté? Qu’as-tu fait? Qui as-tu offensé?» Or, si nous nous arrêtons à considérer ce qui en est, nous ne trouverons d’autre remède que de pleurer.
Leçon v
Secondement, [saint] Raphaël nous arrache à la servitude du diable quand il fait pénétrer en nous le souvenir de la passion du Christ en figure de laquelle il est dit au sixième chapitre de Tobie: «Si tu mets une parcelle de son cœur sur des charbons ardents, la fumée qui s’en dégagera mettra en fuite la race des démons» (Tob 2, 8). En effet, Raphaël relégua le démon dans un désert de la haute Égypte. Qu’est ceci? Raphaël n’aurait pu éloigner le démon s’il n’avait mis le cœur sur des charbons ardents? Est-ce le cœur d’un poisson qui donnait à l’Ange tant de pouvoir? Nullement. Il serait demeuré sans aucune vertu s’il n’y avait eu ici un mystère. Par ce fait il nous est donné à entendre que rien aujourd’hui ne nous délivre de la servitude du diable comme la passion du Christ, et que cette passion procède de son cœur comme d’une racine, c’est-à-dire qu’elle est le fruit de son amour. Le cœur est en effet la source de toute notre chaleur vitale. Si donc tu mets le Cœur du Christ, c’est-à-dire la passion qu’il a soufferte et dont la racine est la charité, la source son ardeur, si tu mets ce Cœur divin sur des charbons en le rappelant à ta mémoire et que ton âme s’enflamme, aussitôt le démon sera éloigné, de sorte qu’il ne pourra te nuire.
Leçon vi
Troisièmement l’Archange Raphaël nous délivre de la peine de nous trouver en opposition avec Dieu, peine que nous encourons en offensant ce Dieu; il nous en délivre quand il nous amène à prier avec instance; et à ceci je rapporte ce que l’Ange Raphaël dit à Tobie au douzième chapitre: «Quand tu priais avec larmes, moi j’ai offert ton oraison au Seigneur» (Tob 12, 12). Les Anges nous réconcilient avec Dieu, dans la mesure où ils le peuvent. Nos accusateurs devant Dieu, ce sont les démons. Quant aux Anges, ils nous excusent, lorsqu’ils offrent nos prières, ces prières qu’ils nous ont porté à faire dévotement. On lit au huitième chapitre de l’Apocalypse: «La fumée des parfums s’éleva de la main de l’Ange en présence du Seigneur» (Ap 8, 4). Ces parfums se consumant suavement sont les prières des Saints. Veux-tu plaire au Dieu que tu as offensé? Prie dévotement. Ils offrent à Dieu ta prière pour te réconcilier avec lui. Il est dit en saint Luc que le Christ étant tombé en agonie priait plus instamment et qu’un Ange de Dieu lui apparut le fortifiant (cf. Lc 3, 43-44). Tout cela s’est accompli en notre faveur, car le Sauveur n’avait point besoin d’être fortifié par un messager céleste; mais il en a été ainsi pour montrer que les Anges assistent volontiers ceux qui prient avec piété et volontiers les aident; ils les fortifient et offrent leurs oraisons à Dieu.
Troisième Nocturne
Lecture du saint Évangile selon saint Jean
(ch. V, 1-4.
Texte du <i>Lectionnaire</i> de 1964-65)
Leçon vii
En ce temps-là,
il y eut une fête des Juifs,
et Jésus monta à Jérusalem.
Or, il existe à Jérusalem,
près de la Porte des Brebis,
une piscine appelée en hébreu Béthesda,
et qui a cinq galeries.
Dans ces galeries étaient couchés une multitude d’infirmes:
aveugles, boiteux, perclus,
qui attendaient le bouillonnement de l’eau.
Car l’ange du Seigneur
descendait à certains moments dans la piscine
et l’eau s’agitait.
Or, le premier qui entrait
après que l’eau s’était agitée,
était guéri,
quelle que fût sa maladie.
Homélie de saint Jean Chrysostome, évêque
(Homélie 39 [35] sur s. Jean, 1.
Texte grec: PG 59, 202-204).
En ce passage de l’Évangile [rapportant] le miracle opéré en faveur du paralytique qui attendait le passage de l’ange près de la piscine appelée en hébreu Bethsaïde, à quel mode de guérison est-il fait allusion? Quel mystère nous semble indiqué sous l’écorce du fait historique? Les détails de ce fait n’ont pas été consignés sans motif, mais saint Jean nous annonce comme par une figure et une image ce qui devait s’accomplir dans la suite, de peur que si [la prédication] d’une chose aussi surprenante [qu’un baptême régénérateur] arrivait sans être aucunement attendue, la foi de beaucoup d’auditeurs ne fût jusqu’à un certain point ébranlée. Que signifie donc cette narration? Elle prédit le baptême qui devait être conféré plus tard, plein de vertu et d’une grâce immense; le baptême qui allait laver tous les péchés et rendre des morts à la vie. C’est donc le baptême qui est figuré par la piscine et plusieurs autres symboles. Parmi ceux-ci, le Seigneur a d’abord donné l’eau qui lave les taches corporelles et purifie les souillures, non réelles mais réputées telles provenant de funérailles, de lèpre et d’autres causes. Sous l’ancienne loi, il fallait en bien des circonstances, se purifier par l’eau.
Leçon viii
Mais poursuivons notre sujet. La Providence a donc voulu que l’eau servît en premier lieu à purifier les souillures matérielles, puis à guérir diverses infirmités. Pour nous rapprocher davantage de la grâce du baptême, Dieu ne se contente plus de porter remède aux souillures, mais il guérit aussi les maladies. Soit à propos du baptême, soit à propos de la passion ou de tout autre sujet, les images qui touchent de plus près à la vérité sont plus claires que celles données plus anciennement. Il en est des figures comme des gardes de l’empereur; les plus rapprochés de sa personne sont toujours plus élevés en dignité que les autres. L’Ange descendait dans la piscine Probatique, en agitait l’eau pour lui communiquer une vertu curative: ce qui préparait les juifs à reconnaître à plus fortes raisons, au Seigneur des Anges, le pouvoir de guérir tous les maux de l’âme. Toutefois, de même que les eaux de la piscine ne guérissaient point par elles-mêmes (autrement elles l’eussent toujours fait), mais en vertu de l’action de l’Ange, de même l’eau dans le baptême n’agit pas non plus par elle-même; elle n’efface tous nos péchés que lorsqu’elle a reçu la grâce de l’Esprit.
Leçon ix
Autour de cette piscine «gisait une grande multitude de malades, d’aveugles, de boîteux, de paralytiques attendant que l’eau fût mise en mouvement» (Jn 5, 3). Alors l’infirmité même de chacun d’eux mettait souvent obstacle à sa guérison bien qu’il la voulût. Aujourd’hui il dépend de chacun d’avoir accès à la piscine spirituelle. Ce n’est plus l’ange du Seigneur qui agite les eaux, c’est le Seigneur des Anges qui seul intervient. Nous n’avons plus le droit de dire: «Tandis que je m’avance, un autre descend avant moi.» Car l’univers entier se présentât-il, la grâce n’en serait pas pour cela épuisée, l’action divine n’en aurait pas moins toute son efficacité et n’en demeurerait pas moins toujours la même. Quoique les rayons du soleil nous éclairent chaque jour, ils ne se raréfient point, quoiqu’ils réjouissent bien des regards, ils ne perdent point leur splendeur; ainsi (ou plutôt encore moins) l’action de l’Esprit-Saint n’est pas diminuée par le grand nombre de ceux en qui elle s’exerce. Ce qui arrivait à Bethsaïde avait pour but de préparer ceux qui auraient connaissance de cette vertu de l’eau pour guérir les maladies corporelles et qui seraient familiarisés avec ce spectacle, à croire sans peine que les maux de l’âme sont, eux aussi, susceptibles de guérison.
Pour cette fête simplifiée:
Sermon de saint Bonaventure, évêque
(1° sermon sur les SS. Anges.
Texte latin: <i>Opera omnia</i> 9 [1901], 616-617)
Leçon ix
Les Anges s’abaissent jusqu’à nous, en nous arrachant au péché; ainsi, dans le livre de Tobie, quand Tobie et Sara eurent pleuré, Tobie, sur sa cécité, Sara au sujet du démon qui avait tué ses maris, l’Ange Raphaël leur fut envoyé. Raphaël signifie médecine de Dieu. Voyez comment il est une purification, et de qui? de ceux qui pleurent. Et comment? Par les viscères du poisson éventré. La fumée du foie placé sur des charbons met le démon en fuite, et son fiel éclaircit la vision. Voici ce que cela signifie. Pour que nous soyons guéris par le ministère des Anges, il nous faut la reconnaissance de nos misères, la douleur de nos péchés, et avec cela, le souvenir de la passion du Christ. C’est chose vile d’être aveugle et esclave du démon. Tel est l’état du pécheur, qui a perdu la lumière spirituelle et qui est soumis au démon. Frères, considérez le mystère de notre salut. Les Anges ne peuvent pas nous guérir, s’ils n’ont pas un collyre, en partie reçu de nous en tant qu’il est reconnaissance de nos misères et souvenir de la passion, et en partie reçu du poisson, c’est-à-dire de la charité du Christ. Aussi longtemps que nous sommes occupés à faire pénitence, satisfaisons selon notre pouvoir; et appliquons-nous à ne point encourir de nouvelles infirmités.
. A Laudes
Placáre, Christe, sérvulis,
quibus Patris cleméntiam
tuæ ad tribúnal grátiæ
patróna Virgo póstulat.
Épargnez, ô Christ, vos humbles serviteurs,
pour qui la Vierge, leur patronne,
du Père implore la clémence
près du tribunal de la grâce.
Nobis adésto, Archángele
Dei medélam dénotans:
morbos repélle córporum,
affer salútem méntibus.
Assistez-nous, Archange,
qui vous appelez médecine de Dieu,
écartez les maladies des corps,
apportez aux âmes le salut.
Et vos, beáta per novem
distíncta gyros ágmina,
antíqua cum præséntibus,
futúra damna péllite.
Et vous, bienheureux bataillons
qui vous divisez en neuf chœurs,
chassez, avec les maux présents,
ceux d’hier et ceux de demain.
Auférte gentem pérfidam
credéntium de fínibus,
ut unus omnes únicum
ovíle nos pastor regat.
Chassez la nation incrédule
loin des frontières des croyants,
afin que l’unique Pasteur nous régisse tous,
un unique troupeau.
Deo Patri sit glória,
qui, quos redémit Fílius,
et Sanctus unxit Spíritus,
per Angelos custódiat. Amen.
A Dieu le Père soit la gloire;
que par les anges il garde
ceux que le Fils a rachetés
et que le Saint-Esprit a oints. Amen.
. A Vêpres
Même hymne qu’à Matines.
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<b>II. BRÉVIAIRE ROMAIN (1961-1969)</b>
Mêmes hymnes que ci-dessus.
Au Nocturne
Lectures du Premier Nocturne de l’office ci-dessus.